Il va falloir que ça change
Course lundi, 9 juil. 2007. 16:48 jeudi, 12 déc. 2024. 07:41
Nous avons connu un autre week-end difficile à Toronto. Je vais mettre une chose au clair tout de suite : je ne veux pas remuer des pensées négatives et commencer à chercher des coupables et à pointer des gens du doigt. Ça ne ferait qu'empirer la situation et détruire l'atmosphère de travail chez RSPORTS et ça, c'est la dernière chose que je veux.
Sauf qu'il faut aussi admettre qu'il y a bien des choses à régler au sein de notre équipe.
Encore une fois, en fin de semaine, il y a eu beaucoup trop d'erreurs commises à tous les niveaux. Le système de ravitaillement nous a fait perdre du temps dans les puits, la pression des pneus n'était jamais adéquate On ne peut pas tenir notre bout, avec toute la compétition qu'il y a au sein de la série Champ Car, dans ces conditions. C'est impossible.
Revenons sur l'épreuve de Toronto. Dès le premier tour, au virage numéro 3, je me suis fait rentrer dedans par Simon Pagenaud, avec comme résultat que j'ai été victime d'une crevaison et que j'ai dû entrer aux puits. Ça n'allait déjà pas bien, mais on s'est rendu compte que j'aurais dû rentrer de toute façon tôt ou tard parce que la pression des pneus n'avait pas été correctement ajustée avant la course.
Même problème avec mon nouveau train de pneus. Manque de communication? Confusion? Tout ce que je peux dire, c'est que quand je suis revenu en piste, la voiture glissait de tous bords, tous côtés. L'équipe me disait que le problème serait réglé à mon prochain arrêt. Après la course, mon ingénieur m'a dit que ses consignes n'avaient pas été exécutées.
Malgré tout, la course a pris une tangente qui nous avantageait par la suite. On était plein de carburant et le nombre élevé de drapeaux jaunes regroupait le peloton. À un certain moment, on était septième, en très bonne position pour connaître une bonne fin de course et peut-être même remporter l'épreuve.
Mais la pluie s'est mise à tomber. J'ai fait savoir à mon équipe que je devais rentrer pour changer les pneus, mais on m'a demandé de faire un tour de plus. Je n'ai pas compris exactement pourquoi, mais bon, je suis dans la voiture, je ne me pose pas de questions. C'était peut-être une question de stratégie, peut-être qu'on n'était tout simplement pas prêt à me recevoir.
Il était vraiment temps que je rentre. Me pneus étaient gonflés au maximum, avaient surchauffé, étaient complètement détruits. C'était comme si je roulais sur des ballounes. Et quand on me demande d'attendre, la pluie commence à tomber encore plus fort.
Quand je suis arrivé dans la ligne droite en arrière, j'ai perdu le contrôle et je me suis retrouvé juste à côté d'un mur de pneus, sans dommage. J'étais prêt à décoller, mais Oriol Servia a spinné à la même place que moi et m'est rentré dedans. Je me suis enlisé dans le mur et le temps qu'on nous sorte de là, j'avais perdu deux tours.
Quand je suis finalement rentré pour mettre mes pneus de pluie, il y avait encore un problème au niveau de la pression! Donc, même si tout avait été correct jusque-là, on aurait eu un problème à la fin. À un moment donné, trop, c'est trop.
Paul Tracy a été forcé de rentrer aux puits à Cleveland, mais il a tout de même gagné la course. Pourquoi? Parce que son équipe a été capable d'effacer une erreur commise en début d'épreuve. Tracy a continué de rouler à fond de train et son entourage a fait un travail impeccable jusqu'à la fin. De mon côté, ces petites erreurs s'accumulent et finissent par coûter cher.
Il y a quand même du positif
Je pense que ce n'est pas tout le monde qui se rend compte à quel point la moindre petite chose peut avoir une répercussion sur le résultat final, faire la différence entre un podium et une sixième place. Si chaque membre de l'équipe pouvait comprendre ça - je ne dirais pas prendre le travail plus au sérieux, mais d'être aussi concentré que le pilote - nos résultats seraient bien meilleurs. Le pilote ne peut pas se dire "Je n'ai que trois heures de sommeil dans le corps, je ne me suis pas entraîné, je suis fatigué, mais je vais être capable de suivre". Si tout le monde a fait ses devoirs sauf toi, tu n'as aucune chance.
On va se parler, on va se rencontrer cette semaine. Je vais soulever les problèmes qui arrivent le plus fréquemment et j'ai l'intention de proposer des pistes de solution. Je ne m'en vais pas là uniquement pour chialer. Mes critiques seront constructives, je vais apporter mes idées.
