Trois-Rivières, ensuite l'Europe
Course mercredi, 15 août 2007. 23:03 samedi, 14 déc. 2024. 04:36
Deux semaines après avoir passé le week-end à Montréal, me voilà à Trois-Rivières dans le cadre de la fin de semaine du Grand Prix. À l'agenda, une autre course de CASCAR avec Andrew Ranger et plusieurs activités de promotion aux abords du circuit. En vérité, je devrais passer pas mal plus de temps hors piste que derrière un volant.
L'an dernier, j'avais effectué un retour à Trois-Rivières après une longue absence et j'avais adoré ça. J'avais alors conduit en série Grand-Am avec Valérie Limoges. J'ai plusieurs excellents souvenirs associés à cette ville. J'y ai connu beaucoup de succès en Formule Atlantique, faisant la pôle à quelques reprises et goûtant aussi aux joies de la victoire. Peu importe la catégorie dans laquelle je reviens courir, l'atmosphère est la même. Les gens sont vraiment chaleureux et on sent qu'ils sont fortement attachés à leur Grand Prix.
Après mon expérience de l'an dernier, les organisateurs m'avaient demandé de revenir et j'avais accepté sans hésiter. C'est important pour moi de venir donner du temps à l'événement, pour l'aider à connaître du succès. Ce n'est pas parce que je suis rendu en Champ Car que je dois négliger mes racines. C'est ma façon de redonner aux sports automobiles, une passion qui m'a tant apporté. Le Grand Prix de Trois-Rivières est un super bel événement et il faut tout faire pour que ça marche. Quand je vais travailler aux États-Unis, je suis pas mal moins en demande, mais ici j'essaie d'en faire le plus possible.
Au niveau de la course comme telle, ce sera un peu différent de Montréal, où il y avait eu deux pratiques et la qualification dans la même journée et la course le lendemain. Ici, il y aura une pratique le vendredi, la qualif samedi et la course dimanche.
Une escale dans le Wisconsin
Entre mes deux passages au Québec, j'ai fait un détour vers le Wisconsin pour disputer l'épreuve d'Elkhart Lake, sur le circuit de Road America. J'ai réalisé une cinquième place, un bon résultat comparativement à mes récentes performances, mais un résultat frustrant d'une certaine façon. Je vous explique tout ça.
Je le dis souvent, en Champ Car, tu as besoin d'un peu de chance et, encore une fois, les choses n'ont pas tourné à mon avantage en fin de semaine dernière. Le fait qu'il y eut un seul et unique drapeau jaune, et ce au tout début de la course, a joué en notre défaveur et a permis à Oriol Servia et Dan Clarke de terminer devant moi.
Servia partait du 14e rang et lorsque la neutralisation est survenue, il a décidé d'arrêter tout de suite aux puits. Son équipe pouvait se permettre une telle décision. Vue sa position sur la grille de départ, elle n'avait rien à perdre. Nous qui étions déjà bien positionnés à l'avant, on ne voulait pas risquer de perdre des places inutilement. Servia a finalement bénéficié de son passage précoce aux puits de deux façons : il a changé de pneus, ce qui lui a permis de faire des bons temps à son retour pendant que les autres se cassaient le bicycle, en bon québécois, pour rester en piste. Deuxièmement, comme il n'y a pas eu de drapeau jaune, j'ai dû faire un splash and go avec quatre tours à faire, c'est-à-dire un arrêt aux puits rapide pour mettre juste assez d'essence pour finir la course. Servia, lui, n'a pas eu à le faire et en a profité pour me dépasser.
