Je reviens de Sebring, en Floride, où je suis allé effectuer des tests pendant toute la fin de semaine avec l'écurie PKV. Honnêtement, ça n'aurait pas pu mieux se dérouler et mon souhait le plus cher, aujourd'hui, est de m'aligner avec cette équipe la saison prochaine.

J'ai pris part à un total de cinq séances d'essais et chaque fois, je suis parvenu à obtenir de bons résultats. L'équipe a été très satisfaite de mon travail, on m'a trouvé rapide. Il y a une belle chimie qui s'est rapidement installée entre les ingénieurs, les mécaniciens et moi. Tout s'est fait de façon naturelle, comme si on avait toujours travaillé ensemble. Ça a vraiment connecté avec tout le monde.

Je me suis très bien entendu avec Oriol Servia. On n'avait pas mal les mêmes feelings au niveau de la voiture. À un certain moment, on avait deux voitures réglées différemment, mais on arrivait quand même à des résultats presque similaires. C'était plaisant de voir que je pouvais concurrencer avec lui avec une approche différente.

Quand Oriol et moi nous retrouvions dans les puits, on jasait des différents comportements de nos voitures et on était très souvent sur la même longueur d'ondes. C'est bon, parce que ça installe déjà un certain climat de confiance, ça prouve qu'on est capable de travailler ensemble dans un seul but, celui de faire rouler les voitures de l'équipe en avant.

Il ne reste plus qu'à espérer que tout ça aboutira à quelque chose de positif. J'ai eu l'opportunité de voir ce que je pouvais faire dans une bonne voiture au sein d'une équipe de haut niveau et ça ne m'en prenait pas plus pour me mettre à rêver à gagner, un jour, un championnat.

Une chose est sûre, c'est tout un contraste avec l'année passée. Chez RSPORT, il y avait du potentiel, mais seulement si les deux équipes, Rocketsports et RuSPORT, étaient restées fusionnées. Ça ne s'est pas produit et une foule de problèmes en ont découlé, des problèmes qu'une équipe ne peut pas se permettre de rencontrer trop souvent.

La grosse différence avec PKV, c'est qu'elle travaille depuis longtemps dans l'optique de devenir une équipe de pointe. C'est le mandat que se sont donnés Jimmy Vasser et Mark Johnson depuis un bon moment : faire en sorte que l'équipe aspire aux grands honneurs, rien de moins. PKV opère également avec un budget plus important et met beaucoup d'efforts dans le développement dans le but de rétrécir l'écart avec l'écurie Newman Haas, qui est présentement l'équipe à battre.

À cet égard, on a vu des résultats concrets dès la fin de la saison dernière. Oriol s'est amené avec l'équipe pour les deux dernières courses et a fait la pôle position en Australie en plus de se qualifier troisième au Mexique. Il a ensuite continué son bon travail en essais et les patrons ont commencé à se rendre compte qu'avec un pilote d'expérience, les résultats étaient encourageants. Ça a piqué leur curiosité, ils se demandaient si la voiture était déjà rendue au niveau qu'ils espéraient atteindre.

Tout ça pour dire qu'ils ont un objectif clair, soit d'être les meilleurs, et qu'ils sont près à faire toutes les démarches nécessaires pour y arriver.

Pas de plan B

J'ai de bonnes raisons d'être optimiste dans mes tentatives de dégoter un contrat avec PKV. En fin de semaine, je n'étais pas en compétition avec d'autres pilotes pour mériter le deuxième volant disponible. Je n'ai pas eu à me battre avec personne. J'étais seul avec Oriol, comme si l'équipe était déjà formée. En plus, on a déjà commencé à parler de commanditaires et de budget.

Les ingénieurs ont été surpris de mes connaissances et de mon implication au niveau technique même si, comme je ne suis pas sous contrat avec l'équipe, ils ne pouvaient pas être très ouverts. C'est logique : on ne pouvait pas vraiment discuter de la voiture ouvertement parce qu'on ne savait pas si j'allais la piloter cette année. Ils avaient donc des réserves et les discussions étaient somme toute très superficielles, mais les gars étaient quand même impressionnés. Ça augure donc très bien si je suis appelé à travailler officiellement avec eux.

