MONTRÉAL - C’est bien plus qu’une saison qui sera particulière à de nombreux égards que le Canadien amorcera mercredi à Toronto.

 

C’est carrément le début d’un temps nouveau.

 

Cette équipe qui donne un coup de patin par en avant pour ensuite en donner deux... ou trois par en arrière depuis quelque chose comme 25 ans semble vraiment en voie de retourner au sein des clubs à prendre au sérieux à l’aube de la saison. Il était temps!

 

Pas question ici de parler de coupe Stanley trop vite.

 

Ce serait bête.

 

Mais comme je l’ai déjà indiqué à l’ouverture du camp, en 2021, le Canadien doit accéder aux séries au lieu de simplement en rêver. Et une fois en séries, le Tricolore devra partir gagnant au lieu d’espérer être pris à la légère par un adversaire plus fort. Cette équipe qui a ô combien déçu ses partisans au fil des dernières années doit leur redonner espoir et surtout des raisons de retrouver un brin de fierté et deux brins de confiance en elle.

 

S’il me semble exagéré de croire aux chances de revoir la coupe à Montréal l’an prochain, il me semble tout à fait normal de prétendre que cette équipe, la meilleure ou certainement la plus équilibrée à prendre la patinoire d’assaut depuis un quart de siècle, doit viser une place au sein du carré d’as.

 

Si elle trébuche en deuxième ronde ou pire qu’elle se fait surprendre dès la première? Ce sera certainement une déception. Mais pas nécessairement une catastrophe – selon la manière que cette éventuelle élimination surviendrait – alors que d’autres très bonnes équipes canadiennes peuvent viser le carré d’as elles aussi.

 

Mais une exclusion des séries, ça par exemple ce serait aussi inexcusable qu’impardonnable.

 

Romanov incarne l’espoir

 

À l’abri des regards des journalistes et des partisans, Alexander Romanov a impressionné ses coéquipiers du Canadien dans la bulle l’été dernier. Il a continué d’impressionner dès le premier entraînement du camp le 4 janvier et n’a cessé d’impressionner depuis. Il lui reste maintenant à impressionner là où ça comptera vraiment : lors de vrais matchs.

 

Au risque d’afficher un optimisme trop débordant à l’endroit du jeune arrière, je suis convaincu qu’il y arrivera.

 

Bon! Il faudra accepter certaines fluctuations dans les performances. Il faudra accepter quelques erreurs de jeunesse. Quelques élans trop risqués attribuables à une confiance que le jeune défenseur russe devra apprendre à bien doser.

 

Mais Alexander Romanov affiche toutes les qualités requises pour être un très bon défenseur dans la LNH.

 

Autant que Nick Suzuki et Jesperi Kotakaniemi qui semblent prêts à remplir les rôles beaucoup plus importants qui les attendent, peut-être même un peu plus que les deux jeunes joueurs de centre, Alexander Romanov incarne l’espoir chez le Canadien.

 

Un espoir qu’il concrétisera en avenir meilleur.

 

Chacun à leur façon, Josh Anderson, Tyler Toffoli, Joel Edmundson et Jake Allen tendent à confirmer qu’ils pourront bel et bien colmater les brèches qui ont fait sombrer le Canadien trop souvent au fil des dernières années.

 

Même Corey Perry fait saliver des partisans qui espèrent voir renaître le gros ailier sensationnel qu’il était au fil de sa carrière à Anaheim.

 

En raison des contraintes de masse salariale, Perry amorcera la saison au sein de l’équipe de réserve. Certains voient là une grave erreur de gestion autant en dollars qu’en évaluation de talent. Je ne suis pas d’accord du tout. Perry rendra de fiers services au Canadien s’il reste en forme, s’il accepte qu’il ne jouera qu’une trentaine de matchs cette saison – à moins de blessures subies par des joueurs meilleurs que lui – et prend les moyens pour avoir un impact positif lorsqu’il endossera l’uniforme.

 

Sans oublier que Carey Price, Shea Weber, Jeff Petry, Brendan Gallagher, Phillip Danault, Tomas Tatar et les autres bénéficieront du renfort obtenu pour simplement contribuer aux victoires au lieu de porter sur leurs épaules toutes les chances de victoire de l’équipe.

 

L’année de Jonathan Drouin

 

L’éclosion de Nick Suzuki qui amorcera la saison au centre du premier trio, les acquisitions de Josh Anderson et Tyler Toffoli et surtout le départ de Max Domi qui était devenu un boulet au lieu d’être un atout l’an dernier, sont autant de facteurs positifs qui devrait permettre à Jonathan Drouin d’enfin connaître une saison à la hauteur de son talent... avec le Canadien. Une saison à la hauteur des performances de l’excellent défenseur Mikhail Sergachev que le Canadien a « sacrifié » afin de mettre la main sur un attaquant de premier plan, québécois francophone de surcroît.

