On avait hâte de regarder ce match contre les Lions de la Colombie-Britannique parce qu’on voulait voir si les Alouettes parviendraient à confirmer leur bonne performance contre les Roughriders de la Saskatchewan.

On voulait savoir s’ils pouvaient coller deux victoires consécutives et vaincre une bonne équipe avec une fiche gagnante. On avait hâte de voir ce duel, mais le résultat a été décevant. C’est en quelque sorte un retour à la case départ. On a à nouveau plusieurs points d’interrogation chez une équipe qui se cherche.

Cette situation est frustrante pour tout le monde. Il n’y a pas que du mauvais lorsque je regarde les trois derniers matchs. Il faut gratter un peu sous la peinture.

Lorsqu’on se penche sur cette dernière séquence de trois matchs en 11 jours, on réalise que les Alouettes ont fait de bonnes choses.  

À Toronto, ils méritaient un meilleur sort parce qu’ils ont connu un bon match. Ils ont ensuite enchaîné avec une grosse victoire contre les Roughriders.

Lors du dernier affrontement contre les Lions, quelqu’un qui ne se fie qu’au pointage final va croire que ce n’était pas un bon match. Pourtant, en première demie, les Alouettes ne perdaient que par neuf points et, après trois quarts, par seulement cinq points. Il y a quand même du positif à tirer.

Le problème, c’est qu’ils ne parviennent pas à être constants. Au final, dans chacune des défaites, il y a toujours eu de gros jeux qui sont venus les hanter. C’est actuellement une équipe fragile, avec peu de confiance et lorsqu’elle fait face à l’adversité, elle n’est pas capable de répondre.

Lorsque je regarde les quatre défaites des Alouettes, il y a toujours un jeu qui n’est pas en leur faveur. À partir de ce jeu, le match devient à sens unique pour leurs adversaires.

Faisons l’exercice.

Dans le revers contre le Rouge et Noir, il y a eu la punition à Duron Carter. C’était 14 à 12 quand l’incident est survenu. Ottawa l’a finalement emporté 28 à 13. Contre les Tiger-Cats, c’était 5 à 4 pour Hamilton au troisième quart jusqu’à ce que Brandon Banks inscrive un touché sur un retour de botté. Le pointage était alors de 12 à 4 pour Hamilton qui a finalement eu le meilleur 31 à 7.

En ce qui concerne le match contre Toronto maintenant. C’était 22 à 16, seulement un écart de six points, mais Kevin Glenn a lancé une interception à la porte des buts. Toronto a ensuite inscrit huit points contre seulement un pour Montréal, pour avoir le dessus 30 à 17.

On arrive au match contre les Lions. Le jeu clé est l’échappé de Corbin Louks alors que les Alouettes tirent de l’arrière 23 à 18. Tout était possible encore, mais à partir de ce revirement, les Lions ont marqué 15 points sans réplique pour l’emporter 38 à 18.

Il y a toujours un jeu qui ne tourne pas en la faveur des Alouettes et c’est ce qui est frustrant. Il y a un point tournant dans le match, mais il n'est pas à l’avantage de Montréal. Ça doit changer, sauf que présentement, l’équipe ne joue pas avec un haut niveau de confiance.

Un petit coup de pouce

Oui, les Alouettes doivent être meilleurs et limiter les erreurs pour gagner un match, mais je pense qu’ils pourraient avoir un petit coup de pouce de Dame chance à certains moments. Présentement, ce n’est pas le cas.

J’aime dire que tu ne sais jamais comment un ballon de football va rebondir. C’est une boîte à surprise en raison de sa forme. En ce moment, les Alouettes ne peuvent compter sur un jeu où le ballon bondit favorablement dans leur direction.

Nous en avons encore eu un exemple jeudi. Quand Louks a échappé son ballon, les Lions l’ont récupéré et retourné pour un touché. Sensiblement au même endroit sur le terrain, au troisième quart, un receveur des Lions a échappé le ballon, mais avant qu’un joueur des Alouettes puisse le récupérer, le ballon a tout juste quitté le terrain.

Quand on dit : « pas de chance », c’est exactement ça.

Nous avions droit à un autre exemple contre la Saskatchewan. Billy Parker a récupéré un échappé, mais l’officiel a sifflé hâtivement au lieu de le laisser inscrire son touché. Même si, au final, ce jeu n’a pas eu d’incidence sur le match parce que c’était à sens unique pour la troupe à Jim Popp, on voit que les Alouettes ne peuvent avoir ce bond favorable.

Je reviens sur la défaite contre les Argonauts. En fin de première demie, le receveur Devon Wylie n’avait pas possession du ballon lors de son attrapé dans la zone des buts à mon avis, mais on a laissé aller.

On dit souvent que les bonnes équipes font leur chance mais, je le répète, avec la forme du ballon dans ce sport, un rebond inattendu pourrait sourire aux Alouettes.

Trop de jeux négatifs

Il ne faut pas se voiler la face non plus, les revirements ont encore fait mal lors du dernier revers. Il y a trop de jeux négatifs chez les Alouettes présentement. J’entends par jeux négatifs lorsque tu donnes le ballon à l’adversaire, trois revirements jeudi,  les pénalités, 10 au total, et les sacs, six.

Kevin Glenn l’a bien expliqué lorsqu’il a dit que les Alouettes ont fait un pas en avant, mais ensuite deux en arrière dans cette rencontre. Au football on veut faire avancer le ballon, mais présentement, les Alouettes le font reculer.

Du côté de l’attaque, on ne s’est pas donné beaucoup de chances avec trois revirements et peu de jeux au sol. Je ramène souvent le sujet sur le tapis, mais, dans mon plan de match, c’était important pour les Alouettes de courir.