La situation dans laquelle je me retrouve est très motivante. Je réalise maintenant que tout ce qui m'est arrivé est peut-être un mal pour un bien, parce que maintenant que j'ai goûté au professionnalisme et au sérieux d'une équipe de haut niveau, je ne veux plus jamais retourner à un endroit qui n'est pas à la hauteur de ces conditions. C'est pourquoi c'est un peu stressant de ne pas savoir si ça va fonctionner avec PKV, parce que je n'ai pas de plan B. Mon plan, c'est de rouler avec eux. Je ne veux rien d'autre.

Depuis toutes ces années, je sens que j'ai fait ma part pour la série. J'ai travaillé super fort pour la supporter, pour intéresser des commanditaires à y demeurer associés. J'ai mangé mon pain noir. J'ai aidé des équipes à s'améliorer techniquement, je suis parti à zéro avec des équipes qui n'avaient aucune expérience avec différents châssis. Je veux maintenant qu'on me donne la chance de gagner. Placez moi dans une équipe en reconstruction et c'est certain que je vais pouvoir aider, mais j'ai prouvé que je suis de calibre pour rouler en avant dans un bolide qui m'en donne la chance. C'est maintenant le temps que je puisse le faire.

Le temps nous dira si ça va fonctionner, mais je m'estime dans une bonne position. Selon moi, d'ici deux semaines, tout devrait être réglé.

Le Champ Car n'a pas besoin d'aide

La série Champ Car a beaucoup fait parler d'elle dernièrement quand des nouvelles rumeurs de fusion avec l'IRL ont fait surface. Voici ce que je pense de tout ça.

Comme la plupart des observateurs, je crois qu'il serait fantastique d'avoir une seule série. On pourrait bâtir un calendrier avec les meilleures courses des deux entités, ce qui nous permettrait entre autres de participer au Indy 500, et le calibre serait assurément plus relevé. Comme on dit, deux têtes valent mieux qu'une et je crois que c'est aussi vrai dans la situation qui nous intéresse. Ceci étant dit, ça ne veut pas dire que le Champ Car ne peut pas bourgeonner en tant que série unique.

Il ne faut pas oublier que la série Champ Car a été rachetée après une faillite de son ancien propriétaire. Simplifions la situation et supposons, par exemple, que c'est moi qui aie fait faillite avec ma compagnie et que vous désirez vous en porter acquéreur. Ce n'est pas vous qui avez fait banqueroute, c'est moi, mais vous achetez un nom auquel je suis associé et malheureusement, les gens vous jugent par rapport à ça. Vous aurez probablement de la difficulté à obtenir un prêt à la banque, par exemple, parce qu'on ne vous fera pas confiance.

C'est le problème auquel fait face la série Champ Car. Oui, elle a fait faillite. Oui, elle s'en allait dans le trou. Mais pas avec les gens qui la supportent et qui la financent présentement.

Pour cette raison, la série prend du temps à en arriver où elle veut, mais il faut garder l'esprit ouvert. C'est vrai qu'il y a du pain sur la planche, mais c'est une question de crédibilité plus que d'autre chose. On a besoin de vedettes, de gros noms et du support des gens. Il suffit de l'arrivée d'un commanditaire majeur pour que tout prenne son envol. Ce jour va arriver, parce que la série a tout pour connaître du succès.

Je ne suis pas Nostradamus et j'ignore ce qui va se passer l'an prochain. Ce que je peux dire, c'est que je suis satisfait de la façon dont les choses fonctionnent en ce moment. La saison 2008 s'annonce encore meilleure que celle qui est derrière nous. Il suffit que tout le monde continue d'y croire.

*Propos recueillis par Nicolas Landry