Depuis le début de sa carrière, David Desharnais se fait un plaisir de prouver aux gens qui doutent de lui qu’ils ont tort. J’irais même jusqu’à dire que les gens doutent de lui depuis qu’il a 15 ans, mais au lieu de se laisser abattre par ces commentaires, David réussit à carburer avec ces remarques et continue d’en surprendre plusieurs.

Après un stage junior du tonnerre avec des récoltes de 97, 118 et 108 points, aucune équipe de la LNH ne lui fait signe, si bien qu’il a fallu que Guy Carbonneau, alors propriétaire des Saguenéens de Chicoutimi, lui lance une invitation au camp d’entraînement du Canadien. Croyez-moi qu’une invitation sans contrat à un camp pour un jeune junior est habituellement une faveur faite à un dépisteur ou quelqu’un d’autre au sein de l’organisation.

Par contre, David a traduit cette invitation par un contrat de la Ligue américaine, mais il a été obligé de passer par la ECHL pour éventuellement avoir une chance dans la LAH. À sa première saison chez les pros, plusieurs disaient qu’il était trop petit et trop lent pour jouer professionnel et qu’il aurait beaucoup de difficultés dans la ECHL car le jeu est très physique. Qu’a-t-il fait? Il a terminé au sommet des compteurs en saison et en séries en plus de remporter la Coupe.

L'influence de Boucher

Une fois établi dans la LAH, il doit encore se battre pour avoir du temps de glace sur les deux premiers trios car les entraîneurs ne croient pas qu’il a les atouts pour percer dans la LAH. Je crois que la présence de Guy Boucher à Hamilton a fait une grosse différence dans la carrière de David puisque Guy avait le don de te faire croire en toi-même et de t'amener à être persuadé que tu as ta place dans la LNH.

Guy a eu cet effet sur moi aussi car je me rappelle lui avoir dit à ce moment que je savais que j’étais un vétéran pour aider les jeunes à Hamilton. Je me rappellerai toujours de son commentaire : « Mathieu, oui, ça fait partie de ton rôle, mais toi aussi tu veux retourner à la LNH et tu as les atouts pour y accéder ». Quelques semaines plus tard, je me faisais rappeler par le CH et j’y ai passé les trois dernières saisons de ma carrière.

David a tellement pris confiance en ses moyens en évoluant pour Boucher que cette attitude l’a suivi dans la LNH. Je me souviens de son rappel en 2010-2011, car il avait une approche complètement différente de son rappel l’année précédente.

Il sentait qu’il avait sa place et non pas qu’il allait jouer quelques matchs et retourner dans les mineures. David était aussi mon cochambreur, donc nous avons souvent échangé sur ce sujet. Ça se voyait dans son approche. Je me rappelle aussi très bien la journée où Pierre Gauthier était venu dans l’autobus lui dire de se trouver un logement car il resterait à Montréal pour de bon. David était assis à côté de moi et m’a répété 10 fois « Darchy, je n’en reviens pas, je n’ai jamais été aussi heureux de ma vie! » C’était comme si tous ses efforts étaient finalement récompensés.

Une tenue irréprochable

Malgré ses succès des dernières saisons, plusieurs aimaient le critiquer car il était supposément payé trop cher. Encore cette saison, lorsqu’il a été muté sur le troisième trio  - bien qu’il joue comme un joueur de premier ou de deuxième -, j’entendais plusieurs partisans et « experts » clamer qu’il n’était pas la solution pour un troisième trio et que le CH devrait l’échanger.

Mais regardez ce qu’il fait depuis le début de la saison. Une récolte de 15 points en 19 rencontres avec une moyenne de temps de jeu de moins de 15 minutes, c'est tout à fait exceptionnel. Il est LA principale raison du succès de ce trio et, grâce à lui, Dale Weise va probablement être payé le double de ce qu’il devrait empocher l’an prochain (bien que j’apprécie énormément le travail de Weise). Il a eu un impact positif sur la majorité des matchs depuis le début de la présente campagne, comme le démontrent les buts importants qu’il a marqués.

David continue d’être un exemple de persévérance pour tous les hockeyeurs qui se font dire qu’ils ne pourront pas accéder à un niveau plus haut. Rien ne lui a jamais été donné et il ne tient rien pour acquis. Il a certainement du succès, mais ne croyez surtout pas que c’est de la chance. David le mérite car il travaille avec acharnement pour avoir ce succès.

Sans nommer de noms, il y a plusieurs joueurs que j’ai côtoyés au cours de ma carrière qui auraient pleinement bénéficié d’avoir juste la moitié de la détermination de David. Il y en aura toujours pour le dénigrer et douter de lui mais, en connaissant très bien David, cela va simplement le motiver davantage... à la Martin St-Louis!