Mon séjour au Canada s'est terminé en queue de poisson alors que, pour la première fois de la saison, je n'ai pas réussi à terminer une épreuve à Edmonton en fin de semaine dernière. C'est un peu l'histoire de ma saison qui s'est répétée : un bon résultat était à notre portée jusqu'à ce qu'on se tire dans le pied.

J'étais en sixième place, aux trousses de Graham Rahal et Simon Pagenaud, et j'étais prêt pour mon deuxième arrêt aux puits quand on m'a demandé de faire un autre tour avant d'entrer. Sauf que pendant ce tour, j'ai manqué de carburant et je suis parvenu à retrouver mon équipe de peine et de misère.

Certains ingénieurs au sein de l'équipe insistent pour dire que mon réservoir contenait suffisamment d'essence pour que je rallie la ligne des puits sans aucun problème selon leurs calculs. D'après eux, c'est un problème avec le pickup qui fut la cause de nos malheurs.

Le pickup est un instrument qui se trouve dans le réservoir à essence et qui a pour fonction d'envoyer au moteur le plus de carburant possible quand il arrive à sec. Sur les circuits qui comptent de longs virages avec beaucoup d'appui aérodynamique, le pickup peut être calibré de façon à ce qu'on puisse rouler jusqu'à ce qu'il reste l'équivalent de la moitié d'une canette de liqueur dans le réservoir.

Bref, selon les ingénieurs, j'avais assez d'essence pour faire un tour supplémentaire et c'est le pickup qui n'a pas fait son travail. Pourquoi? Je l'ignore…

Tout ce que je peux dire, c'est qu'encore une fois, on a été victime d'un problème quelconque et c'est ce genre de problème qu'il faudra éliminer au plus vite. Si on ne le fait pas, on ne sera jamais capable de finir dans le Top 3 au championnat ou de finir sur le podium.

En fin de semaine, en course, on avait finalement une voiture, à partir de la séance de réchauffement, assez compétitive pour se battre avec Rahal et Pagenaud, donc pour la troisième marche du podium. On avait complété un tour rapide de 60,3 secondes au 46e tour de la course et ces gars-là ont fait 60,2 et 60,0 aux 86e et 90e tours de l'épreuve. On était très rapide à ce moment-là et tout ce qu'il fallait faire, c'est rester en piste. Pagenaud l'a fait et a terminé en quatrième place. Même Paul Tracy, qui n'était même pas compétitif avec nous, a terminé cinquième.

Tout ce qu'on avait à faire, c'est de terminer la course!

Doornbos n'avait rien à gagner

Après ma sortie des puits, j'avais un tour de retard sur les meneurs. Je tentais de regagner le plus de terrain possible quand mon chemin a croisé celui de Robert Doornbos. À l'entrée d'un virage, ma roue avant gauche est entrée en contact avec l'arrière de son bolide, une collision qui nous a fait perdre le contrôle et qui a mis fin à ma course.

C'est dommage. C'est certain que j'avais un tour de retard sur lui et certains diront que ça ne me donnait rien de forcer la note, mais je suis un pilote qui a une bonne tête sur les épaules. Je ne m'en allais pas là pour m'accrocher avec lui, mais j'étais une seconde plus rapide que lui et je ne vois pas ce qu'il avait à gagner en s'entêtant à ne pas me laisser passer quand il n'avait personne, ni en avant ni en arrière, avec qui se battre. Tout ce qu'il avait à faire, c'est me laisser aller parce qu'il a bien vu dans ses rétroviseurs que j'étais plus rapide que lui. Il n'y aurait jamais eu d'accrochage.

Quand il arrive un problème à Sébastien Bourdais et qu'il reprend la piste avec un ou deux tours de retard, va-t-il se contenter de rester derrière un pilote qui est une seconde plus lent que lui? En autant que le pilote retardataire ne vient pas s'immiscer dans une bataille entre deux pilotes qui font partie du même tour, ça donne quoi de s'entêter à essayer de se battre avec un gars qui est beaucoup plus rapide? Je trouvais que ça n'avait aucun bon sens.

Bis

À partir de maintenant, tout ce que je peux faire, c'est de répéter ce que j'ai dit dans ma chronique précédente. Tout le monde essaie de faire son possible, tout le monde essaie de bien travailler, mais en Champ Car, avec la compétition qu'il y a en ce moment, on ne peut se permettre d'accumuler les erreurs.

En ce moment, on n'a pas été assez parfait dans un week-end complet et ça nous coûte des positions hyper importantes, mais ce qu'il ne faut surtout pas faire, c'est de lâcher. Il faut tout faire pour améliorer la situation de A à Z, sur tous les petits points… On est là, on a tout ce que ça prend pour performer. Il faut juste avoir un week-end sans erreur.

Je parle constamment avec mon ingénieur, j'ai une bonne relation avec lui. Les mécanos font du très bon travail au niveau de la préparation de la voiture. De mon côté, en tant que pilote, je ne peux pas voir tout ce qui se passe dans les coulisses. Tout ce qu'on est en train de vivre, de passer au travers, il y a des gens qui sont mieux placés que moi pour y trouver des solutions. Tout ce que je peux dire, c'est qu'en ce moment, on ne doit pas abandonner. Il y a encore beaucoup de courses à disputer. Un DNF d'une équipe ou d'un pilote change la course au championnat au complet. La pire chose qu'on pourrait faire en ce moment, c'est abandonner. On doit continuer de faire ce qu'on fait, mais le faire un peu mieux.

Ça ne donne rien de regarder chez le voisin

Les succès de mon coéquipier Justin Wilson ne rendent pas mes déboires plus difficiles. Ce que Justin fait sur la piste, jusqu'à un certain point, je m'en fous un peu.

Tout ce que je peux dire, c'est que nous sommes les seuls responsables de ce qui nous arrive, les artisans de notre propre malheur.

Si on n'était pas capable de comprendre, si on ne savait pas pourquoi de mauvaises choses nous arrivent, je me poserais des questions, mais on sait tout ce qu'on fait de mal. Ça ne prend pas la tête à Papineau pour s'apercevoir qu'il y a quelques endroits au cours de la saison où on a laissé filer de très bons résultats.

Chaque fois qu'on est en piste, que la voiture va bien et qu'on n'a pas de problèmes, on est toujours dans le Top 5. C'est là qu'on doit être, toujours, toujours, à chaque pratique, à chaque qualif. À un moment donné, ça ne donne rien de regarder ce que les autres font. Il faut regarder dans notre propre cour.

On se reparle après l'épreuve de San Jose…

Propos recueillis par RDS.ca.