Les Alouettes n'ont pas « fini » le travail
Alouettes dimanche, 19 sept. 2021. 14:42 samedi, 14 déc. 2024. 20:45Je dirai qu’on doit parler une fois de plus d’une prestration frustrante à domicile pour les Alouettes de Montréal avec ce revers devant les Lions de la Colombie-Britannique.
On sent que les Alouettes sont rapidement placés dans les câbles à la maison et ils sont forcés de jouer du football de rattrapage. Si je reviens au match devant les Tiger-Cats de Hamilton, les Montréalais tiraient de l’arrière 10 à 0 et on doit dire qu’en 120 minutes de jeu à domicile, jamais les Alouettes n’ont mené au tableau indicateur.
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Je sais que la rencontre de samedi était chaudement disputée, mais il va tout de même falloir trouver une manière de mieux entamer les parties. Il faut se placer dans le siège du conducteur et non dans celui de passager qui doit par la suite rattraper la mise.
Lorsqu’on jette un coup d’oeil sur certaines statistiques offensives, nous sommes en droit de croire que l’attaque a connu une bonne rencontre. Elle a tout de même amassé un total de 453 verges en attaque et 183 verges au sol. Le problème, c’est que l’unité offensive des Alouettes a été productive, mais entre les deux lignes de 20 sur le terrain. Ils ont obtenu la majorité de leurs verges en milieu de terrain, mais lorsque venait le temps de conclure dans la zone payante, c’était pénible.
Je considère qu’il y a bien des calories vides puisque l’attaque n’a pas été en mesure de bien finir les séquences. C’est d’ailleurs ce que je retiens de ce match chez les Alouettes : les difficultés à « finir » le travail.
Quand tu te retrouves quatre fois dans la zone payante en quatre occasions et que tu n’inscris aucun touché, c’est certain que ça pèse dans la balance quand tu t’inclines 27 à 18.
Les Alouettes auraient pu obtenir 28 points avec ces quatre présences profondément dans le territoire des Lions, mais ils ont dû se contenter de neuf points avec trois placements et une interception. Ce n’est pas grand chose, mais si les Alouettes avaient simplement inscrit deux touchés à ce moment, ils auraient été à 26 points.
On dit aussi pour s’amuser que les Alouettes n’allouent pas une pénalité coûteuse qui a permis à leurs adversaires d’ajouter des points au tableau et soudainement Montréal aurait été aux commandes.
Si la défense n’avait pas permis deux touchés aux Lions en trois présences pour leur part dans la zone payante... vous comprenez qu’il s’en est fallu de peu pour que le match ait un tout autre dénouement et que c’est l’incapacité des Alouettes à finir le travail tant offensivement que défensivement qui a fait la différence.
La défense a aussi connu sa part d’ennuis même si elle a été en mesure de limiter l’attaque des Lions lors de la majeure partie de la rencontre. Toutefois au quatrième quart, elle a accordé un touché alors que BC avait le ballon avec 10 minutes à faire. Les Alouettes ont répliqué avec un nouveau placement.
L’unité offensive des Lions a enchaîné avec 10 jeux pour écouler plus de trois minutes au cadran. Les Alouettes n’ont pas été capables de remonter le terrain par la suite pour menacer véritablement les Lions en fin de rencontre.
J’ai donc l’impression que le mot « finish » va revenir souvent dans les réunions d’équipe cette semaine pour les Alouettes.
Il est aussi difficile de gagner un match lorsque ton ratio de revirement est à moins-3. La défense a répondu présente par contre à ces moments, n’accordant aucun point à la suite d’un revirement qui profitait aux Lions. Les Alouettes ont écopé de sept pénalités pour 75 verges, dont trois ont fait en sorte que la Colombie-Britannique a obtenu un premier jeu pour poursuivre sa séquence. Au lieu de dégager après un deuxième essai et neuf verges ratés, les Lions ont enchaîné avec un placement.
Ces derniers ne se sont pas tirés dans le pied dans ce match et ils ont été la meilleure équipe pour exécuter. Le football est un jeu d’erreurs et c’est habituellement l’équipe qui en fait le moins qui va l’emporter. Les Lions ont prouvé cette tournure des événements et il faut aussi leur donner du mérite.
Je m’amusais durant le match à appeler Mike Reilly le « Roi Lion », mais il est véritablement le coeur de cette unité offensive. Les Lions ne veulent pas véritablement courir et on l’a bien remarqué samedi. Tout passe par Reilly et il répond présent.
