Les Alouettes ont pu savourer une belle victoire devant leur plus grosse foule de la saison durant un très beau dimanche après-midi au Stade Percival-Molson.

Ce fut une belle journée pour toute l’organisation, que ce soit pour les opérations football ou les employés du département administratif.

Les Alouettes ne pouvaient pas se permettre d’échapper cette rencontre. Avec la victoire, ils reviennent à une fiche de 3-3 à domicile. Ce n’est pas suffisant, mais au moins on revient à la barre des ,500. Il reste maintenant trois matchs à la maison aux Oiseaux.

Les Argonauts seront les prochains à visiter le Stade Percival-Molson, eux qui en arrachent présentement. Il y aura ensuite les Tiger-Cats que les Alouettes ont déjà battus deux fois. En plus, leur quart-arrière Zach Collaros s’est blessé et il ratera le reste de la saison. Finalement, les Roughriders seront les derniers visiteurs de la saison régulière et ils présentent la pire fiche du football canadien.

Bref, on peut dire mission accomplie pour le match face aux Blue Bombers. Les Alouettes avaient besoin de remporter leurs quatre derniers matchs à domicile et le premier est dans la poche.

Il est certain que Winnipeg ne présente pas du beau football actuellement. L’équipe a beaucoup de blessés et ça ne va pas très bien sur le terrain. Mais, c’est le problème des Bombers, pas celui des Alouettes. Ils commençaient donc ce match comme favoris et ils étaient censés l’emporter. C’est ce qu’ils ont fait.

J’ai aimé que les Alouettes jouent à leur niveau et non pas à celui de leurs adversaires. Quand les trois facettes du jeu fonctionnent, les Alouettes sont une équipe beaucoup plus compétitive.

Les Alouettes ont bien profité de leur semaine de congé. C’était clair pour moi qu’ils étaient la formation avec le plus d’énergie, la mieux préparée et l’équipe qui s’est présentée avec le plus d’intensité. Ils ont gagné la bataille de la robustesse et ils ont brassé les Bombers. On pouvait facilement le voir tôt dans le match.

Si tu veux voir le niveau d’intensité et d’énergie d’une équipe, tu n’as qu’à regarder les unités spéciales. Ce sont des joueurs qui proviennent tant de l’attaque que de la défense qui se réunissent sur les unités spéciales. Ça donne toujours une idée sur ce qui se passe du côté de l’énergie.

Dimanche, de ce côté, c’était à sens unique en faveur des Alouettes. La première fois que Stefan Logan a touché au ballon, il a donné le ton au match avec un retour de 31 verges. Ce jeu a permis aux Alouettes de marquer trois points sur la première séquence. Évidemment, son touché sur un retour de 78 verges a été important aussi. Sur le premier jeu du troisième quart, il a encore une fois donné le ton à la deuxième demie avec un retour de 98 verges.

Logan la bougie d'allumage

Alors Stefan Logan, mine de rien, sur ces trois jeux-là, on peut dire qu’il est directement responsable de 17 points des Alouettes. C’est clair que les unités spéciales ont donné une leçon à celles des Blue Bombers. Dans la case intensité et énergie, on coche du côté des Alouettes sur toute la ligne.

Avec une semaine de congé, on a vu une équipe préparée en début de match. Les Alouettes ont bien commencé la rencontre en disputant une bonne première demie. C’était 22-3 après les deux premiers quarts.

La première séquence offensive des Oiseaux était la première d’Anthony Calvillo en tant que sélectionneur de jeu. Nous avons vu des jeux qui étaient faciles à compléter. L’attaque est allée chercher du rythme avec un placement. Le ballon a été distribué à plusieurs joueurs.

Par la première séquence de l’attaque et de la défense, par la performance de l’équipe en première demie, on peut cocher Alouettes dans la case préparation. De ce côté-là, je trouve cela très intéressant.

Bravo à Logan qui a fait la différence dans ce match. Il a été l’étincelle de l’attaque puisqu’il leur a donné de courts terrains. L’unité offensive a pu marquer des points. Pour mettre en perspective la performance de Logan, il a gagné 273 verges sur les retours. C’est 26 verges de plus que l’attaque au grand complet.

Crompton efficace

On dira ce qu’on veut de Jonathan Crompton, il y a une chose qu’il fait et c’est qu’il gagne des parties de football. Je mets un bémol puisque les Alouettes ne vont pas gagner à cause de lui. En fin de compte, force est d’admettre que les Oiseaux l’emportent quand il est le quart partant. Je ne sais pas si c’est parce que l’équipe le connaît bien. Les entraîneurs savent quelles sont ses lacunes et ça leur permet d’avoir des plans de match réalistes.

On ne rêve pas en couleur du côté des entraîneurs lorsque Jonathan Crompton est le quart-arrière sur le terrain. Ils connaissent la recette avec lui. Ce sont la défensive, les unités spéciales, le jeu au sol et quelques passes qui vont faire gagner les Alouettes.

