MONTRÉAL – Depuis leur retour dans le circuit canadien en 1996, les Alouettes de Montréal ont été considérés comme un modèle de réussite et un exemple à suivre pour leurs adversaires du reste du pays.

Cependant, le choc encaissé par la formation montréalaise en 2015 s’est avéré aussi virulent qu’un plaqué de Kyries Hebert, Elfrid Payton ou Shea Emry. La fiche (6-11) nettement décevante a été causée par une multitude de facteurs dont les invraisemblables péripéties vécues par les sept quarts, mais le moment est venu de trouver des solutions.

Jim Popp, qui n’écarte pas l’idée de revenir dans la double fonction de directeur général et entraîneur, entamera ce processus dès le dernier match de dimanche contre les Roughriders de la Saskatchewan.

Par contre, l’avenir de Popp demeure indécis et l’identité de l’entraîneur pour le calendrier 2016 constitue l’une des deux pierres angulaires de la relance de l’organisation avec celle du quart-arrière.

Si l’option de ramener Popp était écartée par le propriétaire Robert Wetenhall et les autres dirigeants (dont Popp fait partie), l’émergence de Noel Thorpe semble lui accorder une longueur d’avance.

Thorpe, qui a pris la relève de Popp au dernier match puisqu’il était malade, poursuit son apprentissage selon le dirigeant d’expérience.

« On va continuer d’évaluer son cas, il grandit. Je ne sais pas s’il y a un moment idéal pour devenir l’entraîneur d’une équipe. Il y a beaucoup d’aspects à maîtriser pour diriger un club et il travaille là-dessus. On en parle depuis son retour avec nous et on discutera entre dirigeants pour déterminer qui sera l’entraîneur », a répondu Popp sans trop vanter Thorpe.

« Je pense qu’il est prêt et que son temps est venu. Il a fait ses preuves comme coordonnateur dans la LCF et j’espère qu’il aura au moins la chance de se faire valoir dans les entrevues pour essayer d’obtenir le poste », a souhaité Marc-Olivier Brouillette, l’un de ses disciples défensifs.

« Il a fait ce qu’il avait à faire et il nous a donné une chance de gagner. Je considère qu’il a bien accompli son travail », a ajouté le vétéran S.J. Green.

« Honnêtement, je n’ai pas trop remarqué son travail donc je présume que c’est positif. Le match s’est déroulé sans anicroche comme ça doit être le cas. Je l’apprécie et c’est le cas pour les autres aussi », a pris le temps de mentionner Jeff Perrett.

La nomination de Thorpe ou la reconduction de Popp dans cette fonction névralgique risquerait de faire poursuivre l’association avec Anthony Calvillo – et probablement Ryan Dinwiddie – pour diriger l’attaque et personne ne risquerait de se plaindre d’un peu de continuité à ce chapitre.

Calvillo et Dinwiddie ont démontré une évolution intéressante et elle a été encore plus perceptible après l’arrivée de Kevin Glenn au poste de quart. Ce constat sans équivoque incite à se demander si la meilleure décision ne serait pas de le garder dans le giron des Alouettes en attendant l’éclosion d’un jeune quart-arrière ou l’ajout d’un athlète établi.

Inutile de questionner plusieurs joueurs des Alouettes pour constater que Glenn a séduit ses coéquipiers qui ont remarqué l’impact de sa contribution. Tous les membres sondés des Oiseaux ont souhaité son retour. Samuel Giguère

« Oui, c’est certain. On mise sur plusieurs jeunes qui doivent se faire montrer le chemin. Kevin a beaucoup de vécu dans la LCF et il peut partager son expérience », a convenu Green.

« C’est clair que ça fait une différence de miser sur un quart d’expérience. Ce sera le jour et la nuit si tu lui procures la chance de participer à un camp d’entraînement avec nous », a exprimé Samuel Giguère (photo) qui avait conclu un contrat d’une saison avec les Alouettes.

Toujours aussi rafraîchissant dans ses propos, John Bowman a préféré y aller de cette réponse.

