MONTRÉAL – Quand un spectateur se rue sur des journalistes pour réclamer la tête de Jim Popp, comme entraîneur-chef, on comprend aisément que l’insatisfaction règne chez les partisans.

La scène voulait tout dire, les Alouettes se dirigeaient, jeudi soir, vers une quatrième défaite en six matchs en 2016. À la fin du dernier quart, au moment de descendre les gradins pour s’approcher du terrain afin d'effectuer les entrevues, ce fervent des Alouettes s’empresse d’accrocher deux collègues et l’auteur de ces lignes pour manifester son mécontentement envers Popp.

Plusieurs fidèles des Alouettes identifient Popp comme le responsable des déboires sur le terrain. Ils ne blâment pas, pour la plupart, ses embauches, mais ils exigent la présence d’un entraîneur de carrière comme pilote pour cette organisation qui peine à retrouver ses repères.

En tant que vieux routier du football, Popp sait bien qu’il se retrouve dans une situation précaire. Il n’a pas cherché à embellir le contexte de son équipe qui se retrouve au bas du classement dans l’Est.

« On a une fiche de 2-4, c’est là qu’on se situe. On a vécu des défis dans ces six matchs comme des blessures importantes et on a été dans le coup dans plusieurs de ceux-ci jusqu’au dernier quart. Mais, au final, on n’a pas assez bien joué pour l’emporter », a analysé Popp.  

« On a ce qu’il faut pour obtenir la victoire, on le sent, mais on doit mieux jouer. Il faut trouver des manières de gagner », a-t-il commenté.

Revenu sur les lignes de côté la saison dernière, Popp n’est pas encore parvenu à replacer son groupe dans le chemin victorieux. Après l’hécatombe au poste de quart-arrière en 2015, les Alouettes se compliquent la vie en 2016.

« On a encore présenté une exécution insatisfaisante dans les trois phases du jeu. On dirait qu’à chaque fois qu’on se replace dans un match, les punitions s’accumulent ou un revirement survient si bien qu’on replonge encore », a admis le dirigeant.

En plus du rendement insuffisant en attaque, les Alouettes font preuve de beaucoup trop d’indiscipline. Cette fâcheuse habitude ne fait rien pour aider la cause.

Les partisans commencent à s'impatienter

« Ce serait facile de dire que les joueurs ne manquent pas de discipline parce que je suis avec eux tous les jours. Mais on a été puni et, peu importe les circonstances, on ne peut juste pas être réprimandé aussi souvent », a reconnu le grand manitou de l’équipe.

Comme Popp l’a précisé avec justesse dans son point de presse, les punitions ne sont pas seulement imposées à des joueurs manquant d’expérience.

« Les punitions sont écopées par des vétérans du club, des piliers. C’est simple, il faut tous se regarder dans le miroir et corriger le tir », a fait remarquer Popp qui aurait pu citer Kyries Hebert, Duron Carter et Winston Venable qui ont tous été pris en défaut contre les Lions de la Colombie-Britannique.

Une autre partie du sable dans l’engrenage offensif résulte des ennuis occasionnels de la ligne offensive. Le quintette composé, de gauche à droite, de Jacob Ruby, Philip Blake, Kristian Matte, Philippe Gagnon et Jeff Perrett a connu une soirée pénible contre le front défensif des Lions.

Les visiteurs ont amassé six sacs en profitant de mauvaises exécutions des hommes désignés pour protéger le quart Kevin Glenn.

« Peut-être qu’on a essayé de leur inculquer trop de trucs durant la semaine. Je pense à cette possibilité parce qu’on avait mieux fait dans une courte semaine en limitant les nouvelles instructions », a réagi Popp qui ne voulait pas blâmer un ou deux joueurs en particulier.

Le coup de barre doit survenir rapidement

Si l’éclatante victoire de 41-3 contre les Roughriders avait changé l’atmosphère dans le vestiaire des Alouettes, le revers encaissé contre les Lions a rapidement fait resurgir la frustration.

Nik Lewis, qui croyait avoir choisi une équipe gagnante en venant s’établir à Montréal l’an passé, ne s’habitue tout simplement pas à la défaite.  

Lions 38 - Alouettes 18

« C’est difficile pour moi de perdre un match tout simplement. J’ai eu la chance d’évoluer pour d’excellentes équipes. J’ai perdu plus souvent dans les 24 derniers matchs que dans les cinq dernières années! », a-t-il lancé sans détour.

« C’est vraiment éprouvant, mais je ne vais pas lâcher et mes coéquipiers non plus. On sait à quel point on peut être bon. Ça va prendre beaucoup de travail et ce sera satisfaisant d’atteindre ce rendement. Par contre, on ne peut pas attendre à la 12e semaine pour replacer les choses », a ajouté le meneur.

Lewis sait très bien que le portrait de la formation pourrait être modifié si la tangente ne subit pas une correction.

« C’est inacceptable d’avoir un dossier de 2-4. Les équipes perdantes procèdent à beaucoup de changements et il faut être capable de faire le travail (pour garder son poste). J’aime cette équipe, mais si on veut rester ensemble, il faut pouvoir gagner des matchs », a fait remarquer l'ancien des Stampeders.

Indiscipliné à ses heures et difficile à contrôler par moments, Duron Carter est l’un des rares joueurs offensifs qui ne peut pas être pointé du doigt pour son rendement actuellement. À preuve, il a réussi des prestations des 124, 115 et 115 verges à ses trois plus récentes sorties.

Carter ne voulait pas dénoncer personne, mais il souhaite voir un meilleur boulot de ses partenaires.   

« Il faut vraiment élever notre niveau d’exécution, on doit éliminer toutes nos petites erreurs. C’est une question de se présenter au travail et d’accomplir son boulot comme il se doit », a sommé le redoutable receveur.