C’est toujours plaisant de partir en semaine de congé, mais il n’y a pas de meilleure façon d’entamer la semaine qu’avec le sentiment du devoir collectif accompli grâce à une victoire cruciale sur un rival de division comme celle face aux Chargers.

Évidemment, évoluer lors de match à heure de grande écoute comme le match du lundi soir est un priviliège. On dirait que tous ces matchs ont un petit quelque chose de spécial, même si en fin de compte ils valent le même nombre de points, qu’ils sont disputés sur le même terrain avec le même nombre de minutes de jeu.

Celui-ci par contre était disputé sur un terrain bien plus éloigné que la maison de Kansas City et à une altitude beaucoup plus élevée. Les quelques 7000 pieds de Mexico City représentaient d’ailleurs un défi pour moi en vue de mon retour au jeu et j’ai apporté une emphase majeure à mon cardio en vue de ce match.

C’était vraiment plaisant d’effectuer mon retour au jeu dans ce contexte, dans une partie remplie de haut et de bas. Ça n’a pas été un match à sens unique, on a eu de la difficulté à s’imposer au premier quart et la défense nous a tenu dans le match de façon plutôt intense avec une interception et en freinant les Chargers dans la zone payante.

Il faut donner beaucoup de crédit à notre unité défensive, car offensivement, nous n’avions pas commencé le match de la façon que nous voulions, mais notre défense nous a tenu dans une situation qui aurait pu être 21-0 au premier quart, c’est demeuré 7 à 6.

C’est grandement en raison de notre défense qui a créé un revirement, qui a limité les dégâts à un placement et à un autre qui a été raté alors que l’attaque de Phillip Rivers avait vraiment bien commencé la partie. Ensuite, c’est l’attaque qui a embarqué et mis des points au tableau puis la défense a repris le collier quand l’attaque s’est quelque peu essoufflée en fin de match. Un très beau match d'équipe.

C’est un excellent sentiment quand ça arrive parce qu’après le match dans le vestiaire, tout le monde célèbre ensemble, tout le monde est heureux et se félicite. Ce sont des victoires dont tu te rappelles vraiment longtemps. Il y a des victoires qui marquent et celle de lundi m’a clairement marqué.

« Keep doing what you’re doing »

Je n’ai pas eu la chance encore de revoir la rencontre, mais nous avons commis quelques petites erreurs en première demie et c’est ce qui explique pourquoi notre attaque a connu un lent début de match.

Nous avons connu des punitions d’inexpérience avec certains jeunes joueurs pour des formations illégales, des petites erreurs qui n’arrivent pratiquement jamais. C’est ça le football à ce niveau-là, ce sont des erreurs qui affectent le jeu et il faut les limiter. Quand on en accumule dans un match, collectivement, ça nous rattrape et je crois que c’est ce qui s’est passé en première demie.

À force de causer ces petites erreurs, on accumule des pénalités et on transforme nos premiers essais en premier et 15 ou premier et 20. À partir de là, le défi de convertir un premier et 20 c’est plus que deux fois plus difficile.

Par contre, le message de notre entraîneur de la ligne offensive, Andy Heck, est toujours le même dans ce genre de situation ; « Keep doing what you’re doing  » (Continuez de faire ce qui vous faites). En début de match, on allait sur le terrain, on réussissait une course de quatre verges, ce qui est bon puis on faisait une passe incomplète et on tombait en situation de troisième essai qu’on ne parvenait pas à convertir.

Quand ça ne va pas comme on veut ou quand il y a des erreurs à une position qui est hors de notre contrôle, il ne faut pas se frustrer surtout en début de partie. C’est quelque chose qui vient avec l’expérience. Je me rappelle encore au début de ma carrière, je me mettais à paniquer et je me posais des questions, mais les vétérans me répétaient « Keep doing what you’re doing » et il ne faut pas essayer de changer la recette quand ça va bien à ta position.

C’est certain qu’il y a des éléments qu’on aurait dû faire mieux et qu’on veut améliorer éventuellement, mais le message dans le premier quart ç'a été de continuer de faire ce qu’on faisait et de faire confiance au système, que les choses allaient se replacer et c’est ce qui est arrivé. Nous avons amorcé la deuxième demie avec deux longues séquences de plusieurs jeux pour marquer des touchés.

Ça fait du bien parce qu’en début de saison on connectait pour des passes des touchés de 50 verges et ça nous donnait des séries offensives de quatre ou cinq jeux, car nous lancions toujours en zone profonde. Toutefois, avec l’interception en début de match et le fait que Patrick Mahomes a manqué du temps à l’entraînement, on rebâtit en commençant par la base. Donc, d’être en mesure de mener à terme des séquences offensives de 10-12-15 jeux, dont deux consécutives pour inscrire des touchés, ça démontre beaucoup de caractère.

