MONTRÉAL -  Ça semble difficile à croire, mais il y a bel et bien eu une vie chez les Patriots de la Nouvelle-Angleterre avant que Tom Brady n'en prenne les commandes. Kevin Faulk et Lawyer Milloy ont vécu ce changement qui a marqué l’histoire de la NFL et ils sont encore épatés de voir Brady dominer à l’approche de son 40e anniversaire.

Le 23 septembre 2001, lorsque Drew Bledsoe s’est blessé, les Patriots et leurs partisans ont cru que tout venait de s’effondrer autour d’eux. Leurs espoirs semblaient s’être envolés.

« Notre organisation était bâtie autour de Bledsoe et on sentait qu’on avait une chance de se rendre très loin. Tout le monde se disait : "Deux semaines plus tôt, ce fut le 11 septembre et là on perd notre quart. Qu’est-ce qui pourrait arriver d’autre de mauvais?" », s’est souvenu l’ancien maraudeur d’impact, Lawyer Milloy.

« Heureusement pour nous, il y avait un gars qui travaillait fort pour être prêt. Les entraîneurs lui ont dit d’enfiler son casque et il a écrit le reste de l’histoire. Il se retirera comme le meilleur quart-arrière de ce sport », a ajouté Milloy qui a joué pour les Patriots de 1996 à 2002.

La version de Milloy semble si simple. Pourtant, Brady a mené les Patriots à cinq triomphes au Super Bowl dont l’improbable remontée en février dernier contre les Falcons d’Atlanta.

« Il était la pièce manquante pour notre équipe. Ensuite, on a suivi la direction de notre entraîneur Bill Belichick qui voulait que l’équipe passe en premier. On était sur une lancée pour les éliminatoires et on a fini par battre The Greatest Show on Turf (le surnom donné à l'attaque des Rams dirigée par Kurt Warner) pour remporter le championnat », a spécifié Milloy qui s’est avéré une rencontre fort sympathique à l’événement NFL Play 60 de Montréal.

Milloy était accompagné de Faulk, un ancien compagnon d’armes, qui a uniquement enfilé le chandail des Pats dans sa carrière qui s’est échelonnée de 1999 à 2011.

Ces deux hommes parlent de leur carrière au passé avec une fierté méritée. Mais Brady, lui, continue de défier la logique. Identifié comme la cible suprême par tous ses opposants, il demeure au sommet de son art à un âge de « petits vieux » pour ce sport sans pitié.

« Il a compris ce qu’il fallait faire très rapidement dans sa carrière. Il s’est entraîné et il a bien traité son corps sans tarder. Il a réalisé qu’il devait agir ainsi pour maintenir son niveau de jeu. Il se prépare comme s’il était le meilleur et c’est pourquoi il parvient à jouer de cette façon », a statué Faulk, qui a sacrifié ses statistiques personnelles pour accorder plus de temps à Brady avec de nombreux blocs.

Faulk a accroché ses crampons depuis cinq saisons comparativement à six pour Milloy.

La tournée NFL Play 60 s'arrête à Montréal

« Je suis incapable de prédire le moment où il tirera sa révérence. J’aurais cru que sa carrière se terminerait quand je me suis retiré il y a quelques années.

« Aussi longtemps que le ballon sera entre ses mains, les partisans des Patriots auront des chances d’assister à des championnats. Il est simplement le meilleur! », a déclaré Milloy.

N’est-ce pas surréaliste de le voir s’imposer de cette manière à l’approche de la quarantaine?

« Pas au niveau mental, mais physiquement, c’est très impressionnant. Heureusement pour lui, ils ont changé les règlements pour permettre aux quarts-arrières de prolonger leur carrière. Quand je suis arrivé dans la NFL, on pouvait les frapper de toutes les manières. La NFL et l’Association des joueurs ont réussi un beau travail pour protéger les joueurs », a décrété Milloy qui a été élu à quatre reprises au Pro Bowl. 

De 2003 à 2010, Milloy a poursuivi sa carrière sous d’autres cieux et il a ragé en voyant Brady dicter sa loi. Faulk, quant à lui, a continué d’observer ses exploits à proximité. Ils sont, pour ainsi dire, habitués à le voir briller de la sorte.

Pour Geneo Grissom, un ailier défensif des Patriots qui compte deux saisons d’expérience, ça demeure nouveau et totalement fascinant.

« De la façon dont il joue, on dirait qu’il pourrait continuer pendant 10 autres années. Il est dans une forme splendide. Je ne sais pas comment il fait, mais je vais le découvrir et je serai bien outillé quand ce sera le cas », a raconté Grissom avec admiration.

Brady a joué plusieurs tours pendables

Quand on peut enfiler une bague sur cinq de ses dix doigts, que notre compte en banque est garni de plusieurs millions et qu’on a réécrit une multitude de records, on pourrait être tenté de se retirer dans la gloire.

Mais il faut considérer un autre élément pour expliquer l’attachement de Brady envers le football. S’il paraît sérieux et très intense sur le terrain, l’ancien de l’Université Michigan raffole de la camaraderie avec ses coéquipiers.

D’ailleurs, Faulk a raconté comment Brady aime s’amuser avec – et aux dépens – de ses partenaires dans une divertissante publication de Player’s Tribune. À travers ce récit, Faulk décrit notamment un tour que Brady avait joué au quart-arrière Matt Cassel.

En revenant dans un vestiaire bondé de joueurs, Cassel avait eu la surprise de découvrir trois des quatre pneus de son véhicule devant son casier. Brady avait orchestré le tout en plus d'avoir caché le quatrième dans le complexe des Patriots.

Les joueurs de ligne offensive avaient aidé Cassel à répliquer. Ils avaient rempli, jusqu’au toit, la totalité de la voiture de Brady de billes de stryromousse.

Faulk a bien ri quand on lui a rappelé le tout. Il aurait bien voulu dévoiler d’autres plaisanteries qui ont pimenté le quotidien des Patriots, mais il a choisi de protéger ses amis.

 « J’ai raconté ceux que je pouvais, les autres doivent demeurer secrets, mais je peux vous assurer qu’ils sont nombreux », a conclu Faulk avec un visage illuminé par les souvenirs qui lui passaient par la tête.