On ne veut pas lui en demander trop. Quand Crompton est à la barre des Alouettes, tout le monde est conscient de la situation et les joueurs exécutent bien le plan de match. C’était aussi comme ça l’an passé.

Quand c’est Rakeem Cato, on se permet de rêver un peu en couleur parce qu’il est un meilleur passeur que Crompton. Parfois, on commence à rêver et à en mettre un peu trop sur les épaules du jeune quart. On commence à être plus audacieux sur le jeu aérien et c’est une situation qui est arrivée régulièrement sous les ordres de Turk Schonert.

Quand Rakeem Cato va revenir aux commandes de l’attaque, il sera intéressant de voir comment l’équipe va gérer tout ça.

La recette de dimanche en est une qui a fait ses preuves chez les Alouettes. Vu que les entraîneurs connaissent bien Crompton et ses limites, on est réaliste et on construit des plans de match en conséquence. Ces derniers sont suivis par les joueurs.

Crompton a montré un dossier de 8-2 l’an dernier comme partant. Cette saison, il montre une fiche de 1-1, mais il n’a même pas terminé le premier match.

Nous avons vu Crompton à son meilleur. Comme je dis souvent à la blague, c’est le gars après un jeu où l’on va dire « Wow! Quel beau jeu! » et qu’après un autre « Wow! Quelle erreur! ». C’est un joueur qui va faire en sorte que tu te grattes la tête après certains jeux. Mais les Alouettes savent à quoi s’attendre. En fin de compte, il va souvent limiter les erreurs et il va permettre à l’équipe de rester dans le coup.

En général, et son dossier le démontre, ce n’est pas lui qui va faire perdre l’équipe. Ce n’est pas lui qui va la faire gagner, mais il ne sera pas la cause de la défaite.

Lorsqu'il est aux commandes, on dirait qu'on ne se fait pas d’illusion et on ne dévie pas du plan de match. Lorsque Cato va revenir, il va falloir rester avec cette vision et ce plan de match même s’il est plus précis et qu’il est à la base un meilleur passeur que Crompton.

Samuel GiguèreCrompton a lancé deux passes de touché et deux interceptions. La première interception, je vous avoue que c’était une mauvaise passe alors que le receveur était dans une double couverture. La deuxième, ce n’est pas de sa faute. Il y a eu de la confusion du côté de la ligne à l’attaque et on a laissé un secondeur des Bombers se rendre directement à lui. Il a été frappé au moment de décocher sa passe et elle a été molle. Donc, il n’a fait qu’une erreur majeure.

C’est le manque de constance qui est un peu frustrant lorsqu’on le regarde comme quart. Les jeux étaient là et les receveurs étaient disponibles. Quelques fois, il mettait le ballon dans les numéros, mais d’autres fois il le lançait le ballon 10 pieds au-dessus du receveur. Malheureusement, c’est un peu sa marque de commerce. Mais comme je vous dis, les Alouettes gagnent quand même et son pourcentage de victoires est très élevé.

Rakeem Cato a souvent bien joué en connaissant de bonnes performances, mais les Alouettes ne gagnaient pas. C’est quand même particulier comme situation. Je pense que tout revient à la recette utilisée dimanche face aux Bombers et il ne faut pas l’abandonner.

J’ai beaucoup aimé l’implication de Samuel Giguère. Il a été le joueur le plus productif de l’attaque face à Winnipeg. Il a touché au ballon à six reprises (4 réceptions, 2 courses) pour 98 verges de gains tout en inscrivant un touché.

Les Alouettes ont seulement réalisé trois jeux explosifs. Giguère en a eu deux. Il y a eu son touché de 41 verges qui était sur une très belle passe de Crompton. Giguère s’est bien ajusté à la trajectoire du ballon. Giguère a aussi gagné 25 verges sur l’une de ses deux courses.

Ce match a été de loin son meilleur dans l’uniforme des Alouettes. On lui a donné la chance de faire la différence et il a répondu. C’était intéressant à voir.

Quand on parle de l’attaque, on se doit d’analyser le travail du nouveau sélectionneur de jeu, Anthony Calvillo. On a bien réalisé que c’était lui qui appelait les jeux parce que ça ressemblait beaucoup à ce qu’il faisait lorsqu’il était le quart des Alouettes sur les premières séquences. L’attaque a effectué plusieurs petites passes pour prendre du rythme, aller chercher de la confiance et distribuer le ballon à tous les receveurs pour les rendre heureux. Ça ressemblait exactement à ce que Calvillo aimait faire et ç’a été bien exécuté par Crompton.

Là où Calvillo s’est démarqué, c’est lors de certaines situations bien précises. La première séquence était bien préparée pour aller chercher de la confiance et du rythme. Il y a eu un moment où les Alouettes connaissaient une mauvaise série. L’équipe a écopé de plusieurs pénalités et c’était un deuxième essai et 15 verges à gagner. Calvillo ne sait pas casser la tête et il a sélectionné une course de Tyrell Sutton qui a couru sur cinq verges.

