Je dresse un bilan très positif de cette fin de semaine de course à Toronto malgré le fait que Conquest Racing aurait mérité un bien meilleur sort.

Ce n'est pas tous les jours que notre voiture soit en mesure de compétitonner contre les écuries de pointe en IndyCar. Pourtant, nous étions dominants; aucune équipe de pointe - Penske et Ganassi - n'étaient autant "sur la coche" que nous.

Malheureusement, nous avons été victimes de notre domination. Je m'explique. À un certain moment, je me suis trouvé en tête de l'épreuve que je menais haut la main (pendant 21 tours pour être plus précis). Mes réglages étaient parfaits et que la consommation d'essence s'effectuait normalement. Je voulais donc accentuer mon avance en tête avant d'entrer aux puits.



Cependant, je me suis fait avoir quand Graham Rahal a frappé le mur. Cet incident a occasionné un drapeau jaune et une neutralisation derrière la voiture de sécurité. Malheur. En série IndyCar, lorsque la course est neutralisée, les puits se ferment automatiquement. Les pilotes ayant déjà effectué leur ravitaillement se trouvent alors avantagés par rapport aux autres. C'est ainsi que j'ai perdu toute l'avance gagnée alors que je menais pour me retrouver sèchement à l'arrière de peloton, en 12e position.

Si j'avais usé mes pneus un peu plus ou si je ne m'étais pas préoccupé de l'économie d'essence, je serais entré aux puits plus tôt et j'aurais vraisemblablement remporté cette course. En fin de compte, nous avons terminé au 9e rang. C'est pour cela que je dis que nous avons été victimes de notre bonne performance et j'avoue qu'il s'agit d'un cas vraiment frustrant.

Un règlement à abolir

Cette politique de fermer la ligne des puits a été abolie en Formule Un ainsi que dans de nombreuses autres séries de course automobile. Sur piste ovale, le ravitaillement est permis une fois que les voitures se sont regroupées. Pourquoi ne pas permettre ça sur circuit routier?

Je me suis donc assis au terme de la course avec les dirigeants de la série IndyCar pour leur faire part de cette injustice. On verra s'ils procéderont à des changements lors des prochaines saisons.

En attendant, on risque d'assister à cette partie de poker, les retardataires espérant une neutralisation pour faire un bond de plusieurs places. Il devrait une règle qui attribue la même opportunité pour tout le monde.

Une voiture parfaite

C'est dommage puisque dès le départ, je savais que je pouvais compter sur une voiture extrêmement compétitive; après deux ou trois tours, tes fesses t'en donnent le signe. Elle était vraiment bien équilibrée, les réglages effectués le samedi soir ayant porté fruit.

Puis, je me suis mis à rattraper petit à petit Dario Franchitti. Ça m'a donné réellement confiance. Quand il est entré aux puits en raison de l'usure de ses pneus, je me suis emballé. J'étais persuadé que j'allais gagner cette course parce que ma voiture se comportait bien.

Je me trouvais en plein contrôle, je ménageais ma voiture et je sentais que je n'avais pas besoin d'en faire trop. Nous avons trouvé les réglages parfaits. S'il avait fallu que j'y mette plus de sauce, j'aurais pu en mettre. C'est vraiment plaisant dans ce temps-là.

Compte tenu des circonstances, nous sommes fiers d'avoir démontré de la domination. Pour une petite équipe qui coure de façon partielle, je trouve que c'est d'autant plus valorisant vu que tout le monde sait que c'est difficile de compétitionner avec les équipes de pointe.

On a laissé une très bonne marque ce qui nous a donné une bonne couverture dans les journaux et à la télévision. Nous avons convaincu pas mal de monde qu'on a les capacités de rouler en avant à n'importe quel moment dans la saison.

L'incident avec Tomas Schekter

Tomas Schekter devrait revoir l'incident comme il faut avant de me blâmer. Au début de l'épreuve, les dirigeants de la série nous avaient pourtant avertis qu'à l'approche du Lakeshore Boulevard, les roues gauches de la voiture doivent au maximum toucher la ligne pointillée située à la gauche.

Or, si l'on regarde la séquence, on s'aperçoit très bien que Schekter n'essaye pas seulement de me bloquer, il m'amène carrément vers le mur de droite. À un certain moment, un pilote doit s'avouer vaincu lorsqu'il se fait passer par quelqu'un de plus rapide. A-t-il voulu faire preuve d'intimidation à mon endroit, ça reste à voir.

Tout au long de l'épreuve, j'ai effectué huit dépassements sans le moindre problème. Je pense donc que Schekter chiale pour rien dans cette histoire. C'est pourquoi je l'ai ignoré lorsqu'il m'a lancé ses gants lors du tour suivant.

Après la course, il est allé mentionner que j'avais manqué d'intelligence. Encore une fois, j'ai ignoré cette remarque puisqu'elle vient d'un pilote qui a perdu son volant à deux reprises pour avoir accidenté trop de voitures. Dans cette histoire, je considère avoir conduit avec maturité comme je le fais tout le temps.

De bonnes bases pour Edmonton

Nous espérons maintenant que nous saurons transporter cette confiance et ces bons réglages lors de la prochaine épreuve canadienne qui aura lieu à Edmonton le 26 juillet prochain.

Malgré le fait qu'Edmonton représente un circuit bien différent que celui de Toronto en raison de ses portions rapides et de ses freinages brusques, nous sommes confiants d'en arriver à un bien meilleur dénouement… en espérant la victoire cette fois-ci.

Propos recueillis par Nicolas Dupont