MONTRÉAL – C’est avec le moral dans les talons, mais aussi le désir de conclure la saison en force pour leurs partisans que les Alouettes de Montréal ont repris l’entraînement mercredi.

Évincés des éliminatoires pour la première fois depuis 1996, les Alouettes ont été plongés dans une situation inhabituelle et les joueurs n’ont pas caché qu’ils avaient de la difficulté à digérer cet échec.

Même si le coup fatal a été encaissé trois jours plus tôt face aux Eskimos à Edmonton, le goût était encore amer dans la bouche des protégés de Jim Popp.

« Ouf, je pensais que j’avais un peu absorbé le choc, mais non. Mardi, je me suis changé les idées en passant la journée avec ma fille et j’étais heureux, je n’y pensais pas. Mais c’est vraiment fâchant de se replonger là-dedans », a avoué le receveur Samuel Giguère.

Le comble dans l’histoire, c’est que les représentants montréalais doivent encore disputer une rencontre qui n’aura aucune signification.

« C’est encore difficile, je n’ai jamais vécu ça et je ne sais pas comment me comporter. J’essaie de me dire que c’est un match qui compte au classement », a confié Marc-Olivier Brouillette avec la voix éteinte.

Ça vient peut-être de la résilience à toute épreuve des joueurs de ligne offensive, mais Jeff Perrett a sonné comme le plus positif.

« Ce n’est pas difficile du tout de se motiver, on a un match qui s’en vient dimanche et on est payé pour jouer », a lancé comme message le robuste bloqueur à droite.

« Bien sûr, c’est très décevant, c’est un sentiment étrange de savoir que rien nous attend après ce match. On a eu la chance de remporter plusieurs matchs cette année sans y parvenir, on a bousillé nos chances et on en paie les conséquences », a-t-il enchaîné.

Ce duel aura lieu dimanche (dès 12h30 à RDS) alors qu’ils recevront la visite des Roughriders de la Saskatchewan et ils ont signifié leur intention de remercier les amateurs avec une performance à la hauteur. Il s’agira d’ailleurs de la journée de reconnaissance des partisans qui n’ont pas eu beaucoup de moments de réjouissance à se mettre sous la dent en 2015.

« Nos fans les plus fidèles seront présents et on espère qu’ils resteront après le match, en espérant qu’il soit divertissant, pour rencontrer nos joueurs et obtenir des autographes », a souhaité Popp.

« Ça fait environ 10 semaines que les Riders jouent en sachant qu’ils sont éliminés alors qu’on vient juste d’apprendre qu’on sera écarté des éliminatoires donc on doit démontrer de la fierté. On veut prouver à notre ville qu’on se soucie de notre sort », a proposé l’ailier défensif John Bowman qui sera déterminé à amasser le 100e sac de sa prolifique carrière.

Une décision qui ne fait pas l’unanimité

Cette invraisemblable année de misère se terminera donc avec un œil sur l’avenir. Popp, l’entraîneur et directeur général a confirmé que l’équipe allait mettre l’accent sur la relève étant donné l’absence d’enjeu. Ainsi, le vétéran quart-arrière Kevin Glenn, qui a permis de redonner un bref espoir aux Alouettes, laissera les commandes de l’attaque aux jeunes quarts de l’organisation (Brandon Bridge, Anthony Boone et pourquoi pas Tajh Boyd).

« On va laisser les jeunes prendre les répétitions puisque Kevin connaît déjà le tabac. On veut impliquer les jeunes et leur donner la chance d’aller sur le terrain. On a encore trois jours pour s’entraîner et on verra comment les choses vont évoluer. Ceci dit, on veut quand même gagner ce match pour finir sur une note positive », a fait remarquer Popp.

Cependant, cette approche ne fait pas le plaisir de tous les joueurs qui auraient aimé miser la formation la plus aguerrie pour conclure en beauté.

« Je reste professionnel dans ce que je fais et je vais me préparer de la même manière que si nous entamions les éliminatoires la semaine prochaine. Ce qui est plate, c’est ce que ce n’est pas la philosophie de l’ensemble de l’organisation », a soulevé Giguère qui aurait aimé voir Glenn au poste de quart. Kevin Glenn

De plus, les Alouettes seront privés de certains piliers en commençant par le centre Luc Brodeur-Jourdain qui a subi une déchirure du ligament antérieur croisé et du ligament latéral interne au genou droit. Il faut ajouter à cette liste Henoc Muamba qui doit respecter le protocole établi pour les commotions cérébrales. Michael Klassen sera également exempté de cette dernière rencontre. Quant à Josh Bourke, il a profité d’une journée de répit mercredi puisque son corps est amoché.

Cette partie sera inutile pour le classement, mais elle permettra d’étudier plusieurs dossiers en vue de la prochaine saison. Parmi ceux-ci, la question de l’entraîneur se retrouve sur le dessus de la pile. Partiellement rétabli de sa labyrinthite, Popp avait retrouvé ses joueurs et il reprendre les rênes de l’équipe pour la conclusion du calendrier.

Popp n’a pas caché que le fait de devoir se retirer d’un match aussi crucial avait constitué l’un des moments les plus éprouvants de sa vaste carrière dans le football professionnel.

« C’était probablement l’une des choses les plus difficiles depuis que j’œuvre dans le football. Je voulais y être et je sentais que je devais y être, mais je devais accepter la réalité et me fier sur les hommes qu’on prépare. J’ai toute la confiance en ce personnel et je pensais qu’on pouvait gagner que je sois là ou non », a-t-il mentionné.

Pendant qu’il était forcé de se soigner, le coordonnateur défensif Noel Thorpe a pris la relève et plusieurs observateurs se demandent s’il héritera de ce rôle à temps plein la saison prochaine.

Le résultat final n’a pas été celui espéré, mais Popp a apprécié l’effort déployé par sa troupe sous les ordres de Thorpe.

« Tout le monde pourrait questionner des décisions, mais j’ai trouvé que notre équipe a bien combattu et a eu une chance de gagner », a insisté Popp.

Ce désir de combattre des joueurs sera aussi alimenté par la motivation de gagner pour leurs pairs.

« On veut remporter le dernier match non seulement pour les partisans, mais aussi pour les coéquipiers et toutes les personnes de l’organisation », a précisé Brouillette qui abordera cette partie comme si c’était la finale de l’Est ou la coupe Grey.

« On mise sur un excellent groupe et c’est le point le plus difficile de cette situation. On a l’impression d’avoir laissé tomber les autres joueurs. On sait à quel point les gars veulent gagner dans ce vestiaire, c’est décevant », a ajouté Perrett.

« Notre fierté est en jeu, on veut gagner. Pour les certaines personnes de l’extérieur, ça ne veut peut-être rien dire, mais les joueurs dans ce vestiaire qui veulent l’emporter. Nous sommes chanceux d’être payés pour exercer le jeu que nous aimons », a poursuivi le mastodonte de 320 livres.

Comme à chaque année, une panoplie d’athlètes se retrouveront dans la possibilité de jouer leur dernier match dans l’uniforme montréalais. L’ingrédient de fierté remontera à la surface pour ces joueurs ainsi que pour leurs partenaires dont l’orgueil a été écorché durant le calendrier qui s’achève.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le travail ne manquera pas pour les dirigeants des Alouettes dont les rôles doivent encore être confirmés pour la campagne 2016. L’organisation montréalaise, qui n’a pas atteint le match de la Coupe Grey depuis 2010, veut retourner à son niveau habituel de réussite. Depuis la saison 2011, les Alouettes ont remporté un seul match éliminatoire en quatre tentatives.