Anthony CalvilloCalvillo a compris un principe du football qui est parfois oublié. Un botté de dégagement, surtout quand tu as un botteur comme Boris Bede, c’est un excellent jeu au football. Cette séquence m’a démontré que Calvillo comprenait cela. Son travail était de ne pas mettre Crompton dans une situation où il pouvait effectuer une erreur. Il a choisi une course surtout que la défense jouait très bien et les ajustements ont été faits pour la séquence suivante.

Un autre exemple est lorsque les Alouettes ont pris le ballon à la ligne de 10 après le retour de Logan au début du troisième quart. Il est clair qu’à la porte des buts, on s’attendait à une défensive en homme à homme. Calvillo a sélectionné un jeu pour S.J. Green et les Alouettes ont marqué un touché immédiatement.

On peut dire mission accomplie pour l’attaque même s’il y a eu quelques passages à vide et des situations de deux jeux suivis d’un botté. On a quand même fait le boulot. Certains diront que l’attaque n’a récolté que 247 verges, mais il faut faire attention puisqu’elle travaillait sur des terrains courts. Quand tu prends le ballon à la ligne de neuf verges après un long retour de Logan, pour marquer un touché, tu ne peux pas gagner plus de neuf verges.

Ce n’était pas parfait, mais on a eu suffisamment de succès avec le jeu au sol. La ligne à l’attaque a bien protégé Crompton outre la fois où il a été intercepté. On a gagné la bataille des revirements, des sacs du quart et la guerre des tranchées.

Une défense destructive

La défense a continué son travail de démolition. C’était vraiment plaisant de la voir jouer de cette manière. Je comprends qu’on parle beaucoup de la défense des Eskimos et des Tiger-Cats, mais celle des Alouettes ne donne pas sa place non plus.

Il y a un mélange très intéressant. C’est un cocktail explosif de robustesse et de rapidité. On l’a vu encore une fois alors qu’on frappait tout ce qui bougeait. Le front défensif s’occupe de frapper le quart et de le rendre nerveux. La tertiaire s’occupe de frapper les receveurs et les rendre nerveux à leur tour.

Tout d’un coup, les receveurs sont un peu moins courageux. Les bras raccourcissent un peu quand vient le temps de capter des ballons dans des couvertures serrées. En ce sens, les Alouettes ont réussi à intimider les Blue Bombers.

Dès le début du match, les joueurs défensifs ont été très combatifs. On a amené de la pression. On a joué en défense d’homme à homme. On n’a jamais laissé le quart-arrière Matt Nichols et ses receveurs prendre du rythme. Ce plan de match est le résultat de facteurs que tu identifies dans ta préparation.

Si on veut faire de l’homme à homme, il faut que les demis défensifs soient capables de courir avec leurs receveurs de passe. Si c’est le cas, on peut donc penser à faire beaucoup de stratégies avec de l’homme à homme et amener de la pression sur le quart. Je pense que les entraîneurs ont bien établi cela contre les Bombers.

Aussi, quand tu mets de la pression tôt dans le match, tu affectes le moral du quart-arrière et son synchronisme avec ses receveurs. Il veut lancer le ballon plus rapidement pour éviter de se faire frapper.

De plus, cette stratégie peut être utilisée quand tu crois que ton front défensif est capable de battre la ligne à l’attaque et la protection. C’est exactement ce qui s’est produit dimanche. Avec tout ça, on comprend pourquoi le coordonnateur défensif Noel Thorpe a choisi la combativité. L’unité défensive a attaqué du début à la fin et ç’a donné le résultat qu’on connaît aujourd’hui.

Les pénalités sont le seul petit côté négatif en défense. Il y a eu sept punitions pour rudesse, mais ça n’a pas fait mal à l’équipe. Les joueurs vont devoir contrôler leurs émotions.

Si tu veux avoir une défense qui est intrigante et qui joue la carte de la robustesse, les pénalités viennent un peu avec ce style. Tu dois être capable de vivre avec les pénalités de rudesse.

On ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs. Dans un match chaudement disputé, 13 pénalités pour 135 verges, ça peut faire basculer le match pour l’autre équipe. Cette semaine, ce n’était pas le cas.

J’ai toutefois trouvé que certaines pénalités étaient tirées par les cheveux. Il y a des pénalités de rudesse qui selon moi étaient du football robuste, solide et fait dans la légalité, mais les arbitres en ont jugé autrement.

Les équipes demandent aux arbitres de protéger les joueurs. L’élément sécurité est très important. En cas de doute, les consignes données aux arbitres sont de pencher du côté de la sécurité. S’ils ne sont pas certains, le mouchoir va sortir.

Somme toute, les Alouettes ont fait le boulot sur les trois facettes et on a déjà hâte au prochain match qui aura lieu en Saskatchewan, dimanche prochain.

*Propos recueillis par Christian L-Dufresne