« On a juste besoin d’un gagnant, je me fous bien de son âge. Ça prend un quart qui sait où lancer le ballon, et je ne dis pas que nous n’avons pas ça au sein de l’organisation, mais ils ont été placés dans des conditions très difficiles avec les nombreux changements d’entraîneurs. On a besoin d’un seul quart-arrière qui s’impose et je crois que ça va arriver », a-t-il lancé.

Le côté positif des blessures

Chacun leur tour, les joueurs des Alouettes ont refusé d’associer leurs ennuis de 2015 aux innombrables blessures qui ont frappé l’équipe. Ils ont tout de même identifié ce facteur comme la raison principale de leur chute au classement.

John Bowman« On a dû se démener avec plus de blessures que jamais cette année. Si je prends seulement l’exemple de deux positions, on a employé sept quarts et six secondeurs intérieurs. Les gars ont fait un travail remarquable pour colmater les brèches. En plus, on a changé d’attaque durant la saison, mais on a quand même été dans le coup dans la plupart des matchs. C’est très rare de gagner année après année », a décrit Popp.

« Je pense que ça s’explique d’abord avec les blessures. Au début de la saison, sur papier, on avait l’une des meilleures équipes sinon la meilleure du circuit. Malheureusement, les blessures n’ont pas tardé et on a perdu plusieurs matchs serrés. Je ne sais pas quelle est la recette pour revenir aux années glorieuses des Alouettes, mais j’espère que je vais faire partie de ces plans », a précisé Brouillette.

Lorsque la malchance s’acharne sur une équipe, la relève finit par être sollicitée davantage que les dirigeants avaient pu le prévoir. L’expérience peut comporter des désastres, comme le premier match de Terry Johnson comme demi de coin, mais elle peut aussi dévoiler des trésors cachés.

« Il y a quand même un processus d’apprentissage relié à un tel contexte et tu réalises comment tu peux être meilleur. Par le fait même, tu découvres des choses sur ton équipe et tu en sais plus sur certains joueurs si bien que ton équipe devient plus forte », a pointé Popp.

« On a eu la chance de voir plusieurs jeunes grandir. On a surmonté beaucoup d’adversité et je veux lever mon chapeau aux joueurs parce qu’on a combattu de notre mieux », a assuré Bowman.

Popp croit avoir replacé l’équipe sur le bon chemin

Bien sûr, les joueurs ont marché sur des œufs quand est arrivé le moment de leur demander d’identifier des solutions pour la prochaine saison.

« Oh, je ne sais pas, c’est au-dessus de mes capacités. Je suis convaincu qu’ils vont découvrir ce qui cloche durant la saison morte et j’ai toute la confiance en Jim et M. Wetenhall. Ils ont mis en place une équipe avec beaucoup de succès pendant 20 ans, ce n’est qu’une petite tache dans leur parcours », a évalué Perrett.

Persuadé que son équipe détenait tous les éléments pour briller sans cet imposant lot de blessures, Popp a tenu à freiner le courant qui demande plusieurs changements.

Du même souffle, il a refusé de souscrire à la théorie de la complaisance.

« C’est ma 24e année dans la LCF et ma première à l’écart des éliminatoires. Plusieurs facteurs nous motivent à donner notre maximum comme gagner un championnat, la peur de mal faire, vouloir bien faire. Il y a toujours des séquences qui vont prendre fin et les gens s’attendent à ce qu’on soit toujours des éliminatoires ou en lutte pour la coupe Grey, mais ça ne va pas arriver », a nuancé Popp.

Le vieux renard du football professionnel est convaincu que son retour sur les lignes de côté à la suite du congédiement de Tom Higgins a permis de corriger certaines lacunes pour le bénéfice à long terme du club.

« J’ai quand même vu beaucoup de progression vers la fin, mais ça s’est produit trop tard. Notre défense a encore été très bonne et on a vu de très belles améliorations sur les unités spéciales. On m’a demandé de revenir comme entraîneur pour replacer les choses sur la bonne voie et je crois qu’on peut dire que c’est le cas maintenant », a conclu Popp.