Je ne veux pas qu'on désespère, parce qu'il reste encore une course avant la mi-saison et on a vraiment besoin d'avoir une meilleure deuxième moitié de saison que la première. Je suis capable de tourner la page et je sais que la situation n'est pas encore dramatique. Will Power ne semblait pas vraiment dangereux au classement des pilotes, mais il est tombé troisième avec sa victoire à Toronto. Ce n'est pas la fin du monde. Tout peut changer bien vite.
Surtout que, il faut le souligner, on a fait plusieurs bonnes choses cette année. Tout n'est pas négatif. Je dis chapeau à mes mécanos pour m'avoir toujours donné une voiture fiable. On a réussi à finir toutes les courses dans le Top 10 et dans le premier quart de la saison, on se qualifiait en bonne position.
En fin de semaine, par exemple. On prenait le départ en sixième place, ce qui n'est pas mauvais. Au départ, j'ai passé Pagenaud par l'extérieur et j'étais en train de pointer Junqueira quand je me suis fait rentrer dedans. Ça, c'est le genre d'incidents qui sont hors de notre contrôle. De la pure malchance.
Mais à partir de là, si nous avons des opportunités dans la course pour tourner ça à notre avantage... Il faut rester parfait, mais on ne l'est pas. On accumule trop d'erreurs et c'est impardonnable. Dans ce temps-là, impossible de rivaliser avec les autres. Power a gagné la course sans rien faire de spécial. Il n'a pas passé personne! Il a fait sa petite affaire, n'a pas commis d'erreurs, tout a bien été dans les puits et c'est lui qui voit le drapeau à damiers en premier.
Pour nous, de la façon dont la course s'est déroulée, avec la stratégie qu'on avait, l'occasion ne pouvait être plus belle et on n'a pas été capable de la ramasser. C'est frustrant, c'est dommage. On passe à côté de belles opportunités. Il va vraiment falloir que tout le monde se mette sur la même longueur d'ondes. On a tout ce qu'il faut pour être capable de gagner les épreuves. Il faut maintenant tout mettre ensemble pendant une course complète.
Je suis confiant que tout rentrera dans l'ordre et qu'on va s'améliorer. C'est mieux que ça arrive à ce moment de la saison. Il n'est pas trop tard pour réaliser que ça fait plusieurs podiums qu'on perd. Il est toujours temps de remédier à la situation.
Edmonton dans deux semaines On se reparle d'ici là.
*Propos recueillis par RDS.ca.
Sauf qu'il faut aussi admettre qu'il y a bien des choses à régler au sein de notre équipe.
Encore une fois, en fin de semaine, il y a eu beaucoup trop d'erreurs commises à tous les niveaux. Le système de ravitaillement nous a fait perdre du temps dans les puits, la pression des pneus n'était jamais adéquate On ne peut pas tenir notre bout, avec toute la compétition qu'il y a au sein de la série Champ Car, dans ces conditions. C'est impossible.
Revenons sur l'épreuve de Toronto. Dès le premier tour, au virage numéro 3, je me suis fait rentrer dedans par Simon Pagenaud, avec comme résultat que j'ai été victime d'une crevaison et que j'ai dû entrer aux puits. Ça n'allait déjà pas bien, mais on s'est rendu compte que j'aurais dû rentrer de toute façon tôt ou tard parce que la pression des pneus n'avait pas été correctement ajustée avant la course.
Même problème avec mon nouveau train de pneus. Manque de communication? Confusion? Tout ce que je peux dire, c'est que quand je suis revenu en piste, la voiture glissait de tous bords, tous côtés. L'équipe me disait que le problème serait réglé à mon prochain arrêt. Après la course, mon ingénieur m'a dit que ses consignes n'avaient pas été exécutées.
Malgré tout, la course a pris une tangente qui nous avantageait par la suite. On était plein de carburant et le nombre élevé de drapeaux jaunes regroupait le peloton. À un certain moment, on était septième, en très bonne position pour connaître une bonne fin de course et peut-être même remporter l'épreuve.
Mais la pluie s'est mise à tomber. J'ai fait savoir à mon équipe que je devais rentrer pour changer les pneus, mais on m'a demandé de faire un tour de plus. Je n'ai pas compris exactement pourquoi, mais bon, je suis dans la voiture, je ne me pose pas de questions. C'était peut-être une question de stratégie, peut-être qu'on n'était tout simplement pas prêt à me recevoir.