Ça me fait un peu penser à la course de Paul Tracy à Cleveland. Deux fois, il avait amoché son aileron et avait dû rentrer aux puits sur un jaune pour aller le remplacer. Il n'était tellement pas compétitif que je l'ai dépassé deux fois en course. Qu'est-ce qui est arrivé? Il a gagné! Quand les drapeaux tombent pour toi et que les dieux de la course sont sur ton bord
C'est pour ça que je n'arrête pas de répéter qu'en Champ Car, pour gagner, ça prend de la rapidité et de la chance. La rapidité, je l'avais. J'avais été le plus rapide dans la pratique du matin. Tout ce que ça me prenait, donc, c'est un peu de chance. J'ai pris un pari et je l'ai perdu. Si j'étais un joueur de hockey, je dirais que la puck n'a pas roulé pour nous autres.
J'étais d'autant plus déçu de ce bon résultat qu'il rendait mes déconfitures précédentes encore plus frustrantes. À Edmonton, j'étais en quatrième place et personne n'était en position pour me déloger, mais j'ai manqué de carburant. Vingt-trois points aux poubelles. À San Jose, je conduisais un missile. La voiture était parfaite, je pouvais faire ce que je voulais avec. J'étais en tête et celui qui me suivait, Robert Doornbos, était monté là de la même façon que Tracy à Cleveland. Il n'était pas rapide comme moi et ne pouvait pas me passer. Hé bien! D'autres problèmes en sortant des puits, mon moteur étouffe, et quand je finis par ressortir, le système de changement de vitesses au volant est défectueux. Un autre 31 points chez le diable.
Ça fait un total de 54 points que, si j'additionne aux 161 que je possède présentement, m'en donnent 205. Où serais-je avec 205 points? Au troisième rang du championnat des pilotes. Et je n'ai pas parlé de Toronto, où tout est allé tout croche.
Tout ça pour dire qu'il faut terminer les courses où on roule dans les premiers. On n'a pas besoin de faire de miracles pour finir dans les trois premiers au championnat et c'est pour ça que c'était mon objectif au début de la saison. Si tu finis constamment dans le Top 5, tu vas te retrouver sur le podium à la fin de la saison et c'est ce qu'on faisait au début de l'année. La seule chose qui nous éloigne de notre objectif, ce sont les gaffes qu'on a faites. On se rend compte que, dans le fond, on n'a seulement à faire nos petites affaires et les résultats vont venir.
Maintenant, il va falloir travailler très fort pour terminer dans le Top 4. Mathématiquement, le Top 3 est toujours accessible. Il reste les deux courses en Europe, l'Australie, le Mexique et Phoenix. Cinq épreuves, un total de 155 points à accumuler. Une moyenne d'une cinquième place par course me donnerait 105 points et présentement, je suis à 29 points de la quatrième place, à 36 de la troisième. Il suffit d'une mauvaise épreuve d'un gars comme Will Power pour gagner du terrain.
Mais c'est ce qui est dommage. On en est rendu à devoir se fier aux autres pour pouvoir remonter. Je n'ai plus complètement mon destin entre mes mains. Il faudrait quasiment être sur le podium à toutes les courses pour ne pas avoir à espérer un DNF d'autres pilotes. On a du pain sur la planche. Ça ne sera pas facile, mais on ne s'avouera pas vaincus.
De l'autre côté de l'Atlantique
C'est le moment de l'année où la Série Champ Car prend l'avion pour traverser l'Atlantique. Les deux prochaines courses seront disputées en Belgique et aux Pays-Bas sur des circuits que je ne connais pas du tout. Ça devrait être intéressant.
Il y aura ensuite l'Australie, le Mexique et Phoenix, mais avant, ma femme Bronte et moi nous promettons une petite semaine de vacances à Paris. On n'a jamais visité la Ville lumière et on va profiter de notre passage en Europe pour y aller. Bronte a travaillé très fort cette année et on ne s'est pas vu souvent en début de saison, mon horaire étant doublement chargé avec le Grand-Am.
Pour revenir à l'épreuve de Belgique, elle sera disputée sur le circuit de Zolder, celui où Gilles Villeneuve s'est tué en 1982. Pas de doute, ça va être très spécial pour moi de courir à cet endroit. Pour être honnête, je ne suis pas très heureux d'y aller, même que je m'en passerais volontiers. Aller sur un circuit où l'une de mes idoles s'est tuée, ça fait un petit quelque chose au cœur. C'est certain que quand je vais arriver sur place, ça va me faire bizarre et ça va m'affecter un peu au début.
