Marc Bergevin aurait aimé mettre la main sur un centre de premier plan. Il aurait aimé donner plus de punch à une attaque qui en manque un brin ou deux… ou trois pour soutenir les Max Pacioretty, Alexander Radulov, Alex Galchenyuk et dans une moindre mesure Andrew Shaw.

Mais voilà : à défaut de pouvoir attirer Matt Duchene, Gabriel Landeskog, Henrik Zetterberg et tous les autres joueurs de premier plan que les rumeurs envoyaient à Montréal le directeur général du Canadien s’est contenté d’une réalité beaucoup moins flamboyante. Il s’est résigné à ajouter du poids, de l’expérience en séries éliminatoires et du caractère au sein de son contingent de joueurs de soutien.

Après les acquisitions du défenseur Jordie Benn – en retour de Greg Pateryn et d’un choix de 4e ronde – lundi, du défenseur Brandon Davidson – en retour de David Desharnais – et de Steve Ott – en retour d’un choix de sixième ronde – avant et après le duel contre les Blue Jackets de Columbus mardi, le Canadien a fait l’acquisition de l’ailier gauche Dwight King des Kings de Los Angeles – contre un choix de 4e ronde en 2018 – et du joueur de centre Andreas Martinsen de l’Avalanche du Colorado en retour du jeune et petit Sven Andrighetto.

« Rien que ça », ont vociféré des milliers de partisans déçus qui attendaient avec impatience un grand coup qui n’est finalement pas venu. Un grand coup qui se fera attendre encore bien longtemps puisque c’est avec cette formation remodelée au cours des derniers jours que le Canadien complétera la saison régulière et s’attaquera aux séries éliminatoires.

« Faire une mauvaise transaction c’est très facile », a lancé Marc Bergevin en guise d’explication au fait qu’il ait joué, comme la majorité des formations de la LNH, la carte de la prudence au lieu de miser le tout pour le tout dans un marché qui était loin d’être favorable aux acheteurs.

« Je l’ai dit plusieurs fois, je ne veux pas sacrifier un haut choix au repêchage ou un espoir de premier plan simplement pour conclure une transaction. J’ai prouvé par le passé que je n’ai pas peur d’effectuer un gros coup. Et je pourrais déroger à ma philosophie associée aux choix et aux espoirs si j’étais convaincu qu’une telle décision serait de nature à aider l’équipe. Mais aujourd’hui, ça ne valait pas la peine. Les prix exigés pour un joueur du top six étaient trop élevés pour prendre une chance. Des transactions de ce genre nous auraient fait bouger latéralement alors que nous voulons aller de l’avant. Le plafond salarial et le repêchage d’expansion ont compliqué les choses cette année », a plaidé Marc Bergevin au cours du point de presse au cours duquel il a expliqué les transactions qu’il a effectuées tout autant que celles qu’il n’a pas pu, ou voulu, compléter.

« L’important à nos yeux est que le Canadien de Montréal est meilleur aujourd’hui qu’il ne l’était hier. Nous avons ajouté du poids et de l’expérience en séries éliminatoires sans perdre de vitesse », a ajouté le directeur général du Canadien.

« Kirk (Muller) m’a chaudement recommandé Steve Ott qu’il dirigeait à St.Louis. Brandon Davidson est un bon jeune défenseur qui bouge bien la rondelle. Andreas Martinsen est un jeune solide qui frappe alors que Dwight King peut jouer au sein des quatre trios. On l’a vu en compagnie d’Anze Kopitar avec les Kings et il a soulevé la coupe Stanley à deux reprises avec eux. Ce sont tous des joueurs qui vont nous aider à leur façon », a analysé Bergevin.

Le grand patron du Canadien se sent-il en mesure de se rendre en grande finale avec l’équipe qu’il vient d’offrir à Claude Julien? « Il nous reste 18 matchs à disputer en saison et toutes ces parties seront très difficiles. On va commencer par se rendre en séries », a simplement et sagement commenté Bergevin.

En passant, le directeur général du Canadien a assuré que le nouvel entraîneur-chef n’avait pas fait de demande particulière pour changer la morphologie des joueurs de soutien.