C'est une question d’équilibre à l’attaque et quand on regarde les défaites des Lions contre Toronto et Calgary, on comprend l’utilité de cette facette du jeu. Ils ont accordé 108 verges au sol contre les Argonauts et 103 contre les Stampeders. À l’inverse, lors de ses victoires, la Colombie-Britannique n’a pas alloué beaucoup de verges au sol.

De plus, je me rappelle que l’an passé, les Alouettes avaient eu du succès au sol contre cette même équipe. Ils avaient amassé un total de 123 et 251 verges lors de leurs deux rendez-vous contre les Lions. Le jeu au sol devait être une partie intégrante du plan de match, d’autant plus qu’il aurait permis de contrôler le rythme de la rencontre, le temps de possession et de garder l’attaque de Jonathon Jennings sur le banc.

C’est dommage, parce que c’est à la suite de l’échappé de Brandon Rutley sur le premier jeu à l’attaque au troisième quart, que les Alouettes ont abandonné le jeu au sol. Ils avaient pourtant eu du succès lors de la première moitié du match à ce chapitre. Ils avaient enregistré 11 courses pour 65 verges. De ces gains, Rutley avait six courses pour 48 verges pour une moyenne de huit verges par course.

Sauf qu’il échappe le ballon sur ce jeu pour entamer la deuxième demie et c’est comme si on avait décidé d’abandonner. Le résultat : les Alouettes se sont tournés vers un football unidimensionnel avec le jeu aérien et c'était plus difficile. L’échappé a changé la donne.

Des défauts dans la protection

C’est certain que les insuccès des Alouettes à l’attaque s’expliquent aussi par le travail de la ligne à l’attaque.  Elle a accordé six sacs au cours de la rencontre. On est forcé d’avouer que la ligne défensive des Lions a de la profondeur. De ces six sacs, trois ont été enregistrés par des joueurs réservistes. Je dis bravo aux entraîneurs pour les avoir bien évalués et bravo aussi aux joueurs qui étaient bien préparés. Ils ont attendu l’occasion pour se faire valoir et ils l’ont saisi. Il faut leur donner crédit.

Cependant, du côté des Alouettes, Jacob Ruby a encore eu des ennuis. Ce qui peut être décourageant, c’est qu’il se fait battre souvent de la même façon, à l’intérieur. Ses adversaires exploitent forcément cette faiblesse.

Kevin Glenn n’est pas le quart le plus mobile, donc les ailiers défensifs peuvent attaquer à l’intérieur car, s’il s’échappe, ils seront sûrement en mesure de le rattraper. Il faut arrêter de donner le chemin le plus direct vers le quart-arrière. C’est normal pour un jeune comme Ruby de faire des erreurs et il va apprendre. Sauf qu’il semble toujours faire les mêmes.

Il y a donc la possibilité de mettre un joueur américain sur la ligne à l’attaque à la place de Ruby. La question n'est pas d’opposer les joueurs canadiens aux joueurs américains, mais de s'assurer de la ligne à l’attaque parce que tout part de là. J’aime mieux avoir une ligne à l’attaque dévastatrice, avec des receveurs et des porteurs de ballon moyens, car je suis d’avis que le ballon va avancer. À l’inverse, même avec les meilleurs receveurs et porteurs au monde, si la ligne à l’attaque éprouve des difficultés, le ballon n’avancera pas.

Il faut améliorer la protection du quart et s'il faut changer le ratio en choisissant un joueur international pour y arriver, alors il faut y aller.

Les Blue Bombers sont un bon exemple. Ils ont trois joueurs internationaux sur leur ligne à l’attaque, ce qui est très rare. Je leur lève mon chapeau parce qu’ils ont compris que même s’ils avaient d’excellentes stratégies, sans une bonne ligne à l’attaque, ça n’allait pas fonctionner. Ces ajustements, jumelés au changement de quart au profit de Matt Nichols, a permis aux Bombers de connaîtres deux bonnes sorties.

L’équipe risque peut-être de s’affaiblir à d’autres positions en changeant le ratio, mais au moins, elle pourra compter sur une bonne ligne à l'attaque. Il est alors possible de bien bouger le ballon.

Fin d'une séquence éprouvante

Je ne sais pas aussi si c’est le troisième match en 11 jours qui a affecté les Alouettes, mais c’était catastrophique en attaque au quatrième quart.

Les joueurs semblaient ne plus avoir d’énergie. Le résultat nous indique que ça les a rattrapés. Quand tu es fatigué, on remarque des manques sur le plan de la concentration. Quand le corps te lâche, le mental te lâche aussi.

Si on regarde les neuf premiers jeux à l’attaque du dernier quart, l’attaque a perdu un total de 31 verges. L’échappé pour un touché, une mauvaise remise, un sac, un autre sac, une passe incomplète, un touché de sûreté, une passe de 10 verges, une passe incomplète et un revirement sur un troisième essai.

Quand Rakeem Cato est ensuite arrivé dans la mêlée, il est allé chercher ce que j’appelle des calories vides. En trois jeux il a gagné 25 verges.  Ce sont des calories vides parce que ça ne voulait plus rien dire à ce temps-ci du match. Ils ont terminé le quart avec 12 jeux pour des gains de moins-6 verges. C’est dur à expliquer, mais tout porte à croire que la fatigue aura été un facteur.

Après avoir décortiqué le travail de l’attaque, je ferai de même avec celui des unités spéciales et de la défense lors de ma prochaine chronique.

Propos recueillis par Maxime Tousignant