Pour bien établir et réaliser ses priorités à la date limite des transactions, il faut que le directeur général Marc Bergevin ait déjà fait une évaluation profonde de son noyau de joueurs et qu'il ait établi son niveau de satisfaction  de chacun d'entre eux.

Avant d'apporter des changements au noyau, il faut que la situation s'y prête. L'équipe doit être convaincue de pouvoir repartir sur une base solide à la fin de l'été. Je pense que la priorité doit être d'améliorer le niveau de talent du top-6 et le niveau de leadership. À ce chapitre, l'ajout de leadership pourrait se faire l'été prochain avec l'adition d'un ou deux joueurs capables de bien épauler les vétérans déjà en place. Des gars comme Max Pacioretty ou Brendan Gallagher par exemple auraient tout intérêt à apprendre de joueurs qui ont du vécu.

Dans une optique où les séries éliminatoires se sont plus dans les plans, il est bien de réaliser des transactions pour accumuler des choix au repêchage. Je sais que ces choix n'aident pas immédiatement, mais ils peuvent être échangés plus tard avec d'autres joueurs pour aller chercher le joueur tant recherché. Et si le club garde les choix, ces joueurs pourraient éventuellement se greffer à la formation. Pour l'avancement et la continuité de cette équipe, il faut éviter de perdre pour rien ceux qui deviendront autonomes en juillet. Si le prix est bon, il faut bouger pour faire de la place aux jeunes.

À court terme, la situation ne risque pas d'aider l'entraîneur Michel Therrien dont certains ont déjà réclamé son congédiement. Therrien est en poste pour gagner et de faire jouer des joueurs de la relève n'est pas de nature à lui faire gagner beaucoup de parties. C'est pour cette raison qu'il est important d'être sur la même longueur d'onde que le directeur général. Therrien sait que la situation ne sera pas idéale, mais il sait comment ça fonctionne et que ça ne sert à rien de tourner en rond. Il faut développer. Ça fait partie du processus à moyen et long terme.

Dale Weise est en demande

(NDLR : cette chronique a été rédigée avant la transaction impliquant Dale Weise)

Quelques joueurs chez le Canadien pourraient changer d'adresse d'ici à lundi. Dale Weise est le candidat le plus facile à transiger selon moi, mais on n'a pas vraiment ce qu'on qualifie de joueur de location pour lequel une équipe va dépenser beaucoup pour l'obtenir.

Danault à Montréal, Weise et Fleischmann à Chicago

Certains candidats pour une transaction sont actuellement blessés chez le Canadien. Le patron de l'équipe est donc menotté quelque peu. Bergevin pourrait aussi décider de toucher à son noyau en échangeant des joueurs comme Tomas Plekanec ou David Desharnais par exemple. Je ne cherche pas à échanger les deux joueurs que je viens de nommer, mais à mon avis, à part Carey Price, P.K. Subban, Gallagher et probablement Max Pacioretty, tout le monde est disponible si le prix est bon. Il faut éviter de tomber en amour avec ses joueurs. Je sais que Pacioretty est un excellent marqueur qui connaît une saison plus difficile, mais si on m'offrait un marqueur de 50 buts pour lui, j'ai beau l'aimer Max, je penserais sérieusement à l'échanger. Le même raisonnement s'applique aussi aux autres joueurs de l'équipe qui ne sont pas intouchables à mes yeux.

Weise est polyvalent et il aiderait certes un club. Motivé et en santé, il peut rendre de bons services et même dépanner à court terme sur les deux premiers trios. Il rendrait de bons services à une équipe qui cherche à finir dans le carré d'as. Il est un joueur de profondeur qui peut apporter une contribution significative à faible risque.

J'ai déjà vécu la période des échanges

À une occasion, j'ai été échangé à la date limite des échanges. J'étais passé de Phoenix à Philadelphie en 2005-06 et ça ne faisait pas mon affaire.

Il s'agit d'une période difficile pour tout le monde. Chacun la vit à sa façon. Il y a des joueurs qui souhaitent partir pour avoir une chance d'améliorer leur sort. Un gars comme Dale Weise a peut-être la chance de décrocher le contrat de sa carrière cet été alors il doit souhaiter un échange pour avoir le moyen d'augmenter sa valeur.

Des fois, c'est une question d'affaire où le joueur et l'équipe n'arrivent pas à s'entendre sur les termes d'un nouveau contrat. C'est ce qui est arrivé dans mon cas avec les Coyotes. On n'arrivait pas à s'entendre, mais moi, je ne voulais pas partir. J'étais bien à Phoenix avec ma famille et je souhaitais y poursuivre ma carrière. Les négociations qui n'avançaient pas m'ont affecté. Vous savez, c'est difficile de jouer dans la LNH au quotidien quand tu n'es pas concentré complètement.

J'étais triste de partir, mais il faut passer à autre chose à un certain moment. J'ai aussi vécu plusieurs années stressantes à Calgary parce que mon nom revenait souvent dans les rumeurs. Je ne voulais pas partir de là aussi et je sentais que mon jeu était affecté par la situation. J'étais jeune et inquiet. C'était un grand soulagement quand la date limite était passée parce que j'étais un gars loyal et que je voulais faire partie de la solution. J'étais très émotif dans les jours qui précédaient le jour J.

J'aurais aimé rester à Phoenix, mais cette transaction m'a permis de décrocher le gros contrat qui a sécurisé ma famille. Je dois néanmoins admettre que ce fut des années difficiles pour moi à Philadelphie. Nous étions dans les bas fonds de la ligue, ce qui a incité les Flyers à amorcer une reconstruction et je me suis retrouvé dans les ligues mineures après dix ans dans la LNH.

Du point de vue personnel, j'aurais pu être plus souple avec les Coyotes pour rester à Phoenix, mais l'écart était tellement grand et il n'y a rien qui assure le joueur qu'il prend la bonne décision. Parfois, l'athlète accepte moins d'argent pour rester en espérant le récupérer à son prochain contrat, mais il se blesse et il passe à côté d'une belle chance.

Au niveau du hockey, mon passage à Philadelphie n'a pas été bénéfique, mais j'en ai tiré d'autres avantages. Avec le recul, je ne peux pas dire aujourd'hui que je ne regrette pas ce que j'ai fait.

L'effet domino est activé

Avec l'acquisition d'Andrew Ladd, les Blackhawks de Chicago viennent d'établir le prix à payer pour les joueurs sur le marché d'ici à lundi. Les Hawks ont poussé le gros domino. Les autres clubs vont maintenant s'en servir pour s'ajuster.

ContentId(3.1174416):Andrew Ladd : Les Hawks ajoutent du caractère
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D'autres clubs que les Blackhawks convoitaient Ladd. Ils devront maintenant réagir et bien analyser leurs options. On dit que Loui Eriksson des Bruins de Boston est sur le marché tout comme Eric Staal avec les Hurricanes de la Caroline.

Toutes les équipes qui participent aux séries peuvent rêver à la coupe. Une fois les séries commencées, on ne sait pas ce qui peut se produire, mais il est évident que les formations de tête peuvent y croire un peu plus. En 2004 avec les Flames, on avait fait les séries pour la première fois en sept ans et on était venu à un but de gagner la coupe.

Des fois, c'est aussi une question de timing. Une équipe qui termine dans le Top-3 de son association peut penser logiquement se rendre loin. Une formation comme Washington part avec une longueur d'avance dans l'Est, mais ça ne veut pas dire qu'un club plus bas au classement ne peut pas faire le parcours au complet. Dans l'Ouest, il y a beaucoup d'équipes qui peuvent aspirer à la coupe.

*propos recueillis par Robert Latendresse