Parce que les équipes de la LNH peuvent maintenant garder autant de joueurs qu’elles le désirent avec le grand club – pourvu que la masse salariale de tous ces joueurs respecte le plafond – les cinq nouveaux venus s’ajouteront aux anciens au cours des prochaines heures.

Claude Julien et ses adjoints auront à prendre des décisions afin de composer leur formation de 20 joueurs (18 patineurs) en vue du match de jeudi contre P.K. Subban et les Predators et les autres qui suivront.

Pour l’instant, la recrue Michael McCarron demeure avec le grand club. Mais s’il n’est pas en mesure de percer la formation, il se retrouvera rapidement avec le club-école.

Au-delà McCarron, si je m’appelle Brian Flynn, Artturi Lehkonen, Torrey Mitchell, voire Paul Byron, je me demande si j’ai disputé mon dernier match avec le Canadien ou si mon temps d’utilisation de qualité va fondre comme neige au soleil... ou sous la pluie.

Vrbata : un cadeau empoisonné

S’il a refusé de se lancer dans une mégatransaction, Marc Bergevin est aussi demeuré prudent avec les joueurs de location.

Avec Martin Hanzal, Patrick Eaves, Brian Boyle et Alex Burrows partis au Minnesota, à Anaheim, à Toronto et à Ottawa plus tôt cette semaine, le Canadien a regardé Thomas Vanek prendre la direction de la Floride, Jarome Iginla mettre le cap sur Los Angeles et Pierre-Alexandre Parenteau la direction de Nashville. Souffrant d’une blessure mineure, il ne sera pas en uniforme jeudi, au Centre Bell, face au Canadien.

L’état-major du Tricolore est aussi demeuré de marbre devant Radim Vrbata malgré les 15 buts et 47 points qu’il revendique en 62 matchs cette saison en Arizona. Au-delà ces statistiques intéressantes, des informations glanées autour de la LNH ont permis d’apprendre que Vrbata traînait une réputation peu enviable. Il appert que l’ailier droit dressait des listes particulières d’équipes avec lesquelles il était susceptible d’être échangé. Au lieu de placer les noms de formations susceptibles de se battre pour mettre la main sur la coupe Stanley, Vrbata inscrivait les noms de formations pas même susceptibles d’accéder aux séries éliminatoires. Rien pour mousser sa valeur aux yeux d’un club en manque de caractère à l’aube des séries.

Hudon à Montréal?

À défaut de pouvoir aider ses rares marqueurs productifs par le biais d’une transaction, Marc Bergevin pourrait se tourner vers Charles Hudon d’ici la fin de la saison.

Hudon est capable de marquer des buts : en 36 matchs cette saison, il en a enfilé 21. Il revendique 36 points et affiche 36 minutes de pénalités.

« Charles a été blessé à deux reprises cette saison et ces blessures l’ont empêché de profiter de rappel avec le grand club. Charles avait aussi des ennuis avec sa constance. Ses performances étaient marquées de hauts et de bas. Mais il demeure un très bon jeune joueur de hockey en qui nous avons confiance. Si nous avons accepté d’échanger Sven Andrighetto, c’est parce que nous croyons que Charles peut prendre sa place au sein de notre organisation. J’espère que nos attaquants produiront comme ils le faisaient en début de saison et que nous serons en mesure de marquer plus de buts avec les effectifs en place. Mais si nous en sentons le besoin, on pourrait aussi faire appel à Charles Hudon. Il est toutefois hors de question de le rappeler à Montréal et de le garder avec l’équipe s’il ne joue pas. Il n’y a rien de mal à prendre de l’expérience dans la Ligue américaine. Je ne connais pas un joueur qui a passé trop de temps dans la Ligue américaine avant de monter dans la LNH. Charles complète son apprentissage. Mais si on voit qu’il peut nous aider, on pourrait faire appel à ses services », a conclu Marc Bergevin.

Charles Hudon, 22 ans, a marqué 69 buts et récolté 189 points en 187 matchs disputés avec le club-école du Canadien. Lors des six matchs qu’il a disputés avec le grand club, le choix de cinquième ronde du Tricolore en 2012 a récolté quatre passes.

« On voulait se grossir et aller chercher de l'expérience »
« Bergevin s'est bien débrouillé dans les circonstances »