Il était vraiment temps que je rentre. Me pneus étaient gonflés au maximum, avaient surchauffé, étaient complètement détruits. C'était comme si je roulais sur des ballounes. Et quand on me demande d'attendre, la pluie commence à tomber encore plus fort.
Quand je suis arrivé dans la ligne droite en arrière, j'ai perdu le contrôle et je me suis retrouvé juste à côté d'un mur de pneus, sans dommage. J'étais prêt à décoller, mais Oriol Servia a spinné à la même place que moi et m'est rentré dedans. Je me suis enlisé dans le mur et le temps qu'on nous sorte de là, j'avais perdu deux tours.
Quand je suis finalement rentré pour mettre mes pneus de pluie, il y avait encore un problème au niveau de la pression! Donc, même si tout avait été correct jusque-là, on aurait eu un problème à la fin. À un moment donné, trop, c'est trop.
Paul Tracy a été forcé de rentrer aux puits à Cleveland, mais il a tout de même gagné la course. Pourquoi? Parce que son équipe a été capable d'effacer une erreur commise en début d'épreuve. Tracy a continué de rouler à fond de train et son entourage a fait un travail impeccable jusqu'à la fin. De mon côté, ces petites erreurs s'accumulent et finissent par coûter cher.
Il y a quand même du positif
Je pense que ce n'est pas tout le monde qui se rend compte à quel point la moindre petite chose peut avoir une répercussion sur le résultat final, faire la différence entre un podium et une sixième place. Si chaque membre de l'équipe pouvait comprendre ça - je ne dirais pas prendre le travail plus au sérieux, mais d'être aussi concentré que le pilote - nos résultats seraient bien meilleurs. Le pilote ne peut pas se dire "Je n'ai que trois heures de sommeil dans le corps, je ne me suis pas entraîné, je suis fatigué, mais je vais être capable de suivre". Si tout le monde a fait ses devoirs sauf toi, tu n'as aucune chance.
On va se parler, on va se rencontrer cette semaine. Je vais soulever les problèmes qui arrivent le plus fréquemment et j'ai l'intention de proposer des pistes de solution. Je ne m'en vais pas là uniquement pour chialer. Mes critiques seront constructives, je vais apporter mes idées.
Je ne veux pas qu'on désespère, parce qu'il reste encore une course avant la mi-saison et on a vraiment besoin d'avoir une meilleure deuxième moitié de saison que la première. Je suis capable de tourner la page et je sais que la situation n'est pas encore dramatique. Will Power ne semblait pas vraiment dangereux au classement des pilotes, mais il est tombé troisième avec sa victoire à Toronto. Ce n'est pas la fin du monde. Tout peut changer bien vite.
Surtout que, il faut le souligner, on a fait plusieurs bonnes choses cette année. Tout n'est pas négatif. Je dis chapeau à mes mécanos pour m'avoir toujours donné une voiture fiable. On a réussi à finir toutes les courses dans le Top 10 et dans le premier quart de la saison, on se qualifiait en bonne position.
En fin de semaine, par exemple. On prenait le départ en sixième place, ce qui n'est pas mauvais. Au départ, j'ai passé Pagenaud par l'extérieur et j'étais en train de pointer Junqueira quand je me suis fait rentrer dedans. Ça, c'est le genre d'incidents qui sont hors de notre contrôle. De la pure malchance.
Mais à partir de là, si nous avons des opportunités dans la course pour tourner ça à notre avantage... Il faut rester parfait, mais on ne l'est pas. On accumule trop d'erreurs et c'est impardonnable. Dans ce temps-là, impossible de rivaliser avec les autres. Power a gagné la course sans rien faire de spécial. Il n'a pas passé personne! Il a fait sa petite affaire, n'a pas commis d'erreurs, tout a bien été dans les puits et c'est lui qui voit le drapeau à damiers en premier.
Pour nous, de la façon dont la course s'est déroulée, avec la stratégie qu'on avait, l'occasion ne pouvait être plus belle et on n'a pas été capable de la ramasser. C'est frustrant, c'est dommage. On passe à côté de belles opportunités. Il va vraiment falloir que tout le monde se mette sur la même longueur d'ondes. On a tout ce qu'il faut pour être capable de gagner les épreuves. Il faut maintenant tout mettre ensemble pendant une course complète.
Je suis confiant que tout rentrera dans l'ordre et qu'on va s'améliorer. C'est mieux que ça arrive à ce moment de la saison. Il n'est pas trop tard pour réaliser que ça fait plusieurs podiums qu'on perd. Il est toujours temps de remédier à la situation.
Edmonton dans deux semaines On se reparle d'ici là.
*Propos recueillis par RDS.ca.