MONTRÉAL – Le gardien des Sénateurs a été excellent. Ceux du Canadien ont été ordinaires.

Michel Therrien ne l’a pas dit dans ces mots, mais il suffisait de lire entre les lignes pour décrypter dans ses paroles l’histoire de la série qui s’est soldée jeudi soir par l’élimination de son équipe.

« Anderson a été, à nos yeux, le joueur de la série, a couronné Therrien après la rencontre. C’est dur, pour une équipe, de faire face à un gardien de cette trempe qui est en plein contrôle de ses moyens et qui donne de grosses chances à son équipe de rester dans le match. »

« Et il semble que de leur côté… ils ont su profiter de leurs occasions », a laissé planer le coach avant de prendre une autre question.

Détenteur de la meilleure moyenne de buts alloués et du meilleur pourcentage d’arrêts de la LNH en saison régulière, Anderson a continué dans la même veine en séries. Il n’a cédé que neuf buts sur 180 lancers pour un taux d’efficacité de ,950.

Son vis-à-vis pour la majorité de la série, Carey Price, montrait des statistiques un peu moins rutilantes avant de déclarer forfait avant la prolongation du quatrième match : un pourcentage d’arrêts de ,894 et une moyenne de buts alloués de 3,26.

Et Peter Budaj? Passons.

Mais dans le vestiaire des perdants, on avait l’éloge moins facile envers le gardien des Sénateurs.

« Il a bien joué, mais peut-être qu’on ne créait pas assez de circulation devant lui. Je pense qu’on lui a rendu la vie facile », a offert David Desharnais, limité à une mention d’aide, en guise de compromis.

« On ne lui a pas assez compliqué la vie, confirmait son compagnon de trio Max Pacioretty quelques secondes plus tard. Ça pourrait très bien être ça la différence. Moi le premier, j’aurais pu faire un meilleur travail pour tenter de le gêner. »

« Leur gardien a très bien joué et leur effort collectif était exemplaire, a d’abord concédé Josh Gorges. Mais on n’a pas fait ces petites choses difficiles qu’une équipe doit faire pour marquer. Et ça commence dans notre propre zone et se poursuit au centre de la patinoire. Je ne parle pas seulement de ce qui se passe devant le gardien. »

Larmes, sales gueules… et positivisme

Alex Galchenyuk était adossé à son casier, les yeux fixant le vide, et n’avait encore enlevé aucune pièce d’équipement lorsque la porte du vestiaire s’est ouverte devant les membres des médias.

L’électrisante recrue ne semblait pas pouvoir se faire à l’idée que sa première saison dans la Ligue nationale venait de se terminer. « On a travaillé fort toute l’année pour participer aux séries et maintenant, nos chances de gagner la coupe Stanley sont inexistantes. C’est difficile », a-t-il fini par marmonner.

Galchenyuk a jugé que le moment ne se prêtait pas à l’autoévaluation et a poliment repoussé la première tentative de lui soutirer un signe quelconque de satisfaction personnelle, mais la seule présence de ce surdoué de 19 ans qui faisait face à la musique démontrait que l’avenir du Canadien, tant qu’il sera entre ses mains, sera brillant.

« Pour leurs premières séries, ils ont très bien fait, a vanté Therrien en incluant Brendan Gallagher, qui a récemment été mis en nomination pour l’obtention du trophée Calder, remis à la recrue par excellence de la LNH. J’ai dirigé beaucoup de jeunes joueurs et souvent, leur nervosité a un impact sur leur façon de jouer. Mais ces deux-là n’ont rien changé. Même au cours du dernier mois, ils ont joué un rôle important dans nos succès. Ils m’ont impressionné. »

« C’était la première fois que je goûtais aux séries et je veux revivre ça à chaque année, a commenté Gallagher. Aussi difficile cette élimination puisse-t-elle être, je crois quand même que les séries ont été le meilleur moment de l’année. »

« On a eu des belles surprises du côté des jeunes, des gars qui vont nous aider dans le futur. On sait qu’on est capables de finir dans le haut du classement. Maintenant, il va falloir être meilleurs en séries », constatait avec peine Desharnais.

« Je suis extrêmement fier de ce groupe, a admiré Gorges, les yeux humides. On a fait plusieurs bonnes choses. C’est difficile pour l’instant de voir le positif, à cause de ce qui nous arrive… Posez-moi de nouveau la question dans deux jours. »