Lorsqu’il était enlisé sur l’équipe d’entraînement des Alouettes de Montréal il y a deux ans, Michael Ola croyait qu’il s’éloignait de son rêve ultime de s’établir dans la NFL.

Pourtant, le sympathique gaillard de six pieds quatre pouces et 312 livres s’est établi comme une ressource inestimable chez les Bears de Chicago depuis le début de la saison 2014.

N’allez surtout pas croire que le joueur de ligne offensive a hérité d’un laissez-passer grâce à la présence de l’entraîneur-chef Marc Trestman et celui de la ligne offensive Pat Meyer qu’il a connus à Montréal.

En fait, Ola avait opportunité l’occasion d’accéder au niveau supérieur par l’entremise des Dolphins de Miami après avoir refusé une offre des Bears. L’Américain de 26 ans aurait pu s’en mordre les doigts, mais les Bears lui ont accordé une autre chance quand les Dolphins ont préféré ajouter de l’expérience à leur ligne offensive.

« C’est toujours difficile d’être libéré, mais je savais que le travail que j’avais accompli m’avait fait connaître par différentes organisations. Heureusement, ce fut assez pour obtenir une autre occasion de me faire valoir ailleurs. Autant que ce fut éprouvant d’être renvoyé, c’est devenu quelque chose de génial parce que je me suis retrouvé dans la situation idéale avec les Bears », a-t-il confié au RDS.ca.

Comme il l’avait fait avec les Alouettes, le colosse a graduellement gravi la hiérarchie de l’équipe pour devenir une polyvalente solution de rechange sur la ligne à l’attaque. Ayant eu le privilège d’enfiler l’uniforme dès la première partie régulière face aux Bills de Buffalo, Ola était donc prêt à attendre son tour avec le sourire aux lèvres et sans rechigner une seule fois.

Mais le hasard a voulu que Matt Slauson, le garde à gauche, se blesse hâtivement. Depuis ce moment, Ola a rempli son rôle à merveille et il a continué de s’établir comme un remplaçant de luxe quand il a ensuite pallié à l’absence de Jermon Bushrod au poste de bloqueur à gauche tout en jouant quelques répétitions à droite par-dessus le marché.

Michael Ola« C’est vraiment merveilleux, j’ai eu la chance de jouer très souvent. Je me considère très choyé d’avoir obtenu cette chance dans la NFL et j’essaie de faire de mon mieux », a avoué celui qui a sauté sur le terrain pour tous les matchs sauf celui de dimanche dernier contre les Dolphins.

Ola aurait adoré poursuivre sur sa lancée face à ceux qui n’ont pas retenu ses services, mais le message s’est déjà rendu aux oreilles des dirigeants des Dolphins.

« Ils savent ce que j’ai accompli et ce qu’ils ont perdu donc c’est correct ... », a-t-il soulevé avec un sourire dans la voix.

Durant cette dernière partie, Jordan Mills a éprouvé des ennuis à sa position de bloqueur de droite si bien que certains amateurs ont réclamé la présence d’Ola pour sauver la mise.

Le principal intéressé savoure les moments actuels, mais il n’est pas surpris de se débrouiller à autant de positions différentes.

« Ça ressemble un peu à ce que j’ai accompli durant toute ma carrière seulement que ça survient à un niveau plus élevé. Si tu n’es pas un partant dans la NFL, tu dois vraiment être en mesure de démontrer ta polyvalence. J’ai travaillé là-dessus et j’ai eu la chance d’être employé dans une rencontre », a noté Ola qui explique son rendement concluant par la préparation, les entraînements et le travail acharné.

Très apprécié de ses coéquipiers lors de son passage de deux saisons avec les Alouettes, Ola est demeuré amusant dont quand il a commenté le risque inhérent d’évoluer comme bloqueur à gauche.

« Tu ne veux définitivement pas être celui qui commet l’erreur menant à un plaqué sur Jay (Cutler, le quart-arrière). Sinon, je vais devoir recommencer à flipper des burgers comme travail », a-t-il lancé. Michael Ola

Avant de pouvoir accéder à l’univers rêvé de la NFL, Ola s’était retrouvé sans issue à sa sortie de l’Université Hampton. Il a finalement trimballé son baluchon dans la United Football League et l’Arena Football League pour aboutir ensuite à Montréal.

À sa saison initiale avec les Alouettes, en 2012, il s’est néanmoins retrouvé sur l’équipe d’entraînement puisque la formation mise surtout sur une unité canadienne sur le front offensif. Pénalisé par cette approche, les entraîneurs lui ont expliqué qu’il était malgré tout l’un des meilleurs du groupe.

