Oubliez Katy Perry, les publicités, les feux d’artifice et tout l’enrobage. Cette année, comme ce devrait être toujours le cas, ce sont les deux équipes participant au Super Bowl qui nous ont offert le vrai spectacle.

Sur papier, on pouvait s’attendre à un duel de rêve et c’est exactement ce à quoi nous avons eu droit.

D’abord, la défense des Seahawks de Seattle en est une qui n’accorde rien de gratuit. Pas de gros jeux, pas de gros morceaux de terrain. Pour en venir à bout, la patience et un haut niveau d’exécution s’imposent.

Se contenter de courts gains de cinq, sept ou quatre verges à répétition, voilà ce qui attendait Tom Brady. Bien que frustrante pour tout quart-arrière, cette situation a été parfaitement maîtrisée par le général des Pats.

Brady a ainsi dû se résoudre à lancer quantité de passes dans le flanc. Des relais qui voyagent sur une distance de 30 à 35 verges, mais qui ne résultent qu’en de courts gains de cinq verges. Malgré qu’il ait été victime de deux interceptions, Brady a fait preuve de résilience et est revenu plus fort que jamais.

Vous avez encore des doutes sur la patience dont a fait preuve Brady? Jetez un coup d’œil à ses statistiques. Ce dernier a complété 37 de ses 50 passes tentées pour des gains de « seulement » 328 verges. Il n’a lancé que deux passes de plus de 20 verges, sa plus longue étant de 23.

De quoi éprouver la ténacité de n’importe quel quart… Reprendre possession du ballon tout en sachant qu’une dizaine de jeux et une série de courtes avancées seront nécessaires pour atteindre la zone des buts a de quoi amplifier le stress ressenti par le quart et le reste de son unité.

Julian Edelman et Danny Amendola ont été au cœur de cette stratégie, captant leur part de petites passes de Brady, tout en faisant preuve de courage face à la robuste défense des Seahawks.

C’est ainsi que les petites passes de quatre verges des Pats se sont transformées en gain de sept verges. Là est une des clés du sacre des Patriots, qui ont su aller chercher deux, trois ou quatre verges supplémentaires sur chaque attrapé malgré l’efficacité de la défense des Seahawks. Se retrouvant alors la plupart du temps en situation de troisième jeu et court, les Pats savaient que leurs rivaux allaient employer une couverture de type homme à homme.

Ils ont alors attaqué les confrontations avantageuses, que ce soit en dirigeant une passe vers Rob Gronkowski, qui était sous la surveillance du secondeur K.J. Wright, ou encore à Shane Vereen, qui a conclu la rencontre avec 11 attrapés malgré la couverture d’un secondeur lui aussi.

À la porte des buts en pareille situation, ils ont profité des changements de direction foudroyants du petit Edelman, qui ont vite pris le demi de coin Tharold Simon et ses 6 pieds 3 pouces à contre-pied.

Bref, ne se laissant pas décourager malgré l’avance de 10 points des Seahawks, les Patriots sont parvenus à se bâtir des confrontations avantageuses et à en profiter aussitôt.

Tom BradyBrady le plus grand?

Les Pats n’ont toutefois pas été à l’abri des défaillances, alors que leur ligne à l’attaque a notamment connu un passage à vide au troisième quart. Elle en a alors eu plein les bras avec le joueur de ligne défensive des Seahawks Michael Bennett qui, en multipliant les permutations de position, est parvenu à bousculer Brady en plusieurs occasions.

Avec seulement 32 verges de gains au troisième quart, rien ne fonctionnait pour l’attaque des Pats. Tout le contraire de celle des Seahawks, qui a inscrit des points (deux touchés et un placement) sur trois séries consécutives pour se doter d’une avance de 10 points.

On sentait alors que le tapis glissait sous les pieds des Patriots. Il ne fallait cependant pas sous-estimer la résilience des hommes de Bill Belichick. Et ce, même si les Seahawks n’avaient alloué que 13 points au total au quatrième quart à leurs huit derniers matchs précédant le Super Bowl.

Ils en ont alloué 14 aux Pats dimanche...

Cela ajoute encore plus de lustre à cette quatrième conquête du Super Bowl par Brady, qui a complété chacune de ses huit passes tentées lors de sa dernière série du match couronnée par un touché.

Dix ans après sa dernière conquête du Super Bowl, Brady a donc su se réinventer pour en remporter un autre avec un groupe de joueurs bien différents. Un exploit qui lui permet d'être considéré comme le plus grand quart de l’histoire. S’il n’est pas votre choix, vous devez à tout le moins étudier sa candidature.

Les bons ajustements

Et que dire de la défense des Patriots? N’allouant aucun point au quatrième quart, cette unité a bâti sur le sac du quart réussi en début d’engagement par Rob Ninkovich, qui en plus de freiner l’élan offensif des Seahawks, donnait le ton au reste du match.

Dès la série offensive suivante, Amendola inscrivait un touché qui amorçait la remontée des Pats.

Globalement, la défense des Pats a su contenir Russell Wilson et limiter Marshawn Lynch à 102 verges, ce qui est somme toute ordinaire selon les standards établis par le porteur de ballon étoile des Seahawks.

Pete CarrollL’unité a également su apporter les ajustements qui s’imposaient, notamment aux dépens de l’obscur Chris Matthews, un ancien des Blue Bombers de Winnipeg. Après des essais infructueux avec Logan Ryan et Kyle Arrington, les Pats ont finalement trouvé le bon demi défensif en Brandon Browner pour finalement contenir le receveur. Les défaillances de Ryan et Arrington ont mené à l’arrivée sur le terrain de Malcolm Butler, qui a réussi le jeu du match avec une interception à l’entrée de la zone des buts.

Je ne me souviens pas d’avoir vu une interception à la ligne d’une verge, mais tout le crédit revient au héros du match. Pour le réussir, Butler a dû faire preuve d’une anticipation exemplaire.

Celle-ci vient en pratiquant et c’est justement de cette façon que Butler a pu la travailler. Battu de son propre aveu par l’équipe de réserve des Patriots sur un jeu semblable à l’entraînement, Butler était fin prêt à affronter les Seahawks dans ces circonstances.

Un seul pas de trop vers l'arrière aurait tout fait dérailler pour les Pats et Butler, qui a fait une lecture parfaite du jeu. Il faut aussi souligner la contribution de Browner, qui a empêché le receveur Jermaine Kearse de le placer dans les jambes de Butler, qui devait courir dans un angle précis pour réaliser l’interception.

Un revirement plus que coûteux qui aurait sans doute pu être évité si l’entraîneur-chef Pete Carroll avait écouté le bon sens et opté pour une course de Lynch. Il est toujours facile de remettre en question les choix de jeux d’un entraîneur de l’extérieur, mais en voulant surprendre les Pats avec une passe, Carroll s’est surpris lui-même.

Momentanément, les Seahawks ont donc perdu leur identité et n’ont pas offert à Lynch l’opportunité de faire la différence comme il l’a fait si souvent en gagnant en moyenne 2.5 verges après le contact.

Ils s’en mordent les doigts aujourd’hui.

*Propos recueillis par Mikaël Filion