MONTRÉAL – Michel Therrien n’avait plus rien à dire pour sa défense. Ne lui restait qu’à constater l’évidence.

« On leur a donné quatre buts »

« On ne joue pas notre meilleur hockey contre eux, ça c’est sûr », a laissé tomber, comme un long soupir, l’entraîneur du Canadien après le revers de ses ouailles contre le Lightning de Tampa Bay lundi.

Therrien n’était toutefois pas en mesure – ou probablement n’en avait-il tout simplement pas envie – de décortiquer les raisons qui expliquent les insuccès répétés de sa formation contre une équipe dont elle n’avait pourtant fait qu’une bouchée au premier tour des séries éliminatoires le printemps dernier.

Comment un club régnant sans broncher au sommet de son Association peut-il fendre l’air à cinq reprises contre le même adversaire, aussi redoutable soit-il?

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« C’est dur à dire », s’est contenté de dire Therrien, une invitation peu subtile à changer de sujet.

Quel est donc le secret du Lightning? Leur entraîneur Jon Cooper a-t-il relayé à ses joueurs une faille qui aurait échappé au reste de la compétition?

Absolument pas, clamait Max Pacioretty après la rencontre.

« On dirait qu’ils nous ont souvent affrontés alors qu’on connaissait une mauvaise soirée au bureau, croit plutôt le meilleur buteur du CH, auteur de son 37e de la saison lundi. On a montré ce qu’on avait dans le ventre en troisième période. Si on pouvait le faire pendant 60 minutes, on serait évidemment dans le coup, mais ça ne suffit pas de se présenter pour une seule période. »

« Ils ne font rien qui sort de l’ordinaire, exprimait également Dale Weise. Dans la troisième période de nos deux derniers matchs contre eux, on a prouvé qu’on a tout ce qu’il faut pour maîtriser cette équipe. Quand on joue bien, on peut même la dominer pendant de longues séquences. Mais pour une raison que je ne peux expliquer, on continue de se tirer dans le pied en début de match contre eux. C’est encore ce qu’on a fait ce soir. »

Therrien cible ses défenseurs

Les deux premiers buts du Lightning ont été marqués sur des échappées et le troisième sur un 2-contre-1 né d’un revirement à la ligne bleue du Canadien.

« Notre groupe de défenseurs a éprouvé beaucoup de difficulté ce soir. On leur a pratiquement donné quatre buts », s’est plaint Therrien dans une rare critique ciblée après la rencontre.

« Je ne sais pas exactement combien ils ont eu d’échappées, mais on leur a donné la rondelle beaucoup trop souvent, approuvait Weise. On a écopé de trop de pénalités, commis trop d’erreurs d’inattention. Ce n’est tout simplement pas ça, le style du Canadien de Montréal. On pouvait sentir la frustration au sein de l’équipe ce soir, ce qui est plutôt inhabituel au sein de notre groupe. »

« Ce sont des erreurs qu’il faudra corriger, reconnaissait Pacioretty. Quand on fait autant de cadeaux à une équipe aussi talentueuse, c’est évident que la rondelle se retrouvera dans le fond de notre but. En séries, ce sera encore plus impardonnable. »

« Nous sommes très confiants, clamait toutefois Weise. On pourrait perdre neuf fois contre la même équipe, on demeurerait convaincus qu’on pourrait la battre la dixième fois. »

Les échos de vestiaire

Faute avouée à moitié pardonnée?

Inséré au sein du quatrième trio aux côtés de Brandon Prust et Torrey Mitchell, Weise a sauté quelques tours en deuxième période après avoir écopé de deux pénalités mineures sur le même jeu. Coupable d’avoir porté son bâton trop élevé, il s’est ensuite attiré l’ire de l’officiel qui avait appelé la faute en contestant la décision avec trop d’insistance.

« Je lui ai dit un ou deux trucs, mais rien qui n’a pas déjà été dit par un gars qui se fait imposer une pénalité, se défendait le fougueux attaquant. Stamkos a fait la même chose quand il a eu sa pénalité en troisième et pourtant, ils se sont rassemblés pour discuter avec lui au banc. Mais ce n’est pas une excuse, c’était stupide de ma part. J’aurais dû me la fermer et m’en aller au banc. »

« Quand vous êtes indisciplinés, vous ne méritez pas de gagner », a résumé Therrien, préférant distribuer le blâme lorsqu’on lui a demandé de commenter le comportement du numéro 22.

Weise n’a passé que 6:35 sur la patinoire contre le Lightning. C’était la septième fois en 15 matchs au mois de mars qu’il était utilisé pendant moins de dix minutes dans une partie.

La meilleure attaque a raison de la meilleure défense