J'ai commencé à penser à une façon de lui rendre hommage. J'ai déjà coursé avec un casque aux couleurs de Gilles au Grand Prix du Canada, mais honnêtement, je suis un peu superstitieux et je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée de mettre un casque semblable au sien à l'endroit où il a perdu la vie. Mais je ne sais pas, je ferai peut-être faire un petit collant que je mettrai sur ma monoplace avec une pensée et un drapeau du Québec J'ai encore le temps d'y penser.
Parlant de Grand-Am
Pour revenir sur ma saison en Grand-Am, j'ai finalement décidé de mettre ça de côté. Ça prenait beaucoup de mon temps et il commençait à y avoir de plus en plus de conflits d'horaires. Mais quand même, je suis content d'avoir eu l'opportunité de toucher à cette catégorie. Maintenant, je sais c'est quoi. Je me suis fait une idée et j'ai établi des contacts qui pourraient me servir dans le futur.
Comme je disais dans ma chronique précédente, je me vois encore en Champ Car l'an prochain, mais c'est toujours bon d'avoir des opportunités ailleurs. Par exemple, Sam Hornish et Juan Pablo Montoya couraient en NASCAR, mais ils sont allés faire les 24 Heures de Daytona. Personnellement, j'aimerais bien faire les 24 Heures du Mans un jour. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de suivre l'expérience de Jacques Villeneuve cette année, ça n'a pas vraiment adonné, mais ça m'intéresserait d'essayer ça.
Bourdais sera remplacé
J'étais bien heureux pour Sébastien Bourdais quand j'ai appris qu'il s'était finalement trouvé une place en Formule 1. Ça faisait longtemps qu'il voulait faire le saut et l'opportunité s'est présentée à lui. Quand ça arrive, tu ne peux pas laisser ça passer, parce que ce n'est pas le genre d'offre qu'on reçoit tous les jours.
Je suis pas mal certain qu'il aurait préféré faire son entrée chez Ferrari ou McLaren, mais ça ne veut pas dire qu'il va rester toute sa vie chez Torro Rosso. Une chose est certaine, il va falloir que Sébastien commence à s'armer d'un caractère assez fort. Il est habitué de rouler en avant avec une voiture qui est toujours au-dessus de celle des autres. En F1, il y a tellement une grande différence entre les voitures que tu dois accepter le fait que tu n'a pas toujours - pour ne pas dire jamais - la chance de rouler avec les meilleurs. Il va falloir qu'il développe une patience assez forte pour ne pas capoter.
Maintenant, qu'est-ce qui va arriver à la série Champ Car? Moi, ça ne me surprendrait pas que son remplaçant s'amène et domine tout autant.
Dans ma tête, c'es clair que personne ne prendra la place de Sébastien dans une autre voiture que sa Newman-Haas. Si quelqu'un devient compétitif autant que Bourdais, c'est qu'il a moindrement de talent et qu'il aura la chance de sauter dans la même voiture. Ce gars-là deviendra alors l'homme à battre. Le nom va changer, mais les résultats seront les mêmes.
Il faut que les autres équipes travaillent extrêmement fort pour rétrécir l'écart avec Newman-Haas et à cet égard, je crois qu'on a vu la lumière au bout du tunnel cette année. On a vu des gars comme Power obtenir plusieurs bons résultats, Wilson faire la pôle. J'ai roulé en avant de Bourdais à San Jose. Ça montre que les équipes peuvent battre Newman-Haas. Où eux se démarquent, c'est qu'ils sont rapides à CHAQUE course, alors que le reste du peloton connaît des hauts et des bas. On n'est pas assez constant tandis qu'eux sont toujours sur la coche. Ils ont la constance, la rapidité, la performance.
