MONTRÉAL – À l’image de son équipe, Laurent Duvernay-Tardif est mieux d’attacher sa tuque. L’étudiant en médecine entamera le camp d’entraînement dès le lendemain de son arrivée à Kansas City alors que les Chiefs se préparent pour l’un des calendriers les plus exigeants de la NFL.

En effet, les Chiefs et LDT devront composer avec un amalgame d’adversaires peu reposant. Selon le classement effectué en fonction de la puissance des opposants en 2016, la troupe d’Andy Reid a hérité du deuxième calendrier le plus difficile derrière les Broncos de Denver.

Duvernay-Tardif a rencontré les médias à moins de deux jours son départ vers le Missouri. C’était agréable de l’entendre répondre à une panoplie de questions dans l’impressionnant décor de la bibliothèque Olser de la faculté de médecine de McGill. S’il beaucoup étudié depuis ses débuts universitaires, il a également déjà pris le temps d’étudier ce qui l’attend sur le terrain de football en 2017.

Ce défi colossal n’effraie pas outre mesure le Québécois de 26 ans qui s’apprête à vivre sa quatrième saison dans le circuit Goodell. Il sait que son club ne se classe plus parmi les négligés.

« Oui et ça se résume bien par notre calendrier qui est extrêmement chargé. On affronte de très bonnes équipes en plus de disputer plusieurs parties à heure de grande écoute (prime time). Mais comme équipe qui souhaite remporter des championnats, tu veux te mesurer aux meilleurs et les battre », a-t-il exposé.

Laurent Duvernay-TardifDuvernay-Tardif se dit confiant puisqu’il considère que sa formation parviendra à suivre la courbe ascendante qu’elle emprunte depuis son arrivée.

« Absolument, je pense qu’on a cogné à la porte des éliminatoires l’an passé en s’octroyant un laissez-passer au deuxième tour bien mérité. C’est quand même un exploit d’avoir remporté notre division l’an passé étant donné qu’elle est très compétitive. Je pense qu’on est sur la bonne voie. On a de nouvelles additions et des joueurs qui ont brillé dès leur première saison comme Tyreek Hill. On a tout ce qu’il faut pour marquer des points, pour protéger le terrain et aller loin en éliminatoires », a prétendu le garde à droite.

De plus, les joueurs des Chiefs risquent d’aborder la saison avec un certain désir de vengeance. Le revers éliminatoire subi, par deux points, face aux Steelers en 2016 a été particulièrement fâchant.

« C’est extrêmement difficile. Le football, ça ne fonctionne avec une formule 4 de 7 comme dans plusieurs sports dans laquelle tu peux te reprendre. Perdre de manière serrée contre les Steelers, c’est difficile à avaler en tant qu’équipe et au point de vue personnel. Mais c’est aussi ce qui te motive quand tu reviens à Montréal, qu’il fait froid, que tu vas à l’hôpital et que tu dois aller t’entraîner en fin de soirée au lieu d’aller dormir. Ça fait de nous une équipe plus mature d’apprendre à perdre en éliminatoires », a jugé le numéro 76.

Le colosse de six pieds cinq pouces et 321 livres n’est pas sans savoir que sa prolongation de contrat de cinq ans d’une valeur de 41,25 millions est accompagnée d’une pression à son endroit.

« Définitivement. Ça fait en sorte que mon jeu doit être à la hauteur du montant d’argent pour lequel j’ai été rémunéré. Ça fait aussi en sorte que le mot constance est le nouveau mot d’ordre. Je me dois de bien faire. Avant, c’était très bon de jouer adéquatement neuf jeux sur dix. Maintenant, c’est 9,5 qu’on veut de moi », a répondu l’athlète qui est réaliste face à cet enjeu.

Les Chiefs n’ont pas investi une telle somme sans bien réfléchir. Ils savent que Duvernay-Tardif désire assumer un plus grand rôle sur le terrain et à l’extérieur de celui-ci.