 

Pour des tas de raisons, certaines qui lui sont imputables, d’autres moins, d’autres peut-être pas du tout, à cause d’une blessure qui est venue miner le très bon début de saison qu’il connaissait l’an dernier, Jonathan Drouin n’a pas été en mesure de donner au Canadien et à ses partisans ce qu’ils étaient en droit d’attendre de lui sur la patinoire.

 

Les échos de l'entraînement du CH

Ça doit arriver cette année.

 

Comment chiffrer les attentes?

 

Le plateau des 50 points me semble un objectif à la hauteur des attentes, mais surtout du niveau de talent de Drouin.

 

Mais au-delà les buts et les points, c’est l’implication de Drouin dans les succès de l’équipe à laquelle j’accorderai beaucoup d’attention cette année.

 

Marquer des buts et récolter des points dans une cause perdante ou dans des matchs qui trop souvent ne veulent rien dire c’est bon pour l’égo. C’est aussi bon pour les statistiques. En prime, ça ferme la trappe des maudits journalistes qui ne sont jamais contents et des partisans qui en demandent toujours un peu plus.

 

Mais marquer les gros buts qui font la différence, les buts qui permettent de revenir de l’arrière en fin de rencontre ou de propulser son club vers la victoire dans le cadre d’un match dur et serré c’est bien mieux.

 

C’est plus dur, on en conviendra tous. Mais c’est bien mieux.

 

Jonathan Drouin a essuyé plus que sa part de critiques depuis qu’il a été acquis par le Canadien en 2017. Des critiques parfois méritées. Des critiques parfois exagérées. Mais Drouin n’a encore jamais été adulé comme il pourrait l’être s’il arrivait à hausser son niveau de jeu d’un cran lorsque ça devient nécessaire.

 

À sa quatrième saison avec le Canadien, Jonathan Drouin doit devenir ce pilier vers qui les yeux se tournent lorsque vient le temps d’aller chercher un gros but. Et comme plusieurs coéquipiers peuvent maintenant bien l’épauler le reste du temps, il aura les coudées plus franches pour passer à un autre niveau.

 

Tout ça pour dire que la qualité de buts marqués et des points récoltés par Drouin primera à mes yeux cette année sur la quantité de buts qu’en enfilera et de points qu’il totalisera.

 

Les arrêts de Carey Price seront encore cette année déterminants dans les victoires du Canadien. Comme les performances des Weber, Petry, et autres vétérans de l’organisation.

 

Mais Jonathan Drouin devrait devenir le joueur capable de faire la différence. En fait, on sait tous qu’il est capable d’être ce joueur. Il doit maintenant le devenir au lieu de se contenter de prétendre pouvoir l’être.

 

Une coupe dans la manche

 

En plus d’amener des qualités qui devraient faire du Canadien une meilleure équipe cette saison, Tyler Toffoli, Joel Edmundson tout comme Corey Perry cachent un as dans leur manche : celui d’avoir déjà gagné la coupe Stanley.

 

Bon!

 

Il faut remonter en 2007 alors que Perry complétait sa deuxième saison dans la LNH pour associer le nom du vétéran à la coupe Stanley. Tyler Toffoli en était lui aussi à sa deuxième saison seulement dans la LNH lorsque les Kings de Los Angeles ont soulevé la coupe pour la deuxième fois en trois ans en 2014.

 

Les deux joueurs n’étaient pas, ou pas encore, les piliers de leur club respectif lors de ces conquêtes, mais Perry a quand même récolté 15 points (six buts) dans les 21 matchs qui ont mené les Ducks à la coupe. Toffoli a marqué sept buts et ajouté le même nombre de passes dans les 26 parties disputées par les Kings.

 

Quant à Edmundson, il servait de bouclier défensif derrière Alex Pietrangelo sur qui un gros pan des succès des Blues reposait lorsque la coupe s’est retrouvée à St Louis pour la première fois de son histoire il y a deux ans.

 

Mais comme Perry et Toffoli avant lui, Edmundson a fait partie d’un club qui s’est rendu jusqu’au bout. Ces gars-là ont vécu l’expérience. Ils ont vu quels sacrifices doivent être multipliés pour franchir chacune des rondes. Ils ont encaissé les coups et les contrecoups des mille et une petites choses qui font une grande différence entre soulever la coupe Stanley et voir des adversaires venir nous la voler des mains.

 

Pas question ici de prétendre que Perry, Toffoli ou Edmundson fera à lui seul la différence dans l’éventualité où le Canadien se faufilerait jusqu’à la grande finale.

 

Mais ces trois joueurs pourront faire bien comprendre à leurs coéquipiers qui ne l’ont peut-être pas encore complètement réalisé, ce qui doit être fait pour se donner la chance de se rendre jusqu’au bout.

 

Le genre de conseils, de messages, d’incitatifs qui pourraient justement aider Jonathan Drouin à devenir le pilier qu’il devrait être.

 

L’avenir nous le dira.

 

D’ici à ce qu’on obtienne réponse à toutes ces questions : bonne saison!