« La chose la plus importante à mes yeux était de savoir que j’avais ce qu’il fallait pour jouer à ce niveau. Ce n’était pas évident parce que le salaire était inférieur, mais je savais que je devais me concentrer à me préparer pour le moment qu’on miserait sur moi », a rappelé Ola.

Ce revirement de situation s’est produit tôt en 2013 quand les blessures d’Andrew Woodruff et Scott Flory ont frappé la ligne offensive montréalaise. Sans tarder, Ola s’est imposé comme un solide rouage lui ouvrant les portes de la NFL.

« Il avait la capacité d’être partant avec n’importe quelle équipe, mais l’identité de la ligne offensive des Alouettes est basée sur des joueurs canadiens la plupart du temps », a commenté le centre Luc Brodeur-Jourdain citant les exceptions de Neal Fort et Uzooma Okeke.

« Polyvalent, c’est le premier mot qui me vient en tête pour le décrire. On savait qu’il pouvait s’avérer une option de premier plan autant à gauche qu’à droite comme plaqueur ou garde. Je ne l’ai jamais vu s’entraîner comme centre, mais je suis certain qu’il assimilé cela rapidement », a-t-il enchaîné.

Michael Ola avec un partisanUn gros ourson attachant

En s’établissant à Chicago, Ola a probablement déniché l’endroit idéal pour s’épanouir puisqu’on le compare aisément à un gros ourson amical. À preuve, ses anciens coéquipiers demeurent en contact avec lui et ils s’ennuient de sa contribution bénéfique.

« C’est une personne adorable qui travaille fort tout en demeurant très humble », a vanté S.J. Green avec joie.

« Michael, c’était aussi une grande source de bonne humeur au quotidien. Il était toujours jovial avec sa vision très positive de la vie », a insisté Brodeur-Jourdain avec le sourire au visage.

De son côté, Ola n’a pas abandonné ses amis et il épie leurs faits et gestes en dépit de la distance les séparant.

« Ce ne sont pas seulement mes anciens coéquipiers, je les considère comme mes frères et ma famille. On se parle assez régulièrement et c’est agréable. Quand une personne de notre groupe réussit, on a tous une raison de célébrer. Ils ont fait toute une remontée au classement et j’espère qu’ils iront remporter la coupe Grey », a exprimé le numéro 70 des Bears.

Les éloges proviennent aussi de sa nouvelle famille, celle des Bears.

« Il est très intelligent et il a saisi les nuances de notre système offensif très rapidement. Grâce à ses qualités athlétiques, il peut évoluer à plusieurs positions. Nous avions remarqué cela de sa part et ça continue depuis son arrivée avec nous », a analysé Trestman aux médias de Chicago.

« Ce n’est pas surprenant de le voir obtenir du succès. Il a démontré qu’il pouvait jouer à différents endroits et l’équipe a gagné confiance en lui. Nous nous attendons à ce qu’il accomplisse le boulot », a affirmé Meyer lors d’un point de presse.

Ola (à gauche sur la photo) se situe donc à des années-lumière des moments moins éclatants de sa carrière. Michael Ola

« C’est certain que j’ai vécu des moments moins heureux, mais je ne me suis jamais laissé décourager. J’ai dû puiser loin dans mes ressources pour garder le moral et continuer à pousser vers l’avant », a-t-il admis.

Sa famille a été d’un précieux support tout au long de son parcours et elle peut maintenant récolter les dividendes en venant assister à des rencontres des Bears dont certaines au mythique Soldier Field.

« Ils sont si heureux de voir que j’ai atteint mon but surtout que je n’ai pas emprunté le chemin le plus facile », a témoigné Ola.

La NFL n’est pas reconnue pour sa pitié et plusieurs carrières n’échelonnent même pas sur une saison donc Ola ne peut pas se réjouir de façon hâtive. Mais ce serait mal le connaître car son ambition ultime n’est pas atteinte.

« Je dois encore travailler sur plusieurs aspects de mon jeu et j’apprends chaque jour à propos de la NFL. Si mon jeu était complet, je pourrais prendre ma retraite et aller relaxer quelque part, mais ce n’est pas le cas et il s’agit seulement de ma saison recrue. J’ai le sentiment que je vais toujours à continuer à grandir comme joueur », a conclu qui a gagné quelques pouces ou même quelques pieds en accédant à la NFL.