Les déboires des Alouettes ont été médiatisés plus que jamais dans la dernière semaine. L'ajout de nouveaux conseillers démontre que c'est une équipe qui se cherche.

C'est peut-être très cliché, mais le seul moyen de se sortir de cette situation est de garder les choses simples. Visiblement, cette équipe n'est pas en mesure d'évoluer et d'avoir une attaque complexe. Il ne faut donc garder un plan de match rudimentaire en espérant que l'équipe exécute et que les joueurs gagnent leurs confrontations à un contre un.

Le personnel d'entraîneurs des Alouettes ne peut pas essayer de tout changer d'un seul coup. Il y a différentes approches pour préparer l'équipe et enseigner le plan de match, mais une chose est sûre, le plan de match ne peut pas être compliqué dans une telle situation.

Il n'y aurait rien de mieux qu'une victoire pour corriger cette situation. Je ne crois pas que les Eskimos d'Edmonton ou les Blue Bombers de Winnipeg ont des problèmes dans le vestiaire nécessitant l'embauche de conseillers spéciaux. Quand une équipe gagne, tout va bien. Il n'y a aucun problème au football qui ne peut être réglé par des victoires.

En fait, les Alouettes n'ont pas besoin de gagner pour avoir un sentiment d'accomplissement qui pourrait relancer l'équipe. Ils ont besoin de progresser et de faire bonne figure. Au-delà d'une victoire, démontrer des signes positifs pour créer de l'espoir dans l'équipe est la première chose importante.

Une gestion des quarts déficiente

On ne sait pas exactement ce qui se passe présentement avec les décisions organisationnelles à la position de quart-arrière. C'est une situation très particulière alors qu'on a substitué les quarts à quelques reprises lors du dernier match face aux Argonauts, vendredi dernier.

Ce n'est pas une gestion saine de quarts-arrières. Si ton quart partant ne produit pas, ce n'est pas une bonne idée de le ramener plus tard dans le match si le quart substitut ne livre pas la marchandise. Au football, quand tu remplaces ton quart, tu ne le ramènes pas plus tard dans le match. C'est jouer avec la confiance d'un joueur et lui envoyer des doubles messages. S'il est retiré du match pour de bon, le quart avalera la pilule et passera à un autre appel, chose qu'il ne peut pas faire s'il revient dans le match par la suite.

C'est comme un gardien au hockey, tu ne remplaces pas ton gardien en première période avant de le remettre dans le match en troisième. Dans le cas des Alouettes, utiliser un troisième quart aurait sans doute été une meilleure option que celle de ramener Smith plus tard dans le match.

Le personnel d'entraîneurs des Alouettes a choisi de miser sur Troy Smith pour le prochain match. Peut-être a-t-on jugé que c'était celui qui donnait une meilleure chance de gagner aux Alouettes après avoir revisé les bandes vidéo du dernier match. Je ne suis toutefois pas convaincu que ce soit le cas.

Je crains de voir le scénario de la semaine dernière se répéter alors que Smith a été retiré du match. Par contre, je ne crois pas que l'on revoit un jeu de chaise musicale comme à Toronto. Peut-être sera-t-on plus patient avec Smith en se disant que si on le remplace, ce sera pour de bon, mais la laisse de Smith est encore très courte.

À qui la faute?

Difficile de pointer quelqu'un du doigt pour les problèmes de l'équipe. Avec la gestion des dernières années, notamment les changements au sein du groupe d'entraîneurs qui n'ont pas toujours été efficaces, il est certain que l'organisation a sa part de blâme pour ces difficultés. De plus, l'organisation n'a pas été en mesure de préparer adéquatement la relève au poste de quart.

À l'heure actuelle, il faut toutefois blâmer les entraîneurs. L'équipe est remplie de bons joueurs, mais elle n'arrive pas à gagner. Ce n'est pas pour rien qu'on amène des conseillers spéciaux, le coaching est déficient et c'est ce qu'on veut corriger.

Une situation très curieuse

Je trouve très curieuse l'arrivée de Jeff Garcia comme consultant. Je ne remets pas en doute ses compétences, mais j'ai de la difficulté à saisir la stratégie des Alouettes avec cette embauche. L'équipe a déjà engagé Don Matthews et Turk Schonert comme consultants la semaine dernière et voilà qu'on ajoute un troisième consultant alors que les deux autres n'ont même pas eu le temps de mettre leur plan à exécution. De plus, Garcia se joint à ce groupe sans même que son rôle soit établi. Il faut avant tout que ce soit clair. Mettre tout ce beau monde ensemble sans ligne directrice n'apportera rien de bon.

Il ne faut pas oublier que Garcia a mentionné aux Browns de Cleveland qu'il souhaitait jouer pas plus tard que l'an dernier. Semble-t-il qu'il s'entraîne extrêmement fort. On sent qu'il n'a jamais voulu arrêter de jouer au football. Il allé jusque dans la United Football League (UFL) pour continuer à jouer.

Il a même dit en entrevue qu'il aurait de la difficulté à refuser si les Alouettes lui demandaient de jouer. Je trouve cette situation très particulière, étant donné qu'il sera sans doute mandaté pour aider les quarts-arrières. Il sera plus difficile pour les quarts en place d'accepter les conseils de Garcia. Ils pourraient presque voir ce dernier comme un éventuel rival. On en vient à se demander qui serait la meilleure option au poste de quart : Troy Smith, Alex Brink, Tanner Marsh, Jeff Garcia ou même Ryan Dinwiddie. On pourrait même ajouter le nom de Turk Schonert un coup parti. Bref, c'est très curieux ce qui se passe chez l'unité offensive des Alouettes.

Cela dit, Garcia, Matthews et Schonert ont énormément de connaissances et de vécu dans le football professionnel et il ne fait aucun doute qu'ils peuvent aider les Alouettes. Par contre, la structure a été mal établie et j'ai de la difficulté à voir plus loin que cela.

*Propos recueillis par Jean-Philippe Daigle