Le portrait de la série changera à coup sûr la saison prochaine et ça sera intéressant à surveiller. Mais avant de penser à l'an prochain, je dois me concentrer sur ma fin de saison. Quand on se reparlera, je serai sur un autre continent.
À la prochaine!
Propos recueillis par RDS.ca.
L'an dernier, j'avais effectué un retour à Trois-Rivières après une longue absence et j'avais adoré ça. J'avais alors conduit en série Grand-Am avec Valérie Limoges. J'ai plusieurs excellents souvenirs associés à cette ville. J'y ai connu beaucoup de succès en Formule Atlantique, faisant la pôle à quelques reprises et goûtant aussi aux joies de la victoire. Peu importe la catégorie dans laquelle je reviens courir, l'atmosphère est la même. Les gens sont vraiment chaleureux et on sent qu'ils sont fortement attachés à leur Grand Prix.
Après mon expérience de l'an dernier, les organisateurs m'avaient demandé de revenir et j'avais accepté sans hésiter. C'est important pour moi de venir donner du temps à l'événement, pour l'aider à connaître du succès. Ce n'est pas parce que je suis rendu en Champ Car que je dois négliger mes racines. C'est ma façon de redonner aux sports automobiles, une passion qui m'a tant apporté. Le Grand Prix de Trois-Rivières est un super bel événement et il faut tout faire pour que ça marche. Quand je vais travailler aux États-Unis, je suis pas mal moins en demande, mais ici j'essaie d'en faire le plus possible.
Au niveau de la course comme telle, ce sera un peu différent de Montréal, où il y avait eu deux pratiques et la qualification dans la même journée et la course le lendemain. Ici, il y aura une pratique le vendredi, la qualif samedi et la course dimanche.
Une escale dans le Wisconsin
Entre mes deux passages au Québec, j'ai fait un détour vers le Wisconsin pour disputer l'épreuve d'Elkhart Lake, sur le circuit de Road America. J'ai réalisé une cinquième place, un bon résultat comparativement à mes récentes performances, mais un résultat frustrant d'une certaine façon. Je vous explique tout ça.
Je le dis souvent, en Champ Car, tu as besoin d'un peu de chance et, encore une fois, les choses n'ont pas tourné à mon avantage en fin de semaine dernière. Le fait qu'il y eut un seul et unique drapeau jaune, et ce au tout début de la course, a joué en notre défaveur et a permis à Oriol Servia et Dan Clarke de terminer devant moi.
Servia partait du 14e rang et lorsque la neutralisation est survenue, il a décidé d'arrêter tout de suite aux puits. Son équipe pouvait se permettre une telle décision. Vue sa position sur la grille de départ, elle n'avait rien à perdre. Nous qui étions déjà bien positionnés à l'avant, on ne voulait pas risquer de perdre des places inutilement. Servia a finalement bénéficié de son passage précoce aux puits de deux façons : il a changé de pneus, ce qui lui a permis de faire des bons temps à son retour pendant que les autres se cassaient le bicycle, en bon québécois, pour rester en piste. Deuxièmement, comme il n'y a pas eu de drapeau jaune, j'ai dû faire un splash and go avec quatre tours à faire, c'est-à-dire un arrêt aux puits rapide pour mettre juste assez d'essence pour finir la course. Servia, lui, n'a pas eu à le faire et en a profité pour me dépasser.
Ça me fait un peu penser à la course de Paul Tracy à Cleveland. Deux fois, il avait amoché son aileron et avait dû rentrer aux puits sur un jaune pour aller le remplacer. Il n'était tellement pas compétitif que je l'ai dépassé deux fois en course. Qu'est-ce qui est arrivé? Il a gagné! Quand les drapeaux tombent pour toi et que les dieux de la course sont sur ton bord
C'est pour ça que je n'arrête pas de répéter qu'en Champ Car, pour gagner, ça prend de la rapidité et de la chance. La rapidité, je l'avais. J'avais été le plus rapide dans la pratique du matin. Tout ce que ça me prenait, donc, c'est un peu de chance. J'ai pris un pari et je l'ai perdu. Si j'étais un joueur de hockey, je dirais que la puck n'a pas roulé pour nous autres.
