Laurent Duvernay-Tardif avait un défi colossal à la Classique Shrine : se démarquer au beau milieu d’une centaine d’espoirs de la NCAA. Après une semaine complètement folle, le Québécois peut aujourd’hui se vanter d’être connu des dirigeants de la NFL.

Le bloqueur des Redmen de McGill a fait tourner bien des têtes lors de la semaine remplie d’entraînements, de rencontres et d’entrevues avec les dépisteurs du circuit Goodell. Entouré de son équipe, soit son agent américain Chad Speck, son agent de la LCF et ami Sasha Ghavami, ainsi que son entraîneur-chef à McGill Clint Uttley, Duvernay-Tardif a réussi à démontrer qu’il était un joueur de ligne offensive dominant.

Duvernay-Tardif dans la NFL?

« Je pense qu’on a accompli quelque chose de grand. Ç’a été stressant et très exigeant. Mais on sort de là la tête haute. On a rempli nos objectifs qui étaient de faire tourner des têtes et d’essayer d’attirer l’attention au maximum. On est même allé au-delà de ça », a fièrement affirmé l’étudiant en médecine à son retour à Montréal.

La Classique Shrine est un évènement majeur en vue du repêchage de la NFL. Outre les entraînements et les entrevues, la formation de l’Est affrontait celle de l’Ouest dans un match qui était retransmis sur les ondes de NFL Network.

Entre 250 et 300 dépisteurs épiaient les futurs choix au repêchage le long des lignes de côté. Duvernay-Tardif a rencontré entre 20 et 25 équipes, et a notamment eu un entretien avec le directeur général des Falcons d’Atlanta. Les commentaires positifs à son endroit ne se sont pas fait attendre.

Dans plusieurs blogues spécialisés et sites internet d’équipes de la NFL, on pouvait lire que le bloqueur de 22 ans démontrait d’excellentes aptitudes physiques et que son plein potentiel n’était pas encore atteint. Certains ont même mentionné qu’il pourrait être choisi dans les dernières rondes du repêchage.

« Je sortais des pratiques avec le sourire parce que je savais que la journée s'était bien passée. Je savais que des gens m’avaient remarqué et des dépisteurs venaient me voir. Tu rentres dans l’autobus après avoir pris ta douche et tu te dis que le travail a été accompli. Et ensuite, on passe à la prochaine journée », a-t-il mentionné.

Un des seuls bémols qu’a noté Duvernay-Tardif a été pendant le match qui avait lieu samedi dernier. L’autre Canadien qui participait à ce match, le joueur de ligne défensive des Bisons du Manitoba Evan Gill, lui était opposé pendant la majeure partie de la rencontre. Le bloqueur des Redmen n’a pas eu de problème à l’empêcher de se rendre au quart-arrière, mais il aurait aimé une meilleure opposition pour démontrer l’étendue de son talent.

« Sur le coup, j’étais vraiment déçu. Par la suite, j’ai regardé le match et j’ai eu de la rétroaction. Être dominant, c’est être dominant. Je ne lui ai rien donné, mais j’aurais aimé affronter d’autres joueurs pour montrer mon plein potentiel athlétique. Mais ce qui comptait le plus, c’était les entraînements », a rappelé celui qui a pu arborer son no 66 lors de cette semaine.

Étant un jeune homme très terre à terre, Duvernay-Tardif avait débuté ce processus avec l’intention de se comparer avec les joueurs de la NCAA à sa position. Après avoir démontré aux équipes de la NFL qu’il peut rivaliser avec les meilleurs joueurs, le produit du Collège André-Grasset entrevoit l’avenir d’un très bon œil.

« Je suis confiant d’être à un camp de la NFL l’été prochain. Je ne sais pas si je vais être repêché ou mis sous contrat en tant que joueur autonome, mais le repêchage est maintenant envisageable. C’est ce que mon agent américain m’a dit par rapport à ce qu’il a entendu. Si le téléphone ne sonne pas lors du repêchage, il va sûrement sonner dans les 10 minutes suivantes. C’est un pas dans la bonne direction », a-t-il souligné en estimant que les 49ers, les Bears, les Packers, les Lions et les Falcons étaient des équipes qui ont montré de l’intérêt.