Si on compare avec la situation de Vernon Adams fils, ce n’est pas la même approche, car on veut utiliser William Stanback pour lui permettre d’avoir plus de liberté pour lancer par la suite. Le quart des Alouettes a connu une soirée difficile au boulot et ce n’est jamais rassurant pour un quart d’avoir plus de passes incomplètes que de passes complétées.
Il a rejoint ses receveurs 16 fois, mais il a manqué la cible en 20 occasions. Il a pris de mauvaises décisions, j’ai trouvé qu’il manquait de patience en allant souvent dans les zones profondes même si le jeu n’était pas là, mais il a aussi réalisé de bons jeux. C’est un peu ce qui se déroule avec Adams fils cette saison comme il nous faire dire « wow », mais tant positivement que négativement selon sa prise de décisions.
C’est beaucoup en montagnes russes depuis le début de l’année et il faudra corriger la situation. Il n’est pas seul toutefois dans les ennuis offensifs. On n’a qu’à penser à Eugene Lewis qui n’a capté que quatre des 11 ballons dirigés vers lui.
Depuis le début de l’année, il a été visé 42 fois par son quart et il n’a saisi que 20 ballons. C’est en bas de 50 % comme taux de réussite, ce qui est grandement insuffisant pour un receveur qui est censé être au coeur de tes succès. Je ne regarde pas ici comment chaque passe n’a pas été attrapée, que ce soit de sa faute, celle du quart ou d’un beau jeu défensif, mais pour celui qui devrait être ton receveur no 1, le ballon n’est attrapé même pas la moitié du temps. C’est inquiétant.
Du côté des Lions, Lucky Whitehead a répondu présent, Bryan Burnham s’est aussi illustré même s’il était visiblement mal en point. C’est donc un élément de frustration chez les Alouettes, car même si un joueur devrait être bon, il y en a d’autres qui peuvent faire le travail si jamais il ne connaît pas un bon match. Lewis aurait pu inscrire aisément deux touchés contre les Lions, mais il a échappé le ballon.
Les Alouettes doivent ainsi mieux distribuer le ballon. Je sais que les passes dans les zones profondes font partie de l’ADN des Alouettes, mais cette année, les receveurs ne semblent pas remporter leurs batailles avec les demi défensifs. Dans un match chaudement disputé, il n’y avait pas l’urgence de forcer la note aussi souvent.
La défense des Lions ne s’est pas cassé la tête avec la zone. Dans les dernières semaines, on a réalisé que Vernon Adams semblait éprouver des ennuis devant cette stratégie défensive. Ce qui est intéressant dans cette facette, c’est que les demi défensifs ont les yeux sur le quart et le ballon. Ils ont bien répondu à l’appel comme la tertiaire a rabattu 11 passes du quart des Alouettes, en plus des deux interceptions. Il y a aussi eu deux passes rabattues à la ligne de mêlée. J’ai rarement vu de tels chiffres ce qui prouve l’efficacité de cette stratégie.
On sent qu’une fois le ballon dans les airs, les demis défensifs des Lions veulent autant le saisir que les receveurs et on en a eu la preuve hier.
Les Alouettes n’ont pas le temps de se morfondre trop longtemps avec cette défaite, car ils entament un segment de cinq matchs contre des rivaux directs au classement, à commencer avec les Argonauts de Toronto dès la semaine prochaine. Au moins, le classement est serré dans l’Est et aucune équipe n’est en mesure de prendre ses distances. Il faut toutefois se ressaisir et arrêter les erreurs d’exécution.
La première interception d’Adams dans la zone des buts est un mauvais placement du ballon et la deuxième est tout simplement un péché capital pour un quart. Il ne faut jamais lancer à contre-courant vers le centre du terrain en te déplaçant. Il a voulu enfiler son costume de Super-man, mais en forçant la note, il commet des revirements actuellement.
Il fait partie de la solution, mais contrairement à Mike Reilly chez les Lions, il ne doit pas être LA solution à lui seul. Il est vrai que Khari Jones n’était pas en poste samedi, mais je n’ai pas vu d’erreur flagrante en terme de stratégie de la part d’André Bolduc qui a pris la relève. Je crois qu’il a peut-être manqué la capacité de Jones pour calmer son quart comme il a travaillé avec lui dans les dernières saisons.
J’ai évidemment que de bons mots pour David Côté. Pour sa part, il a su exécuter lorsque l’équipe a eu besoin de lui avec six placements. L’organisation devra maintenant trouver un moyen de jouer du meilleur football devant ses partisans pour la suite.
Propos recueillis par Maxime Tousignant