Bonne nouvelle! Le Canadien a mieux terminé son voyage dans l’Ouest américain qu’il ne l’avait amorcé.

Cela dit, la victoire aux dépens des Coyotes de l’Arizona, une victoire qui était plus que nécessaire on en conviendra tous, du moins je l’espère, aurait pu et même dû être plus facile qu’elle ne l’a été.

Les Coyotes n’ont pas de club. Quand Kyle Chipchura qui ne pouvait conserver un poste au centre du quatrième trio à Montréal alors que le Canadien formait un bien moins bon club qu’il en forme un aujourd’hui, occupe le rôle de premier centre, on peut dire qu’il ne joue pas pour un gros club.

Mettons!

Loin d’être incisif comme il aurait dû l’être face à un adversaire aussi démuni, le Canadien a contrôlé de grands pans de la rencontre. C’est vrai. Je suis bien d’accord aussi avec ceux qui soutiennent que Mike Smith, le gardien plus acrobate que gardien des Coyotes, a effectué quelques très bons arrêts. Mais contre la 29e équipe de la LNH à domicile – les Oilers ont dix victoires seulement eux aussi, mais moins de points que les Coyotes dans ce derby de médiocrité – le Canadien n’a pas été fichu de marquer plus d’un but.

Oui il a gagné 2-0, mais le deuxième but a été enfilé dans un filet désert avec quelques secondes à faire.

Et vous savez quoi? Ce semblant d’équipe – je parle de Coyotes ici – a obligé Carey Price à se dresser devant son filet en troisième période afin qu’il puisse signer la 42e victoire du Tricolore cette année, sa 37e de la saison, sa septième par jeu blanc. Price a repoussé 29 tirs, dont la majorité (16) est venue au dernier tiers.

Contre un club aussi faible à la fin d’un voyage au cours duquel il a été malmené, le Canadien aurait dû, c’est du moins mon avis, profiter de l’occasion pour en gagner un vraie. Le genre de victoire que les Blues de St Louis ont remportée à Toronto où ils ont infligé une raclée de 6-1 aux Maple Leafs qui sont mauvais, c’est vrai, mais qui sont encore meilleurs que les Coyotes.

En plus, le Canadien avait un motif supplémentaire de gagner puisque les Coyotes, qui sont l’un des deux seuls clubs – l’autre est Chicago – à avoir infligé un revers en temps réglementaire au Canadien quand il mène après 40 minutes, sont venus battre le Tricolore au Centre Bell le premier février dernier.

Mais bon! Le Canadien a gagné et au fond c’est tout ce qui compte, je le sais bien. Mais parfois, la façon dont tu gagnes devrait entrer en ligne de compte. Et il me semble que cela aurait dû être le cas hier.

En plus, Michel Therrien, pour une rare fois cette année, a passé le plus clair du match avec trois trios et deux duos de défenseurs sur la patinoire. Couper son banc à Glendale? Contre les Coyotes? À la fin d’un long, difficile et éreintant voyage de quatre matchs dans l’Ouest américain alors que les joueurs devraient être à bout de souffle?

Ça en dit long sur les intentions du coach qui ne voulait pas perdre contre pareil adversaire.

Eller : enfin du positif

Bien que le Canadien n’ait pas été dominant, il y a des points positifs à tirer du match. À commencer par la performance du troisième trio.

ContentId(3.1118208):Eller met fin à sa disette
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Lars Eller a marqué. Enfin! C’était son premier but en 15 matchs. Son deuxième en 30 parties.

Et bien qu’Eller ait prétendu dans ses commentaires d’après match qu’il n’avait pas tenu le compte des matchs disputés sans marquer, je vous assure que le contraire est pas mal plus vrai. Les joueurs jonglent avec leurs statistiques personnelles avec adresse. Surtout quand elles sont positives. Tenez, Eller sait certainement que son 10e but de la saison – ce qui est bien peu – était aussi son 6e but gagnant. Ce qui est énorme considérant l’échantillon. Avec six buts gagnants, Eller occupe le 2e rang chez le Canadien, deux filets derrière Max Pacioretty qui en a marqué 31.

Mais quand elles sont négatives, elles les hantent. Et s’il est possible que Eller voulait oublier la durée de sa disette, il était bien conscient des chiffres qui se succédaient.

Outre son but, Lars Eller a bien joué. Il a été impliqué. Parce qu’il est devenu le souffre-douleur du Canadien à l’attaque et que les commentaires négatifs lui tombent rapidement sur le dos, on a tendance à fermer les yeux sur ce qu’il fait de bien. C’est plate pour lui et ses partisans car il en a, mais c’est comme ça.

ContentId(3.1118200):DSP brise la glace, Eller marque enfin
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Eller perd encore trop de batailles pour la rondelle, il prend encore beaucoup trop de mauvaises décisions et n’affiche pas le sens du hockey qu’on attend de lui, mais il travaille, il s’implique, il bataille.

C’est ça de gagner.

