Je suis surpris et non par le congédiement rapide de Dan Hawkins. Je suis un peu étonné parce que j’ai eu une longue discussion avec le directeur général Jim Popp la semaine dernière et il me disait que les décisions seraient prises pour le long terme.

Il me disait que congédier un entraîneur à ce moment n’est qu’une solution temporaire, mais il m’avait aussi confirmé qu’il allait s’asseoir avec le propriétaire Robert Wetenhall pour regarder toute la situation et analyser le travail de chaque personne.

J’ai donc vraiment l’impression que cette décision vient de M. Wetenhall. En fait, je ne pense pas que Popp voulait tant que ça hériter du poste d’entraîneur, mais c’est à quelque part la responsabilité qu’il doit assumer parce que c’est lui qui a embauché Hawkins.

À cette période de l’année, Popp passe beaucoup de temps à son domicile de la Caroline du Nord et il parcourt les camps de la NFL. Ça fait son affaire et on se souvient que sa dernière expérience comme entraîneur n’a pas été si positive.

Je ne suis pas surpris de ce revirement en considérant le rendement des Alouettes depuis le début de la saison. Il fallait brasser la cage d’une façon ou d’une autre et il fallait que quelque chose change.

Cette décision confirme ce que nous disons depuis le début du calendrier 2013, c’est le « coaching » qui est le problème à Montréal. Après tout, les Alouettes disposent de la même formation à quelques détails près; ils ne vivent pas de nombreux changements comme les Blue Bombers ou les Argonauts par exemple.

Alors voici, à mon avis, la raison pour laquelle Hawkins a été limogé : le mandat qui avait été donné aux entraîneurs par Popp et Wetenhall était de continuer sur la voie tracée par Marc Trestman. On voulait un groupe d’entraîneurs qui pouvait poursuivre avec ce système.

Les dirigeants se disaient que c’était le même groupe de joueurs et que ce système avait prouvé sa valeur. Les dirigeants ne voulaient pas que le contexte change trop surtout avec un quart-arrière en fin de carrière, mais Hawkins et ses adjoints sont arrivés ici avec un système complètement différent. Des discussions sont survenues à plusieurs reprises entre la haute direction et les entraîneurs pour voir comment on allait ajuster les choses.

On a même vu Popp sortir publiquement durant le camp d’entraînement pour dire qu’il n’était pas entièrement satisfait du déroulement des choses. On a aussi vu le système de jeu changer à quelques occasions et on a confirmé cela en parlant aux joueurs.

L'entraîneur n'a pas gagné son vestiaire
L'entraîneur n'a pas gagné son vestiaire

On a tenté de s’ajuster, mais ça prend quelqu’un pour diriger le système de Trestman et il ne reste personne de ce régime puisque Marcus Brady et Scott Milanovich sont aussi partis. On entend plusieurs personnes dire qu’Anthony Calvillo aurait pu s’occuper de cette mission, mais ça ne fonctionne pas ainsi. Calvillo peut donner ses impressions et partager ses connaissances, mais ça prend un entraîneur pour diriger le tout. Hawkins et ses adjoints ont tenté de continuer avec leur système un peu modifié, mais ça ne fonctionnait pas.

Voilà pourquoi j’en viens à la conclusion que Wetenhall et Popp n’étaient pas contents et que ça ne changeait pas assez vite à leur goût. S’ils ont pris cette décision, c’est parce qu’ils ne croyaient pas ça changerait rapidement.

Je crois aussi que le comportement de Hawkins a contribué à son renvoi. S’il avait agi avec humilité et ouverture, il aurait peut-être gagné quelques semaines ou mois de répit. Au contraire, il semblait au-dessus de ses affaires et sa réaction de s’esclaffer de rire quand on le questionnait sur son avenir était particulière. Il donnait l’impression de s’en foutre, mais il n’a jamais démontré vouloir changer et s’amuser ici.

Quand les dirigeants réalisent cela, ils préfèrent passer au suivant. Oui, les Alouettes devront payer son contrat pendant trois saisons, mais Hawkins vient peut-être de ruiner sa carrière d’entraîneur avec ce passage peu reluisant à Montréal.

Je ne suis même pas certain si le réseau ESPN voudra le reprendre comme analyste après avoir été congédié si rapidement.

Popp assumera plutôt un rôle de superviseur

L’autre grande question s’avère de savoir si Popp représente la bonne personne pour assumer ce poste névralgique.

En 2006, Popp avait complété la saison comme entraîneur parce que Don Matthews avait dit en partant que personne n’était pas prêt pour le remplacer. Je faisais partie de cette équipe et l’erreur de Popp avait été de prendre la barre de l’équipe la saison suivante en 2007 alors que nous avions terminé avec un dossier de 8-10.

Jim Popp et Dan HawkinsPopp me disait qu’il ne voulait pas remplacer Hawkins par un entraîneur par intérim car c’est certain que ce n’est pas ce nouvel homme qui garderait le poste l’an prochain. J’en comprends que Popp n’assumera pas ces fonctions en 2014. Ainsi, je me dis que cette solution est meilleure que Doug Berry par exemple car Popp devra surtout assurer un rôle de supervision.

En se joignant au groupe d’entraîneurs, Popp regardera de près le système qui est utilisé et il pourra refuser telle façon de faire et imposer telle chose. Il pourra aussi inciter les autres entraîneurs à écouter Berry quand il parle. À ce sujet, est-ce que Berry ne parlait pas en souhaitant que Hawkins et Mike Miller se plantent ? Peut-être. Ou est-ce que personne ne l’écoutait ? C’est possible.

Chose certaine, Popp sera maintenant au cœur des activités pour évaluer ce qui se passe. Il pourra par exemple demander à Berry d’expliquer comment il gère une fin de match corsée ou d’établir un plan à suivre en situation de deuxième essai et court gain à obtenir.

Bref, je vois Popp comme un superviseur qui pourra évaluer l’ensemble des entraîneurs pour prendre des décisions éclairées durant la saison morte. Il déterminera qui reste, qui est congédié, qui mérite une promotion…

On critique beaucoup le fait qu’il passe beaucoup de temps aux États-Unis et c’est un problème. Je pense que M. Wetenhall se dit que c’est correct, mais quand l’équipe gagne des matchs et des championnats sinon il doit être sur place quand les défaites surviennent.

J’en conclus que la décision vient d’en haut et je suis convaincu qu’Anthony Calvillo a été consulté comme il l’avait été pour les embauches. C’est évident que Wetenhall a discuté avec Calvillo depuis le début de la saison.

*Propos recueillis par Éric Leblanc.