Un vulgaire morceau de métal
Course dimanche, 14 mai 2006. 17:16 dimanche, 15 déc. 2024. 02:39
Je vous parle présentement de ma chambre d'hôtel de Houston au lendemain du Grand Prix qui était disputé samedi. On m'a fait passer la nuit dans un hôpital de la ville à la suite de ma sortie de piste survenue en fin de course. Aujourd'hui, je peux vous dire que ça va bien. Quelques petites courbatures, rien de plus.
On m'a fait passer tous les tests imaginables, mais je dois quand même me rendre lundi à Indianapolis pour me faire examiner par les médecins de la série Champ Car, plus particulièrement par le spécialiste Terry Trammell, pour être certain que tout va bien. Une formalité, rien de plus.
À Houston, ils ont trouvé un petit hématome, qu'on pourrait comparer à une espèce de « bleu » interne. Dans une situation comme ça, les médecins ne peuvent rien faire d'autre que renvoyer le patient à la maison, ce qu'ils ont fait après m'avoir hébergé pour la nuit.
Je me sens bien, et si ce n'était que de moi, je reprendrais le volant demain, mais les règlements de la série stipulent que tu dois recevoir le feu vert de leur personnel médical avant de retourner au travail.
Mon état de santé est le résultat d'une pure malchance. Assurez-vous d'être bien assis avant que je vous raconte ma course, sinon vous allez tomber en bas de votre chaise. Commençons par le début, donc.
La voiture était superbe pour ce Grand Prix de Houston. Rarement j'ai eu une voiture que j'ai aimé conduire autant que celle-là. Au 15e tour, un morceau de métal est tombé dans mes pédales. Je ne sais pas si vous savez, mais les pédales d'un bolide de course ne sont pas tellement larges. Je ne savais pas ce que c'était, mais ça brassait et ça m'empêchait de freiner comme il le faut. J'ai dû composer avec ce problème pendant presque toute la course.
Pendant ce temps, j'ai doublé A.J. Allmendigner et les gars de l'équipe ont fait un super arrêt aux puits pour me faire gagner une place par rapport à Bruno Junqueira. On était dans la « game », je faisais les mêmes temps que Mario Dominguez Tout ce que j'espérais, c'est de pouvoir profiter d'un drapeau jaune pour avoir une chance d'enlever avec mes pieds ce morceau qui commençait à me tomber royalement sur les nerfs. Après ça, j'aurais pu faire un « move » sur Dominguez, qui n'avait aucun avantage sur moi.
Avec onze tours à faire, j'allais freiner au virage 1 quand le fameux morceau de métal est venu s'insérer entre la pédale de freins et l'accélérateur. Les freins ne répondaient plus et la voiture continuait d'accélérer. Quand j'ai réussi à faire le virage, je n'ai jamais vu Oriol Servia qui tentait un geste assez agressif pour me dépasser et il y a eu contact.
Ça a tellement brassé que le morceau de métal a été se positionner derrière la pédale de freins et a cassé le répartiteur, avec comme résultat que les freins arrière ne répondaient plus. Le drapeau jaune a été agité et j'ai fait part de mon problème à mon ingénieur. J'étais alors quatrième et on a décidé de terminer la course du mieux qu'on pouvait. Dans l'éventualité où je me ferais passer, je récolterais quand même de précieux points au classement.
Immédiatement après notre conversation, j'ai accéléré en sortant d'un virage pour réchauffer mes pneus la pédale à gaz est restée collée dans le fond! J'ai appuyé sur les freins, ce qui a bloqué les roues avant pendant que la voiture continuait d'accélérer. Le temps que je mette la main sur l'interrupteur pour fermer le moteur, j'ai frappé le mur de plein fouet et j'ai complètement détruit ma monoplace. Voilà ce qui explique mon mal de dos.
Et ce morceau de métal, vous savez qu'est-ce que c'était? Pour pouvoir boire de l'eau durant la course, on utilise une pompe qu'on retrouve habituellement dans les dispositifs qui distribuent le liquide lave-glace dans les voitures normales. En appuyant sur un bouton qui se trouve sur le volant, cette pompe amène l'eau à notre casque. C'est cette pompe, qui est attachée avec du « velcro » dans le nez en avant, qui s'est retrouvée dans la coque tellement le circuit était bosselé. En six ans dans la série Champ Car, je n'avais jamais vu ça. C'était une course complètement folle.
C'est tellement dommage, parce que j'estime que j'avais la voiture pour faire compétition aux deux Forsythe, ce que je n'ai jamais été en mesure de faire puisqu'il a fallu que je me batte avec ma voiture toute la soirée. Dommage aussi parce que même en restant en quatrième position, je sortais de Houston avec le deuxième rang au championnat des pilotes, quelques points derrière Sébastien Bourdais. On doit plutôt se contenter du cinquième rang, ce qui n'est pas la fin du monde non plus parce qu'on en est seulement à la deuxième épreuve de la saison.