J'étais d'autant plus déçu de ce bon résultat qu'il rendait mes déconfitures précédentes encore plus frustrantes. À Edmonton, j'étais en quatrième place et personne n'était en position pour me déloger, mais j'ai manqué de carburant. Vingt-trois points aux poubelles. À San Jose, je conduisais un missile. La voiture était parfaite, je pouvais faire ce que je voulais avec. J'étais en tête et celui qui me suivait, Robert Doornbos, était monté là de la même façon que Tracy à Cleveland. Il n'était pas rapide comme moi et ne pouvait pas me passer. Hé bien! D'autres problèmes en sortant des puits, mon moteur étouffe, et quand je finis par ressortir, le système de changement de vitesses au volant est défectueux. Un autre 31 points chez le diable.
Ça fait un total de 54 points que, si j'additionne aux 161 que je possède présentement, m'en donnent 205. Où serais-je avec 205 points? Au troisième rang du championnat des pilotes. Et je n'ai pas parlé de Toronto, où tout est allé tout croche.
Tout ça pour dire qu'il faut terminer les courses où on roule dans les premiers. On n'a pas besoin de faire de miracles pour finir dans les trois premiers au championnat et c'est pour ça que c'était mon objectif au début de la saison. Si tu finis constamment dans le Top 5, tu vas te retrouver sur le podium à la fin de la saison et c'est ce qu'on faisait au début de l'année. La seule chose qui nous éloigne de notre objectif, ce sont les gaffes qu'on a faites. On se rend compte que, dans le fond, on n'a seulement à faire nos petites affaires et les résultats vont venir.
Maintenant, il va falloir travailler très fort pour terminer dans le Top 4. Mathématiquement, le Top 3 est toujours accessible. Il reste les deux courses en Europe, l'Australie, le Mexique et Phoenix. Cinq épreuves, un total de 155 points à accumuler. Une moyenne d'une cinquième place par course me donnerait 105 points et présentement, je suis à 29 points de la quatrième place, à 36 de la troisième. Il suffit d'une mauvaise épreuve d'un gars comme Will Power pour gagner du terrain.
Mais c'est ce qui est dommage. On en est rendu à devoir se fier aux autres pour pouvoir remonter. Je n'ai plus complètement mon destin entre mes mains. Il faudrait quasiment être sur le podium à toutes les courses pour ne pas avoir à espérer un DNF d'autres pilotes. On a du pain sur la planche. Ça ne sera pas facile, mais on ne s'avouera pas vaincus.
De l'autre côté de l'Atlantique
C'est le moment de l'année où la Série Champ Car prend l'avion pour traverser l'Atlantique. Les deux prochaines courses seront disputées en Belgique et aux Pays-Bas sur des circuits que je ne connais pas du tout. Ça devrait être intéressant.
Il y aura ensuite l'Australie, le Mexique et Phoenix, mais avant, ma femme Bronte et moi nous promettons une petite semaine de vacances à Paris. On n'a jamais visité la Ville lumière et on va profiter de notre passage en Europe pour y aller. Bronte a travaillé très fort cette année et on ne s'est pas vu souvent en début de saison, mon horaire étant doublement chargé avec le Grand-Am.
Pour revenir à l'épreuve de Belgique, elle sera disputée sur le circuit de Zolder, celui où Gilles Villeneuve s'est tué en 1982. Pas de doute, ça va être très spécial pour moi de courir à cet endroit. Pour être honnête, je ne suis pas très heureux d'y aller, même que je m'en passerais volontiers. Aller sur un circuit où l'une de mes idoles s'est tuée, ça fait un petit quelque chose au cœur. C'est certain que quand je vais arriver sur place, ça va me faire bizarre et ça va m'affecter un peu au début.