Nous aurions voulu être en mesure de continuer de contrôler le cadran en fin de match, mais à ce moment-là notre défense a pris les choses en main et a fait des jeux clés, des sacs du quart et évidemment l’interception en fin de partie pour clore la rencontre. C’est vraiment une victoire d’équipe. Je tiens à souligner à quel point le travail de la défense a été important dans cette victoire.

Viva Mexico à la sauce olympienne

Je dois avouer que le fait que le match était disputé à Mexico City était une distraction, mais il faut reconnaître que nous avons été pris en charge comme je n’avais jamais vu. On a été très bien accueilli et le Stade Azteca en tant que tel est un stade de plus de 100 000 personnes. C'était impressionnant. Ce n’est pas juste une partie de football, il n’y a pas de tailgate, ce n’est pas la version américaine.

C’était presque une ambiance olympique comme j’ai vécu en Corée en 2018 lors des Jeux olympiques de PyeongChang.  Les gens marchaient autour du stade, il y avait un festival extérieur. Nous sommes arrivés quatre heures avant la rencontre en bus et les gens étaient déjà présents à faire des activités. C’était vraiment une fête et en plus c’était un jour férié au Mexique, c’était vraiment particulier.

Coach Reid nous avait préparé en nous conseillant d’aller sur le terrain avant le match pour nous imprégner de l’ambiance. Même la façon dont les partisans encourageaient était particulière. Ce ne sont pas nécessairement de grands amateurs de football américain et il n'y avait pas seulement des fans des Chiefs ou des Chargers, il y avait des chandails des 32 équipes de la NFL dans le stade. L’ambiance chez les partisans était plus une version soccer que football américain avec des chants et des rondes de vagues dans le stade. Nous ne sommes pas habitués à cela!

Par contre, je dois glisser un mot sur la qualité du terrain. C’était de loin le pire terrain que j’ai vu de ma vie. Ce qui est triste, c’est que durant l’échauffement, c’était un des plus beaux terrains que j’avais vu également. Ce n’était simplement pas un gazon qui était fait pour les crampons de football. C’est un sol qui est très mou et c’était un gazon épais, mais sec.

Durant l’échauffement, on pouvait arracher le gazon avec son pied et on se disait qu’on arracherait le terrain durant le match. On s’est mis à creuser des cratères assez vite à un point tel que lors des jeux de passe, je marchais vers la ligne dans mon angle de protection pour remplir les trous subtilement pour ne pas trébucher.

C’était assez intense les conditions du terrain, mais outre cela, l’accueil était chaleureux et je n’ai jamais vu un vestiaire aussi bien préparer pour une équipe visiteuse. Ils ont été jusqu’à construire des douches spécialement pour nous. Tout était parfait, c’était vraiment impressionnant.

Football, quel football?

Évidemment, partir en congé sur une victoire d’équipe dans un effort collectif comme celui-là est le scénario parfait.

Personnellement aussi, tu veux partir sur une bonne note. Que tu ne le veuilles ou pas, sur une soixantaine de jeux, tu auras quelques séquences que tu aurais voulu reprendre. Mais quand tu gagnes et que tu es content de l’attitude et de la manière dont tu as joué globalement, tu peux profiter de la semaine de congé d’une autre manière.

Après la partie contre Denver, un jeudi soir, plus tôt dans la saison, Coach Reid nous avait donné trois jours de congé, mais je n’avais pas bien joué et ces trois jours-là n’étaient pas plaisants. Tu anticipes la révision du film et tu n’es pas satisfait de ta performance. Ce n’est pas le même feeling.

Cependant, avec notre performance de lundi soir, il est beaucoup plus facile de partir avec la tête reposée pour une semaine de congé même si le voyagement pour Montréal a été particulièrement éreintant.

Nous sommes partis tout de suite après la partie et nous sommes arrivés à Kansas City à 5 h 30 ou 6 h. Je me suis aussitôt acheté un billet d’avion pour Montréal pour 8 h et je suis finalement arrivé en fin d’après-midi. Je suis complètement exténué de jouer une partie de football et d’être demeuré assis dans un avion pour les heures qui ont suivi. Malgré tout, je suis heureux et content de revenir à la maison.

Pour ce qui est de la façon dont je compte profiter de cette semaine de congé, j’ai appris de mes erreurs dans le passé en bookant trop de rendez-vous médiatiques ou des gros engagements durant la semaine de congé. Tu termines ta semaine de congé et tu n’as pas eu le temps d’en profiter que c’est terminé. J’essaie de décrocher et je n’ai pas de plan précis à l’exception de quelques petits trucs à faire avec ma fondation. Pour le reste, je vais passer du temps avec la famille, les amis et vraiment, je vais décrocher du football... mais bon on verra si mes actions vont suivre mes paroles!

*Propos recueillis par Guillaume Pelletier