« Je veux également soutenir l’équipe et l’entraîner dans la bonne direction. À mes premières années, c’était surtout des buts d’ordre personnel. À ma quatrième année, je comprends encore plus le système et les objectifs du club donc mes buts sont plus axés sur l’équipe pour l’amener à un autre niveau afin de jouer encore en février », a ajouté celui qui a lancé la Fondation LDT qui encourage les saines habitudes de vie chez les jeunes.

Le discours de Duvernay-Tardif sera mis à rude épreuve lorsqu’il devra défendre son quart-arrière Alex Smith contre des redoutables chasseurs de tête. Évoluant dans la section Ouest de l’Association américaine, il participera à deux duels contre Von Miller (Broncos), Khalil Mack (Raiders) et Joey Bosa (Chargers).

« On dit ça parfois à la blague, mais jouer sur la ligne offensive des Chiefs, ça sous-entend jouer contre des adversaires de ligne défensive très talentueux. Quand tu ajoutes les Dolphins, les Jets, les Patriots et les Texans, ça rehausse le niveau. Mais comme je disais, faire sa marque contre ces joueurs au plan personnel ou collectif, ça te permet d’être reconnu partout dans la ligue après », a-t-il réagi.

La bonne nouvelle dans cette histoire, c’est que la ligne offensive misera sur une stabilité plus que bienvenue. 

« C’est immense d’avoir beaucoup de stabilité sur la ligne offensive. Pour moi, ce sera ma première année que je vais jouer entre le même centre (Mitch Morse) et le même bloqueur à droite (Mitchell Schwartz) pour une deuxième saison de suite. En deuxième moitié de saison, on a été en mesure de bien protéger Alex Smith ce qu’on n’avait pas été capable de faire autant en première moitié de saison. C’est dû à la chimie et à la cohésion cruciale sur la ligne offensive », a commenté le choix de sixième ronde en 2014.

« C’est triste, mais ça fonctionne ainsi »

Le futur médecin aurait bien aimé que le receveur Jeremy Maclin demeure son coéquipier et que le directeur général conserve son poste, mais il comprend aléas du métier.

« Tout le monde a été surpris. Mais, en tant que joueurs, on est là pour jouer et non pour critiquer. On doit comprendre que c’est l’aspect business du football et qu’on ne peut rien y faire », a dit LDT qui souhaite la meilleure des chances à Maclin avec les Ravens de Baltimore.

Ce côté économique a soulevé des questions sur le déménagement éventuel à Las Vegas des Raiders d’Oakland, des grands rivaux des Chiefs.

« C’est certain que le Black Hole d’Oakland, c’est un stade mythique où tu peux te retrouver à jouer dans un terrain de baseball en septembre. Ce sera un changement majeur et ça va prendre du temps d’enlever Oakland du mot Raiders. Mais ça fait partie de la réalité du sport, il faut aller où les opportunités sont présentes. Je suis juste content que les Chiefs sont bien implantés à Kansas City et qu’on ne soit pas près de bouger. »

LDT, de l'hôpital au gymnase durant la saison estivale

Le cas des Raiders n’est pas isolé, les Rams et les Chargers ont également opté pour des relocalisations. 

« Oui, il y en a eu beaucoup et ça fait grandement jaser comme sujet, mais c’est une économie de marché et on le voit avec les compagnies qui déménagent des sièges sociaux, ça fait partie de la nature du capitalisme de notre monde. C’est triste, mais ça fonctionne ainsi. Il y a eu des partisans déçus à St. Louis, mais d’autres très heureux à Los Angeles », a noté le volubile intervenant.

Duvernay-Tardif semblait heureux de discuter de football. On peut bien le comprendre, le retour sur le terrain approche à grands pas et ça lui permet d’effectuer une métamorphose graduelle. 

« C’est important de dire au revoir à la famille et aux amis et de se reposer avant de partir. Pour les 48 prochaines heures, je suis un peu plus libre et je pense que c’est important pour amorcer la transition. Il faut créer une envie pour le camp d’entraînement même si on sait que ce sera difficile », a conclu l’homme occupé.