Après avoir démontré de belles choses au cours des dernières semaines, les Alouettes ont été ramenés sur terre en s’inclinant la semaine dernière devant les Eskimos d’Edmonton.

Cette défaite a fait mal, étant donné que l’attaque n’a pas été en mesure de produire, malgré une excellente prestation de la défense. Il faut dire que le match était disputé sur la route dans un endroit particulièrement hostile, mais cela demeure des excuses.

La réalité, c’est que les Alouettes étaient fatigués au quatrième quart et qu’ils n’ont pas été capables de maintenir le rythme. Le jeune quart-arrière Jonathan Crompton en était à son troisième départ seulement dans la Ligue canadienne de football et il était inévitable qu’il connaisse un jour une mauvaise sortie. Il ne peut pas être instantanément le prochain Calvillo.

Les choses ne seront pas nécessairement plus reposantes cette semaine, alors que les Oiseaux croiseront le fer avec les Stampeders de Calgary, la meilleure équipe du circuit. Mais cette rencontre sera disputée au Stade Percival-Molson et les dernières semaines ont prouvé que les Alouettes peuvent être continuellement dans le coup en raison de leur unité défensive.

Qui plus est, les Stampeders s’amèneront à Montréal diminués en raison des nombreuses blessures aux lignes à l’attaque et défensive. Et comme si ce n’était pas assez, ils seront également privés de leur meilleur receveur de passes Marquay McDaniel et de leur quart numéro un Bo Levi Mitchell. Reste que battre les Stampeders s’avérera tout un défi.

Les représentants de l’Ouest ont prouvé maintes fois leur profondeur et peuvent surtout compter sur le meilleur demi - si ce n’est pas le meilleur joueur de la ligue - Jon Cornish. Avec une moyenne de 117,4 verges par match depuis le début de la saison, tout reposera sur ses épaules. En remplacement de Levi Mitchell, le substitut Drew Tate n’est également pas vilain. Il tente toutefois des jeux risqués et les Alouettes devront en profiter pour créer des revirements.

Cela dit, les Alouettes n’ont aucune raison de ne pas croire en leurs chances, puisqu’ils ont encore espoir de terminer au premier rang de leur division. Les entraîneurs et les joueurs doivent trouver des sources de motivation tout au long de la saison et le classement en est une excellente. Les Alouettes vivent sur l’espoir de relancer leur saison. Il n’y a pas de raison que les joueurs approchent la dernière portion de la saison avec énormément d’énergie.

Des honneurs mérités

Le match de dimanche contre les Stampeders sera également celui du Temple de la renommée du football canadien, alors que Ben Cahoon, Uzooma Okeke et Wally Buono seront au nombre des intronisés.

Du lot, Cahoon est sans l’ombre d’un doute celui que je connais le plus. Lorsque j’ai fait mon entrée dans la ligue en 2005, c’était déjà un vétéran bien établi qui avait déjà quelques records derrière la cravate. Bref, il était énormément respecté et je ne me souviens pas avoir remporté beaucoup de batailles à un contre un face à lui pendant le camp d’entraînement!

Même s’il n’était pas le plus grand, le plus gros et le plus fort, Cahoon était certainement le plus fiable. Il courait toujours de bons tracés et excellait en couverture de zone. C’était clairement un athlète sous-estimé. Avec ses mains, il était littéralement capable de capter toutes les passes.

Cahoon, c’était également le genre de gars à se faire frapper au centre du terrain et se diriger immédiatement vers le vestiaire pour soigner un bras cassé. Les autres joueurs se seraient étendus sur le terrain afin d’attendre les soigneurs. Mais pas Cahoon, c’était un dur.

Et c’était surtout un coéquipier exemplaire. Quand je me suis déchiré un ligament dans le genou pendant la demi-finale de l’Est contre les Argonauts de Toronto en 2010 - mon dernier match dans la LCF - j’avais dit à tout le monde que tout était correct à la demie. Sauf à Cahoon. Je lui avais raconté la vérité. Instinctivement, il m’avait répondu de ne pas m’en faire que l’équipe gagnerait le match pour moi et ensuite la Coupe Grey. Et c’est exactement ce qui est arrivé.

À ce moment-là précis, j’avais senti l’appui d’un coéquipier qui m’impressionnait et m’intimidait à mes débuts quelques années plus tôt et qui était devenu un ami pour la vie. C’était ça Cahoon.

Okeke était également intimidant lorsque je me suis joint à l’équipe. Pendant les entraînements, il nous brassait pas à peu près. Il était intense et nous l’entendions tous grogner pendant les exercices. Je n’ose pas imaginer ce que c’était de jouer contre lui! J’ai rarement vu un joueur avec un tel niveau d’agressivité et de hargne. Et il agissait de cette façon à l’extérieur du terrain.

Heureusement, il s’est passablement assagi depuis qu’il a pris sa retraite et avec le recul, il faut se rendre à l’évidence que les succès de Tracy Ham, Anthony Calvillo et Mike Pringle n’étaient pas le fruit du hasard. Un gars comme Okeke a été un pilier pendant de nombreuses saisons.

Quant à Buono, je l’ai surtout connu comme entraîneur-chef et directeur général, mais c’est quelqu’un que je respecte au plus haut point. Il a un talent exceptionnel pour dénicher des joueurs de talent saison après saison. Étant donné qu’il a déjà porté les couleurs des Alouettes, il doit aussi être considéré comme un pionnier du football montréalais.

*Propos recueillis par Francis Paquin