Faire sa place dans une meute de loups

Mais pour se faire connaître, ce ne fut pas de tout repos pour Duvernay-Tardif.

« Quand tu arrives en tant que Canadien à la Classique Shrine, tu n’as pas ta place. Tu te fais niaiser un peu. La première pratique, j’ai été vraiment physique. C’était comme de gagner le respect dans une meute de loups », a-t-il imagé.

Laurent Duvernay-TardifOutre les bons commentaires des dépisteurs, le bloqueur a aussi reçu les éloges des joueurs défensifs qu’il devait contrer.

« Il y a un ailier défensif qui a dit que j’étais le meilleur joueur de ligne qu’il avait affronté. Un ailier rapproché a déclaré que j’étais le meilleur joueur de ligne offensive à la Classique Shrine. C’est plus facile de performer quand il y a une ambiance positive autour de toi », a relaté celui qui a mis ses études en médecine en veilleuse pour se consacrer à sa carrière au football.

Lors de son séjour au Tennessee au sein de l’agence Allegiant Athletics Agency (a3 Athletics), le natif de Mont-Saint-Hilaire a pu parfaire sa technique en plus de profiter d’un encadrement avec un préparateur physique pour être prêt pour cette semaine. Il a aussi fait ses devoirs sur ses adversaires.

« J’ai fait beaucoup de préparation avant de m’y rendre. Je faisais une heure de vidéo par jour. Je prenais un joueur de ligne défensive et j’analysais toutes ses habitudes. Bref, je l’étudiais », a-t-il expliqué.

Un avantage sur les autres joueurs de ligne

Laurent Duvernay-Tardif évolue sur la ligne offensive depuis seulement deux ans et demi. De prime abord, on pourrait croire que ce point pourrait lui nuire aux yeux des dépisteurs. Le récipiendaire du trophée J.P.-Metras en 2013, remis au joueur de ligne par excellence du Sport interuniversitaire canadien, n’est pas de cet avis.

« Les dépisteurs peuvent me voir comme un joueur qui peut encore se développer. Tout au long de la semaine, j’ai progressé. Au début, je me fiais à mes aptitudes physiques pour repousser les joueurs. Au fur et à mesure que la semaine avançait, je suis devenu plus dominant parce que j’ai réussi à raffiner ma technique », a-t-il lancé.

Laurent Duvernay-Tardif« Ils gardent en tête que certains autres joueurs de ligne offensive évoluent à cette position depuis 10 ans et qu’ils sont près d’atteindre leur potentiel. Leur courbe d’amélioration n’est peut-être pas aussi intéressante que la mienne et ça va me donner une valeur ajoutée », a-t-il poursuivi en mentionnant que sa polyvalence le servira également puisqu’il peut jouer comme garde.

Duvernay-Tardif prend quelques jours pour décompresser au Québec et pour passer du temps avec sa copine et sa famille. L’imposant joueur de 6 pieds 5 pouces et 321 livres ne chômera toutefois pas longtemps.

Il retournera à Knoxville au Tennessee pour poursuivre son entraînement avec son agence américaine. Il prendra le temps de déterminer les prochaines étapes avec Chad Speck et de se fixer de nouveaux objectifs.

D’ici deux semaines, Duvernay-Tardif saura s’il sera invité aux tests physiques de la NFL (combine). Si c’est le cas, il est d’avis qu’il se démarquera, tout comme il l’avait fait lors du Défi Est-Ouest l’an dernier, à London.

« Si j’y vais, je serai fort probablement dans le top-5 des joueurs de ligne offensive. Je n’ai pas de doute. Je sais que je suis plus athlétique que ces gars-là. Mais, c’est une question de politique et de contacts pour y être invité », a-t-il évoqué.