J’ai bien hâte de voir comment les Patriots vont se débrouiller cette semaine après leur cuisante défaite de 41-14 subie face aux Chiefs. Rien ne fonctionnait en attaque. Le scénario n'est pas idéal cette semaine non plus. Après avoir disputé un match sur la route lundi soir, les Pats profitent d'une courte semaine de préparation avant d’affronter les Bengals, qui eux reviennent d’une semaine de congé. Les Bengals sont la seule équipe de l’Association Américaine à être toujours invaincue (3-0), et comble de malheur pour l’attaque de Tom Brady, les Bengals sont premiers dans la NFL pour les points alloués. Ils ont concédé 16 points à Baltimore, 10 à Atlanta et 7 à Tennessee, ce qui donne une moyenne de seulement 11 points par rencontre. Ce sera tout un défi pour la Nouvelle-Angleterre. Non seulement ils ont moins de temps pour se préparer, mais ils affrontent en plus une grosse défensive qui a profité d’un congé. Historiquement, il est rare que les Pats perdent deux matchs d’affilée, mais ce ne sera pas une confrontation facile. Les Bengals sont forts dans les aspects où les Pats en arrachent actuellement.

C’est la même histoire depuis le début de l’année, Brady n’a pas de ligne à l’attaque. Il doit compter sur un bon personnel de soutien et une bonne protection, ce dont il ne bénéficie pas depuis le début de l’année, pour être un quart efficace. Ça lui prend aussi des armes parmi le groupe de receveurs. Même un gars de sa trempe ne peut pas faire de miracle. Il n’est pas un robot, on le sent de plus en plus humain. Je ne connais personne qui aime se faire frapper. En fait, plus tu vieillis, moins tu aimes ça. Sauf qu’il se fait tellement frapper qu’au lieu d’anticiper où ses receveurs vont aller et de lancer des passes, il anticipe la pression et ça peut l'affecter. 

Les Bengals sont forts à tous les niveaux, mais la ligne défensive en particulier est la force de l’unité défensive. Et avec un Geno Atkins qui revient d’une blessure et qui commence à reprendre son rythme, c’est un peu cauchemar que de devoir se mesurer aux excellents plaqueurs des Bengals. Pour Brady, il ne faut pas que la pression vienne du centre de la ligne à l’attaque parce qu’il n’est pas très mobile.

Je ne me souviens pas d’avoir déjà vu un jeu de chaise musicale comme celui de lundi soir. Bill Belichick a chambardé toute sa ligne offensive à l’intérieur du match. Dès qu’un joueur donnait un sac du quart, il se faisait remplacer pour quelques séquences ou même un quart avant de revenir. Évidemment, qui suis-je pour remettre en question Belichick, mais je m’explique mal cette situation. On a même commencé le match avec Cameron Fleming, un garde recrue, alors qu’on joue sur la route à Kansas City, dans l’un des stades les plus bruyants de la ligue avec Seattle. Il a été débordé et n’a même pas fini le match. Brady s’est fait frapper tôt dans le match et ça l’a affecté. Je comprends qu’on cherche des solutions, mais après le quart de la saison, on n’a pas encore déniché nos cinq meilleurs joueurs de ligne. Comme un de mes entraîneurs me disait à l'époque, c’est important que les joueurs de ligne se connaissent bien et passent du temps ensemble pour devenir comme les cinq doigts de la main et former un poing. Un poing cogne avec plus d’impact. Dans le cas présent, on voit plutôt que l’adversaire met de la pression à trois ou à quatre et que c’est facile pour lui. Il n’a pas besoin de beaucoup de ressources pour se rendre jusqu’au quart, donc ça laisse plus de marge de manoeuvre pour surveiller les receveurs de passe.

Julian Edelman est présentement le no 1 des Pats. Il est très courageux et fait de beaux jeux, mais on s’entend pour dire que ce ne serait pas un receveur no 1 normalement. Rob Gronkowski prend un peu plus de rythme après une grosse blessure et joue un peu plus. J’ai aussi hâte de voir Tim Wright, l’ailier rapproché qu’on a échangé contre Logan Mankins à Tampa Bay au mois d'août (en passant, Mankins est un garde qui aurait pu aider les Pats présentement). Wright n’a cependant que quatre attrapés jusqu’à présent. Je pensais qu’il allait remplacer Aaron Hernandez, mais c'est à se demander s’il a de la misère à comprendre le système.

