Les propos de l’entraîneur Michel Therrien, après le match de dimanche contre les Panthers de la Floride, étaient parfaitement adaptés à la situation. Sur le fond, il avait totalement raison. Son équipe était à bout de carburant pour ce match, tout simplement. Ce n’est pas une excuse, on s’entend, mais c’est certainement une explication très logique et acceptable. Je le sais, je vis exactement au même rythme que l’équipe, quant au calendrier. Sur la forme, il avait aussi raison. Comment reprocher publiquement quoi que ce soit à une équipe qui vient d’inscrire une fiche de 9-3-1 à l’issue de cet éreintant segment de 13 rencontres en 24 jours? Impossible, même s’il avait peut-être constaté des choses qu’il n’avait pas aimées au cours du match.

Cela dit, P.K. Subban a aussi soulevé un très bon point quand il a parlé du manque d’unité, non seulement observé lors de la rencontre d’hier, mais aussi lors du récent segment d’insuccès. Le Canadien a semblé oublier cette facette importante de son jeu qui lui a valu sa récente récolte de victoires. À un certain moment, lors du match de dimanche, Subban attendait patiemment avec la rondelle le repli de ses coéquipiers dans le territoire défensif afin d’orchestrer la relance de l’attaque. Il a fallu quelques secondes avant que les attaquants constatent qu’ils étaient éparpillés un peu partout en zone neutre et que la seule option de Subban est une passe qui avait peu de chance de réussir. J’ai moi-même décrit la scène en ondes et Marc Denis, qui était au niveau de la patinoire, a très bien vu le jeu aussi. Même la foule s’est impatientée pendant la scène.

Les entraîneurs et autres fins connaisseurs du jeu du hockey le répètent sans cesse : l’unité à cinq joueurs doit se faire dans les trois zones. Le regroupement serré en zone défensive est le meilleur gage de récupération de rondelle et de la relance de l’attaque, devant son gardien, mais aussi le long des rampes. Le déploiement des forces en zone offensive au point d’appui, dans les coins et surtout autour et devant le filet est aussi le meilleur gage de production en attaque, dans la réalité du hockey moderne. Le but de Galchenyuk, dimanche, en est un exemple éloquent tout comme le manque de rendement en supériorité numérique l’est aussi, à l’inverse.

Il y a donc aussi une certaine leçon de hockey à retenir des dernières rencontres. Le Canadien a plusieurs joueurs de plus petite taille et il ne compte pas, non plus, sur des joueurs étoiles à la Sidney Crosby. Il est donc essentiel que le jeu collectif soit irréprochable de la part des quatre trios, et ce, dans les trois zones.

Galchenyuk en « croissance »

Au cœur du ralentissement de la dernière semaine, il y a un joueur qui commence à montrer des signes de développement et surtout, de plus en plus de flashs du talent brut exceptionnel qu’il possède. Je parle, bien sûr, d’Alex Galchenyuk. Petit à petit, un peu en dents de scie, Galchenyuk s’approche du sommet des marqueurs de son équipe. En marquant son 10e but de la saison contre la Floride, dimanche, il a rejoint Tomas Plekanec au sommet des pointeurs chez les attaquants. Il n’est plus qu’à trois points de P.K. Subban, toujours au premier rang.

Au cours des cinq dernières rencontres, qui se sont soldées par une fiche globale de 2-3, Galchenyuk a décoché 19 tirs vers le filet, dont 16 ont atteint la cible. Trois ont déjoué le gardien. C’est la moitié de l’attaque totale du CH au cours de la période. Le jeune athlète aurait-il enfin gagné en confiance sur cet aspect de son jeu? On connaît tous son habileté en tant que passeur et Galchenyuk lui-même semble très à l’aise, tout naturellement, à chercher un coéquipier pour lui refiler la rondelle. Mais, indéniablement, il possède aussi une touche magnifique de marqueur et viendra le jour où il maîtrisera l’équilibre entre « passer la rondelle » et « tirer la rondelle », surtout quand il aura la mission d’évoluer à sa position naturelle, soit celle de centre.

À 19 ans à peine, il y a encore beaucoup de choses à peaufiner dans son jeu et on ne peut que féliciter l’organisation du Canadien d’y aller prudemment avec lui. Mais Galchenyuk finira peut-être par dicter lui-même son propre agenda de « croissance ».

Quel avenir pour Parros?

Suffit de côtoyer George Parros un tant soit peu pour être conquis par sa gentillesse, son humour, son intelligence. Il aura éventuellement beaucoup de succès sur le plan professionnel après le hockey, j’en suis convaincu.

Si je souligne cela, en premier lieu, c’est aussi pour dire à quel point il est triste de l’avoir vu se faire sonner à nouveau samedi soir, lors de son combat contre Eric Boulton. Je ne veux pas revenir sur le grand débat des bagarres au hockey. Ma position est claire : il est temps que le hockey passe à autre chose, notamment dans le contexte des combats totalement inutiles et « scénarisés » comme samedi, à Long Island.

Mais dans le cas de Parros, comme dans d’autres semblables, on peut aussi penser à l’homme avant de penser au joueur. Cette deuxième commotion en quelques semaines se veut un avertissement sérieux pour lui, et à 33 ans, il serait peut-être sage de réfléchir sérieusement sur son avenir. Je n’ai surtout pas la prétention de pouvoir dicter quoi que ce soit à qui que ce soit mais on en sait maintenant beaucoup plus sur les séquelles à long terme des coups à la tête et on ne peut qu’espérer que lui et d’autres athlètes puissent avoir la sagesse de prendre les bonnes décisions au bon moment.