Ce n'est pas le fait que les Bruins de Boston aient pris les devants pour la première fois dans la série qui devrait inquiéter sérieusement les joueurs du Canadien.

Les Bruins ont retrouvé leur rythme, leur combativité et leur agressivité de la saison régulière. Ils sont redevenus les sérieux prétendants à la coupe Stanley qu'ils étaient au départ. De son côté, Tuukka Rask est de plus en plus à l'aise contre sa bête noire. On l'a senti moins nerveux que dans les matchs précédents, ce qui risque de compliquer encore davantage la tâche d'une équipe dont trop peu de joueurs apportent une contribution à l'attaque.

La troupe de Michel Therrien n'est plus en contrôle dans cette série. Même si elle est passée très près de mener la série 3-0, elle a maintenant le dos au mur. Le vent tourne vite parfois durant les éliminatoires.

Hier, pendant que les Bruins frappaient tout ce qui bougeait, ce qui leur a d'ailleurs permis de se forger assez rapidement une priorité de trois buts, ils étaient nettement les meilleurs, les plus robustes et les plus intimidants. Et à ce jeu, le Canadien ne fait pas souvent le poids. Surtout pas quand ses meilleurs éléments ne s'acquittent pas de leur tâche.

Dès le début de la série, les Bruins ont joué avec une prudence qu'on ne leur connaissait pas. On aurait dit que leur mission première était d'éviter le banc des pénalités. C'était devenu encore plus évident après que le Canadien eut marqué quatre buts en supériorités numériques durant les deux premiers affrontements. Au Centre Bell, les Bruins se sont appliqués d'une façon étonnante à éviter les punitions. On aurait dit qu'ils ne pensaient qu'à ça. Ils n'ont pas joué des épaules comme d'habitude, ce qui les a empêchés d'être eux-mêmes. L'instant de deux parties, ils sont devenus les «Big Sweets Bruins», une situation qui a bien servi le Canadien.

Au TD Garden, samedi soir, les Bruins ont retrouvé le seul élément qui leur manquait jusque-là: Une attaque à cinq capable de causer des dommages. Ils ont capitalisé sur deux pénalités à Tomas Plekanec pour mettre fin à une séquence de 37 avantages numériques sans but contre le Canadien au cours des trois dernières années dans les séries.
Leur premier trio, formé de Lucic, Iginla et Krejci, s'est réveillé tandis que celui du Canadien dort toujours. L'appel de Michel Therrien lancé à ses vétérans quelques heures avant le match n'a pas été entendu. On a assisté à quelques soubresauts de Pacioretty, dont les tirs sont souvent exécutés d'un angle pas très propice au succès, tandis que Thomas Vanek est toujours porté manquant. On ne fera pas immédiatement le bilan du passage de Vanek chez le Canadien, mais il serait étonnant que la haute direction du Canadien lui présente une offre de contrat, compte tenu de ses exigences exorbitantes et du manque de constance dans son jeu.

Le Canadien s'en va dans la bonne direction avec des joueurs disciplinés qui, somme toute, sont assez faciles à diriger. Il y a des jeunes talentueux dans la formation actuelle et d'autres qui viendront s'y greffer à court ou à moyen terme. On ne peut pas risquer d'embaucher un vétéran qui fait les choses à sa manière et qui risque ainsi d'exercer une mauvaise influence dans un vestiaire où règne déjà un bel esprit de corps. On a eu Alex Kovalev. On a actuellement Rene Bourque. On ne peut pas répéter l'expérience des gros salariés qui se présentent une fois sur quatre.

Lors de son acquisition, on disait de Vanek qu'il connaissait toujours de très bons matchs contre les Bruins. C'était exactement le gars qu'il fallait en vue d'une visite possible à Boston au printemps. Or, le «Killer des Bruins» est disparu de la scène au cours des trois derniers matchs. Un athlète aussi talentueux, qui ne se porte pas à l'aide de son équipe quand elle est en difficulté, ne mérite pas qu'on fasse l'impossible pour le satisfaire monétairement.

Il n'y a plus de marge de manoeuvre

Le Canadien a déjà marqué six buts en avantages numériques dans cette série. P.K. Subban y est allé de son septième point dans ces situations. Néanmoins, on n'a pas l'impression que les Bruins continueront d'accorder le même respect aux unités spéciales de leur adversaire. Ils avaient vraiment l'air sûr d'eux-mêmes en quittant la patinoire après avoir pris les devants dans la série, comme si le pire était passé pour eux, comme si la petite frousse d'être stoppés dans leur marche vers une autre coupe Stanley était maintenant du passé.

On connaît le truc pour remporter la prochaine victoire. Il faudra commencer le match à l'heure. Jusqu'ici, l'équipe qui a marqué le premier but a toujours gagné. Celle qui va commencer la prochaine partie le couteau entre les dents va régler le sort de l'autre. Le Canadien a perdu sa précieuse marge de manoeuvre. Les Bruins ont deux matchs pour aller chercher la victoire qui leur permettra de passer à la ronde suivante. Le Canadien doit gagner les deux siens.

Ce ne sera pas de la tarte. Pas moins de 11 joueurs des Bruins étaient là quand ils ont remporté leur dernière coupe. Cette expérience pourrait constituer un avantage dans le prochain match.

Les grenouilles

Un internaute a fait ce commentaire dans un quotidien de Boston avant le match: «Go Bruins-Keep the frogs quiet». Le monsieur en a perdu des bouts. Il y a longtemps que les Frogs ont quitté le navire. David Desharnais et Michael Bournival sont maintenant les deux seuls Francophones en devoir chez le Canadien, soit le même nombre que les Bruins quand Jordan Caron est dans la formation.

Roy fait des petits

Le comportement de Patrick Roy continue de faire des petits dans la Ligue nationale. Michel Therrien a retiré Carey Price à la faveur d'un attaquant supplémentaire avec quatre minutes et 45 secondes à jouer. L'audace de Roy a permis de lancer une mode qui est maintenant plagiée par des homologues qui sont tous beaucoup plus expérimentés que lui.