Les Bengals ont aussi une bonne ligne à l’attaque et de bons porteurs de ballon sous la direction de Hue Jackson comme coordonnateur à l’attaque. Ils veulent courir plus que passer. Défensivement, les Pats ont de leur côté accordé 191 verges à Miami et 207 verges à Kansas City. Les Bengals sont bons dans les tranchées, alors que c’est là que les Pats se cherchent.

Bears c. Panthers (dimanche 13 h, RDS)

À la blague, on pourrait dire que c’est une bonne nouvelle que les Bears jouent sur la route cette semaine, en Caroline. Croyez-le ou non, les Bears sont 2-0 à l’étranger et 0-2 à la maison. Ils ont peut-être plus de chances de gagner. Face aux Packers dimanche dernier, ils disputaient un match serré jusqu’à ce que la chaîne déraille sur le dernier jeu de la première demie. Ils ont mal géré la situation et ont exécuté un jeu qui a été arrêté à la ligne de 1. Ils ont gaspillé une avance et une occasion de marquer un touché. 

L’attaque des Packers était tellement en feu et la défensive des Bears n’était pas capable de l’arrêter. Aaron Rodgers a mis énormément de pression sur la défensive des Bears, mais aussi sur le quart-arrière Jay Cutler. Chaque fois que Rodgers marquait un touché, Cutler se devait de répondre. Quand la défensive n’est pas capable d’arrêter personne, la situation devient complexe pour le quart-arrière. D’un côté, il ne veut pas créer de revirement, mais de l’autre, il veut aussi forcer le jeu. Il se dit que s’il fait une erreur, l’adversaire va en profiter et ajouter à son avance, mais que s’il ne force pas le jeu, il ne pourra pas rattraper le retard au tableau. 

La bonne nouvelle pour les Bears, c’est que les Panthers ont beaucoup de problèmes au niveau de leur ligne offensive. C’est peut-être l’occasion de gonfler les statistiques et de mettre de la pression sur le quart adverse. Les Panthers ont aussi beaucoup d’ennuis au niveau des porteurs de ballon. Cam Newton n’est pas à 100 % et il ne court pas beaucoup car il se remet d’une blessure aux côtes. C’est une équipe qui aime courir, pourtant elle se retrouve au 29^e rang du circuit Goodell en raison de ses gains de 71 verges en moyenne par match. C’est une des raisons qui expliquent leurs difficultés. Ça commence même à affecter la défensive car l’attaque ne fait pas grand-chose. Ça fait d’ailleurs deux matchs de suite qu’ils se font traverser. Ils doivent être heureux de sortir de la division Nord de l’Américaine, car ils ont alloué 75 points au total face aux Steelers et aux Ravens.

Cardinals c. Broncos (dimanche 16 h, RDS)

Les Cards sont la dernière équipe de la Nationale à avoir une fiche parfaite depuis la défaite des Eagles survenue la semaine passée pendant qu’eux étaient en congé. Ils jouent du gros football en l’absence de Carson Palmer, qui est blessé à une épaule. Le réserviste Drew Stanton fait le boulot. Il a complété à peine 50 % de ses passes, mais la statistique clé est qu'il a été victime d’aucun revirement. Comme la défensive des Cards n'est pas très généreuse en allouant seulement 15 points par match (2e rang dans la NFL), Stanton préfère ne pas forcer le jeu et il se concentre surtout éviter les erreurs. 

Cela dit, ça risque d’être différent contre Peyton Manning. Cette recette ne marchera pas toujours face à une équipe qui produit. Dans un match où il faut faire avancer le ballon et marquer beaucoup de points, Stanton peut-il faire le travail? Sera-t-il capable de bien faire et de protéger le ballon?

