BROSSARD – Quand on y pense, 31 minutes, ce n’est rien dans une vie ou dans une carrière, mais Jordie Benn s'est servi de cette utilisation de manière judicieuse et il semble déjà s’avérer une excellente addition à la brigade défensive du Canadien.

En seulement deux matchs, le défenseur de 29 ans est parvenu à solidifier le troisième duo du Tricolore. Efficace et nullement hésitant dans ses actions, Benn pourrait devenir le candidat que le Canadien recherchait pour stabiliser cette unité.

Au cours des deux ou trois dernières saisons, une multitude de joueurs ont obtenu des auditions – courtes et moins courtes – sur le troisième duo et les résultats n’ont pas été assez concluants. Sans tous les nommer, on peut penser aux Greg Pateryn, Mark Barberio, Jarred Tinordi, Zach Redmond, Ryan Johnston, Joel Hanley, Darren Dietz, Victor Bartley et compagnie.

S’il poursuit dans cette veine, Benn fera oublier plusieurs de ces joueurs qui possédaient des lacunes.

« Il a été très solide, on le perçoit comme un défenseur très défensif, mais il a fait plusieurs beaux jeux intelligents pour effectuer des sorties. Il a fait des choix intelligents, il a absorbé des contacts aussi pour compléter des passes. Il a été très impressionnant, on a besoin de joueurs comme lui pour gagner. Il deviendra de plus en plus à l’aise », a vanté le capitaine Max Pacioretty.

Sondé quelques minutes avant, Jeff Petry était dans un répertoire semblable pour décrire son impact. 

« Je n’en savais pas beaucoup sur lui quand on l’a acquis, mais il joue évidemment bien défensivement. Il avait dit que son premier objectif était de garder la rondelle hors du filet et il s’en acquitte très bien. Il offre une présence physique importante et ce style robuste. Mais ce que j’ai remarqué dans ses deux premiers matchs, c’est qu’il bouge bien la rondelle. Sa première passe est bonne et, quand il a de la place pour avancer, il a aussi les aptitudes pour déplacer le disque en patinant », a souligné Petry qui préfère toujours parler des autres.

Sans surprise, Claude Julien a apposé la même valeur à Benn.

« Son arrivée a vraiment stabilisé notre troisième duo. En plus de bien jouer, il a aussi aidé Nate (Nathan Beaulieu) dans son jeu. Avec un bon défenseur d’expérience, il devient plus stable », a soulevé Julien qui apprécie l’équilibre actuel de ses duos avec Andrei Markov qui patine auprès de Shea Weber.

C’était justement l’angle qui s’imposait. Beaulieu pourrait être le plus grand gagnant dans cette histoire. S’il parvient à développer de la constance avec Benn, il devrait pouvoir grimper les échelons au grand plaisir des dirigeants. 

« Il complète mon travail grâce à son coup de patin et sa facilité à bouger la rondelle, a dit Beaulieu. Il est très solide défensivement et pas uniquement avec moi, mais aussi en situation de désavantage numérique. »

Mais qu’en pense Benn? Le principal intéressé apparaissait comme un homme très heureux, vendredi matin, aux côtés de Beaulieu. ​

« Je lui ai dit de se laisser aller et de jouer son style, je serai toujours là pour l’aider défensivement. Ce n’est pas ma force d’appuyer l’attaque alors que je lui ai donné le feu vert. Je vais le supporter », a raconté Benn qui gère bien l’attention médiatique. 

Le gaucher considère qu’il s’est aussi bien adapté à la structure du Canadien grâce à la nature de son arsenal.

« Mon jeu est très simple, ça consiste à bien jouer défensivement et bloquer des tirs. Les deux premiers duos vont jouer plus souvent et je vais faire ma part comme j’en suis capable. Je garde les choses simples et je donne la rondelle aux attaquants. La transition a été facile », a exprimé Benn.

L’efficacité de Benn permet à Julien de mieux répartir le temps d’utilisation de ces défenseurs. Dans le passé, l'entraîneur a déjà eu à utiliser Zdeno Chara à outrance, mais il ne peut pas se le permettre avec une première combinaison formée de Weber et Markov.

« J’aime le fait que je n’ai pas à trop surtaxer certains joueurs. Quand les défenseurs font bien leur travail, ça me donne l’occasion de mieux gérer le temps de jeu. Il y aura probablement des situations où je devrai plus utiliser mes meilleurs défenseurs. Mais tant que je peux bien gérer ça à l’arrière, ça garde les joueurs frais et dispos », a convenu Julien.

Son frère, son père et son chien pensent à lui

Durant son entretien avec les médias, Benn est revenu sur ses premiers pas avec le Tricolore.

« Mon premier match à domicile était formidable. Ça excédait mes attentes. C’était un honneur de simplement enfiler ce chandail. J’étais un partisan des Canucks quand j’étais petit, mais de jouer au Canada, à Montréal, au Centre Bell, c’était formidable », a avoué celui qui n’a jamais été repêché.

Il a également confié que son frère Jamie essayait de suivre avec attention son passage avec le Canadien.

« Il a pu regarder la première période (de son premier match) et, ensuite, il devait aller jouer. Il m’a texté pour me dire qu’ils vont regarder le match, il est probablement mon fan numéro un », a mentionné Benn avec le sourire.

Mais à bien y penser, il aurait peut-être dû nommer son chien.

« Je suis célibataire et je n’ai pas d’enfant, mais seulement un chien, Juice. Il veut tout dire pour moi, je l’ai pris dans un refuge. Je vais essayer de le faire venir ici. Je ne sais pas ce qui lui est arrivé, mais il est un peu timide et nerveux. Je veux lui donner de l’amour », a confié l’athlète originaire de Victoria.

« On essaie de convaincre mes parents de venir quand les Stars seront ici (le 28 mars). Mais mon père est accro au chien, on va voir si on pourra les séparer! », a-t-il lancé.

Ott a déjà charmé ses coéquipiers

Si Benn n’a pas tardé à prouver sa valeur, Steve Ott a reçu des fleurs avant même d’effectuer ses débuts officiels avec le Canadien. Sympathique et rassembleur, il devrait contribuer avec ses qualités de meneur. 

« Il a toujours été reconnu comme un bon coéquipier. Il place toujours les intérêts de l’équipe avant les siens. Il fait tout pour aider l’équipe, sur la glace comme à l’extérieur. C’est un gars qui devient très important. Il fait son travail », a ciblé Julien sur l’athlète qui ne ménage pas les efforts.

Près de lui dans le vestiaire, Pacioretty a confirmé les dires de son entraîneur. 

« Dès le premier contact, tu peux comprendre que c’est un gars d’équipe, il s’arrange pour que tout le monde soit à l’aise. Ces joueurs ont beaucoup de valeur, ils sont importants autant sur la glace qu’à l’extérieur notamment quand les choses deviennent plus négatives.

« Ceux qui regardent uniquement les statistiques sur leurs ordinateurs pensent que l’esprit d’équipe n’est pas si important, mais ce l’est et encore plus dans un marché comme celui-ci quand ça peut devenir éprouvant », a raconté Pacioretty qui avait déjà une perception favorable de ce joueur malgré son style corrosif.  

« J’avais souvent entendu parler de lui par des amis à travers la LNH. Je savais comment il était », a conclu le capitaine.