J'ai commencé à penser à une façon de lui rendre hommage. J'ai déjà coursé avec un casque aux couleurs de Gilles au Grand Prix du Canada, mais honnêtement, je suis un peu superstitieux et je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée de mettre un casque semblable au sien à l'endroit où il a perdu la vie. Mais je ne sais pas, je ferai peut-être faire un petit collant que je mettrai sur ma monoplace avec une pensée et un drapeau du Québec J'ai encore le temps d'y penser.
Parlant de Grand-Am
Pour revenir sur ma saison en Grand-Am, j'ai finalement décidé de mettre ça de côté. Ça prenait beaucoup de mon temps et il commençait à y avoir de plus en plus de conflits d'horaires. Mais quand même, je suis content d'avoir eu l'opportunité de toucher à cette catégorie. Maintenant, je sais c'est quoi. Je me suis fait une idée et j'ai établi des contacts qui pourraient me servir dans le futur.
Comme je disais dans ma chronique précédente, je me vois encore en Champ Car l'an prochain, mais c'est toujours bon d'avoir des opportunités ailleurs. Par exemple, Sam Hornish et Juan Pablo Montoya couraient en NASCAR, mais ils sont allés faire les 24 Heures de Daytona. Personnellement, j'aimerais bien faire les 24 Heures du Mans un jour. Je n'ai pas vraiment eu l'occasion de suivre l'expérience de Jacques Villeneuve cette année, ça n'a pas vraiment adonné, mais ça m'intéresserait d'essayer ça.
Bourdais sera remplacé
J'étais bien heureux pour Sébastien Bourdais quand j'ai appris qu'il s'était finalement trouvé une place en Formule 1. Ça faisait longtemps qu'il voulait faire le saut et l'opportunité s'est présentée à lui. Quand ça arrive, tu ne peux pas laisser ça passer, parce que ce n'est pas le genre d'offre qu'on reçoit tous les jours.
Je suis pas mal certain qu'il aurait préféré faire son entrée chez Ferrari ou McLaren, mais ça ne veut pas dire qu'il va rester toute sa vie chez Torro Rosso. Une chose est certaine, il va falloir que Sébastien commence à s'armer d'un caractère assez fort. Il est habitué de rouler en avant avec une voiture qui est toujours au-dessus de celle des autres. En F1, il y a tellement une grande différence entre les voitures que tu dois accepter le fait que tu n'a pas toujours - pour ne pas dire jamais - la chance de rouler avec les meilleurs. Il va falloir qu'il développe une patience assez forte pour ne pas capoter.
Maintenant, qu'est-ce qui va arriver à la série Champ Car? Moi, ça ne me surprendrait pas que son remplaçant s'amène et domine tout autant.
Dans ma tête, c'es clair que personne ne prendra la place de Sébastien dans une autre voiture que sa Newman-Haas. Si quelqu'un devient compétitif autant que Bourdais, c'est qu'il a moindrement de talent et qu'il aura la chance de sauter dans la même voiture. Ce gars-là deviendra alors l'homme à battre. Le nom va changer, mais les résultats seront les mêmes.
Il faut que les autres équipes travaillent extrêmement fort pour rétrécir l'écart avec Newman-Haas et à cet égard, je crois qu'on a vu la lumière au bout du tunnel cette année. On a vu des gars comme Power obtenir plusieurs bons résultats, Wilson faire la pôle. J'ai roulé en avant de Bourdais à San Jose. Ça montre que les équipes peuvent battre Newman-Haas. Où eux se démarquent, c'est qu'ils sont rapides à CHAQUE course, alors que le reste du peloton connaît des hauts et des bas. On n'est pas assez constant tandis qu'eux sont toujours sur la coche. Ils ont la constance, la rapidité, la performance.
Le portrait de la série changera à coup sûr la saison prochaine et ça sera intéressant à surveiller. Mais avant de penser à l'an prochain, je dois me concentrer sur ma fin de saison. Quand on se reparlera, je serai sur un autre continent.
À la prochaine!
Propos recueillis par RDS.ca.