Les Broncos (2-1) connaissent un début de saison moins dynamique cette année. Ils ont gagné par sept points contre les Colts et les Chiefs et ont perdu contre Seattle en prolongation même s’ils se sont bien battus et qu'ils ont effectué une belle remontée. Tout n’est pas parfait au sein de l’attaque. Le jeu aérien prend beaucoup de place à Denver avec Manning, qui compte sur de bons receveurs, mais les Broncos aimeraient sûrement avoir un peu plus de succès au sol. Depuis l'ouverture de la campagne, ils enregistrent 75 verges par match seulement, bon pour le 27^e rang de la ligue. Contre Seattle, ils ont couru 20 fois pour 36 verges. Manning sait que ça prend de la diversité et de l’équilibre. Pendant la semaine de relâche, ils vont sûrement travailler cet aspect et essayer de trouver un moyen d’impliquer davantage Demaryius Thomas dans l'action car c’est leur receveur vedette. Il faut lui donner la chance de faire des jeux d’impact comme il est capable de le faire. Après trois matchs, il a accumulé 141 verges (un match de 48 verges, un de 62 et un autre de 31). Ce total le place au 79^e rang parmi les receveurs et c’est incompréhensible.

Par ailleurs, on serait porté à croire qu’avec un excellent demi de coin comme Patrick Peterson en Arizona, ce sera peut-être difficile pour les receveurs espacés des Broncos, mais si on regarde le dernier match contre San Francisco, les receveurs espacés des Niners (Michael Crabtree, Stevie Johnson et Anquan Boldin) ont attrapé un total de 25 ballons pour 219 verges avec Colin Kaepernick derrière le centre. Imaginez contre les Broncos avec Manning, Demaryius Thomas, Wes Welker et Emmanuel Sanders.

Seahawks c. Redskins (lundi 20 h 30, RDS2)

Enfin, pour le match du lundi soir, les champions du Super Bowl s’en vont à Washington après une pause d’une semaine. Ce que j’ai surtout hâte de voir, c’est Kirk Cousins contre la « Legion of boom ». Son dernier match s’est déroulé aux heures de grande écoute lors de la classique du jeudi soir contre les Giants de New York et ce fut un match très difficile. À ces deux derniers matchs, il a été intercepté cinq fois, dont quatre fois contre les Giants. J’ai hâte de voir si le jeune quart-arrière aura regagné sa confiance et s’il saura rebondir. Il va affronter la fameuse tertiaire des Seakawks qui compte toutefois seulement deux interceptions après trois matchs et qui se situe aussi loin qu’au 19^e échelon contre la passe en vertu de ses 259 verges par match. Il y a cependant un bémol à souligner : ils ont affronté les Rodgers, Philip Rivers et Manning. Contre Cousins, et contre la défensive des Redskins qui présente un ratio de moins-5 et qui a donné le ballon à l’adversaire cinq fois déjà, ça risque de revenir à la normale. Marshawn Lynch et les Seahawks sont capables de courir. Ils sont troisièmes dans la ligue à ce chapitre grâce à une récolte moyenne de 148 verges par partie. Les Redskins, eux, sont huitièmes contre le jeu au sol, mais je ne suis pas certain que ce soit un bon indicateur de la réalité. Pendant le match du 25 septembre, les Giants ont couru 38 fois pour 154 verges, donc les Seahawks sont assurément capables de faire encore mieux dimanche prochain.

Quant à Russell Wilson, plus ça va, plus il prend les choses en main. On l’a vu en prolongation face aux Broncos, il affiche un calme olympien et il est en contrôle. C’est un gamer. Lors de la séquence en période de surtemps, il a couru quatre fois pour 21 verges et il a complété quatre de ses six tentatives de passe, incluant trois fois alors qu’il était à l’extérieur de sa pochette. J’espère que les Redskins ont noté qu’ils doivent tenter de l’y maintenir. Ce qui le rend dangereux aussi, c’est qu’il ne court pas seulement pour courir, il le fait pour étirer le jeu de passe. Sa dernière option est d'utiliser ses jambes. Son but est de gagner du temps et de trouver ses receveurs, ce qui fait que c’est encore plus dangereux pour une défensive.

Encore une fois, un bon week-end de football nous attend et on aura de bonnes confrontations à se mettre sous la dent.

*Propos recueillis par Audrey Roy