Ce qui me satisfait plus que tout, c'est que l'équipe est vraiment bonne cette année. Je suis fier de pouvoir compétitionner avec les Forsythe, les Newman-Haas et les RuSport. C'est bien qu'on ait seulement une semaine à attendre avant le Grand Prix de Monterrey.
*Propos recueillis par RDS.ca
On m'a fait passer tous les tests imaginables, mais je dois quand même me rendre lundi à Indianapolis pour me faire examiner par les médecins de la série Champ Car, plus particulièrement par le spécialiste Terry Trammell, pour être certain que tout va bien. Une formalité, rien de plus.
À Houston, ils ont trouvé un petit hématome, qu'on pourrait comparer à une espèce de « bleu » interne. Dans une situation comme ça, les médecins ne peuvent rien faire d'autre que renvoyer le patient à la maison, ce qu'ils ont fait après m'avoir hébergé pour la nuit.
Je me sens bien, et si ce n'était que de moi, je reprendrais le volant demain, mais les règlements de la série stipulent que tu dois recevoir le feu vert de leur personnel médical avant de retourner au travail.
Mon état de santé est le résultat d'une pure malchance. Assurez-vous d'être bien assis avant que je vous raconte ma course, sinon vous allez tomber en bas de votre chaise. Commençons par le début, donc.
La voiture était superbe pour ce Grand Prix de Houston. Rarement j'ai eu une voiture que j'ai aimé conduire autant que celle-là. Au 15e tour, un morceau de métal est tombé dans mes pédales. Je ne sais pas si vous savez, mais les pédales d'un bolide de course ne sont pas tellement larges. Je ne savais pas ce que c'était, mais ça brassait et ça m'empêchait de freiner comme il le faut. J'ai dû composer avec ce problème pendant presque toute la course.
Pendant ce temps, j'ai doublé A.J. Allmendigner et les gars de l'équipe ont fait un super arrêt aux puits pour me faire gagner une place par rapport à Bruno Junqueira. On était dans la « game », je faisais les mêmes temps que Mario Dominguez Tout ce que j'espérais, c'est de pouvoir profiter d'un drapeau jaune pour avoir une chance d'enlever avec mes pieds ce morceau qui commençait à me tomber royalement sur les nerfs. Après ça, j'aurais pu faire un « move » sur Dominguez, qui n'avait aucun avantage sur moi.
Avec onze tours à faire, j'allais freiner au virage 1 quand le fameux morceau de métal est venu s'insérer entre la pédale de freins et l'accélérateur. Les freins ne répondaient plus et la voiture continuait d'accélérer. Quand j'ai réussi à faire le virage, je n'ai jamais vu Oriol Servia qui tentait un geste assez agressif pour me dépasser et il y a eu contact.
Ça a tellement brassé que le morceau de métal a été se positionner derrière la pédale de freins et a cassé le répartiteur, avec comme résultat que les freins arrière ne répondaient plus. Le drapeau jaune a été agité et j'ai fait part de mon problème à mon ingénieur. J'étais alors quatrième et on a décidé de terminer la course du mieux qu'on pouvait. Dans l'éventualité où je me ferais passer, je récolterais quand même de précieux points au classement.
Immédiatement après notre conversation, j'ai accéléré en sortant d'un virage pour réchauffer mes pneus la pédale à gaz est restée collée dans le fond! J'ai appuyé sur les freins, ce qui a bloqué les roues avant pendant que la voiture continuait d'accélérer. Le temps que je mette la main sur l'interrupteur pour fermer le moteur, j'ai frappé le mur de plein fouet et j'ai complètement détruit ma monoplace. Voilà ce qui explique mon mal de dos.
Et ce morceau de métal, vous savez qu'est-ce que c'était? Pour pouvoir boire de l'eau durant la course, on utilise une pompe qu'on retrouve habituellement dans les dispositifs qui distribuent le liquide lave-glace dans les voitures normales. En appuyant sur un bouton qui se trouve sur le volant, cette pompe amène l'eau à notre casque. C'est cette pompe, qui est attachée avec du « velcro » dans le nez en avant, qui s'est retrouvée dans la coque tellement le circuit était bosselé. En six ans dans la série Champ Car, je n'avais jamais vu ça. C'était une course complètement folle.
C'est tellement dommage, parce que j'estime que j'avais la voiture pour faire compétition aux deux Forsythe, ce que je n'ai jamais été en mesure de faire puisqu'il a fallu que je me batte avec ma voiture toute la soirée. Dommage aussi parce que même en restant en quatrième position, je sortais de Houston avec le deuxième rang au championnat des pilotes, quelques points derrière Sébastien Bourdais. On doit plutôt se contenter du cinquième rang, ce qui n'est pas la fin du monde non plus parce qu'on en est seulement à la deuxième épreuve de la saison.
Ce qui me satisfait plus que tout, c'est que l'équipe est vraiment bonne cette année. Je suis fier de pouvoir compétitionner avec les Forsythe, les Newman-Haas et les RuSport. C'est bien qu'on ait seulement une semaine à attendre avant le Grand Prix de Monterrey.
*Propos recueillis par RDS.ca