À la gauche de Jacob De La Rose et de Devante Smith-Pelly, Eller a évolué au sein du trio le plus efficace du Canadien samedi. Ou à peu près. Je ne suivrai pas la vague populaire et m’enflammerai avec les cinq tirs et trois mises en échec de DSP parce que trop de ces tirs et de ces mises en échec – j’inclus ici les huit obtenues à Los Angeles – n’étaient d’aucune signification.

Mais après avoir décoché des tirs anodins d’angles très fermés alors qu’il débordait sur le flanc droit, DSP a eu la très bonne idée de changer de stratégie et de ramener la rondelle dans l’enclave d’où Eller a marqué au lieu de décocher un tir facile à bloquer pour n’importe quel gardien de la LNH.

Et De La Rose? C’est lui qui était sur la patinoire en fin de match pour aider Carey Price à protéger une trop mince avance de 1-0 que les Coyotes semblaient en voie d’effacer.

Encore un mouvement de confiance bien mérité à l’endroit du jeune joueur de centre. Avec raison si je peux me permettre une remarque positive...

Après des sorties pas toujours évidentes lors des trois matchs de la tournée californienne, le duo Markov-Subban a de nouveau joué à la hauteur de son talent hier soir. Le différentiel positif (plus-2) des deux défenseurs est rassurant.

Et il a Carey Price. Encore et toujours...

Des questions

Passons aux questions maintenant. Car oui la victoire de samedi en Arizona soulève des questions au lieu de simplement offrir des réponses.

Était-ce après la défaite gênante à San Jose ou celle beaucoup moins gênante à Anaheim où le Canadien a très bien joué, mais s’est frotté à un gardien (John Gibson) en grande forme, je ne me souviens plus, mais Max Pacioretty après un de ces matchs déplorait le fait d’avoir perdu. Il était déçu, un brin fâché même, car lui et ses coéquipiers voulaient profiter du voyage pour faire taire leurs détracteurs.

« On veut confirmer nos succès depuis le début de la saison en tenant tête à ces gros clubs de l’Ouest américain », que disait Pacioretty.

La victoire de samedi a peut-être sauvé le voyage en permettant au Canadien de rentrer à Montréal avec une récolte de trois points sur une possibilité de huit. Mais ce n’est certainement la courte victoire arrachée aux Coyotes qui permettra à Pacioretty et ses coéquipiers de mettre le poing sur la table et de signer en gras la déclaration d’intention du Tricolore.

Contre San Jose le Canadien a été lamentable. Il a été éclipsé. Battu sur tous les fronts. Michel Therrien a très bien avalé la pilule et il a fait preuve d’une belle maturité en passant l’éponge comme il l’a fait. En soulignant que oui son club avait mal joué, mais que les circonstances plus que le manque d’efforts étaient responsables de ce revers.

Je l’ai dit tantôt et je maintiens mon idée que le Canadien a vraiment mieux joué que le score ne l’indiquait à Anaheim. Mais bien qu’il ait bien joué, le Canadien n’a pas convaincu les sceptiques qu’il serait en mesure de sortir gagnant d’une série quatre de sept face aux Ducks.

À Los Angeles? Le Canadien a été pitoyable en première. Et comme les Kings ont joué pour une trop rare fois au goût de leurs partisans à l’image des champions en titre de la coupe Stanley, le match a très mal commencé. Il a aussi très mal fini alors que Dustin Tokarski a été généreux – ou pas assez étanche c’est selon – en tirs de barrage effaçant la surprenante et ô combien inattendue remontée de trois buts sans riposte du Canadien. Une remontée qu’il n’a pas su protéger échappant du coup un point au classement.

 

Ce n’était certainement le genre de « statement » dont Pacioretty parlait en début de voyage.

Je sais! Le Canadien se réveille ce matin avec 90 points au classement. Il est toujours premier dans l’Est avec des matchs en mains sur ceux qui le talonnent. Deuxième dans la LNH au grand complet derrière les Ducks d’Anaheim.

Les joueurs du Tricolore qui effectuent l’envolée vers Montréal après une nuit supplémentaire en Arizona ont bien plus de raisons de célébrer que de broyer du noir.

Et s’ils n’ont pu signer la confirmation qu’ils espéraient brandir en rentrant de l’Ouest américain, Michel Therrien et ses joueurs ont encore 16 matchs de saison régulière pour confondre les sceptiques.

En fait non. Car bien au-delà les exploits impressionnants – en dépit des ennuis de la tournée dans l’Ouest américain – multipliés par Carey Price et ses coéquipiers du Tricolore depuis le début de la saison régulière, ce sont les succès, ou insuccès, du Canadien en séries qui serviront de véritable baromètre pour mesurer la véritable valeur de leur année.

Les 16 derniers matchs serviront donc à prolonger la préparation en vue de la danse du printemps. Un printemps qui s’en vient puisqu’on change l’heure et que le golf s’en vient.

Bon dimanche!