Pour accéder à la Ligue nationale de hockey, il faut parfois être à la bonne place au bon moment. Michael McCarron, le premier choix du Canadien au dernier repêchage, est au bon endroit avec les Knights de London dans la Ligue de l’Ontario. Et avant que le bon moment se présente, tout est mis en œuvre pour développer ce jeune ailier droit de 18 ans en joueur professionnel.

L’Américain sait – et ce depuis la journée où il a entendu Trevor Timmins prononcer son nom – ce qu’il doit améliorer pour accéder au circuit Bettman : sa vitesse. À six pieds six pouces, McCarron possède déjà le physique d’un homme. Néanmoins, il doit maintenant apprendre à l’utiliser à son avantage.

La volonté de McCarron

Moins de deux semaines après avoir été sélectionné au 25e rang, McCarron a pris la première décision importante de son cheminement vers la LNH. Il a fait le choix de se joindre aux Knights plutôt que d’aller jouer dans la NCAA.

Près de cinq mois après son premier match en sol canadien, le natif du Michigan n’a aucun regret.

« Je suis très heureux à London. Évidemment, il y a eu des moments plus difficiles, surtout en début et en milieu de saison. Je ne me remettais pas en question, mais cette épreuve m’a forcé à travailler plus fort pour participer au succès de mon équipe. Maintenant, je sens que je suis à ce point », a-t-il expliqué dans un entretien téléphonique avec le RDS.ca après une séance vidéo avec son équipe.

Michael McCarronUne des grandes différences entre les circuits scolaires américains et la Ligue canadienne de hockey (LCH) est le calendrier. Au Canada, les fins de semaine de trois matchs sont coutumes tandis qu’aux États-Unis, on privilégie deux parties par week-end.

« La condition de mes jambes n’était pas où elle devait être en début de saison. J’avais des jambes pour le premier match, mais je ne pouvais pas maintenir le même niveau pour la deuxième et la troisième rencontre. Maintenant, j’ai la puissance pour durer tout le week-end. Je ne suis plus derrière le jeu », a relaté celui qui a 23 points à sa fiche, dont 8 buts, en 48 parties.

À travers les entraînements et les matchs, McCarron a donc dû trouver du temps pour améliorer sa condition physique. Le no 24 des Knights s’entraîne en salle de deux à trois fois par semaine.

Pesant maintenant 235 livres - il mesurait 6 pieds 5 pouces et pesait 228 livres au repêchage -, McCarron veut maintenir ce poids, mais en transformant du gras en masse musculaire. Pour y parvenir, son programme d’entraînement allie des exercices avec des poids libres, du vélo stationnaire et des exercices de vitesse.

Le produit du programme de développement américain récolte les dividendes de son travail. Il a gagné la confiance de ses entraîneurs et il connaît une bonne séquence en ayant obtenu six points à ses cinq derniers matchs (2 buts, 4 aides).

« C’est le résultat de mon éthique de travail. C’est finalement payant! Je me sens confortable sur la glace avec mes coéquipiers. Je sais où me placer et je protège mieux la rondelle quand je suis en fond de territoire. Mais je continue d’y aller un jour à la fois », a estimé l’attaquant qui a connu une séquence de sept matchs sans point en début d’année 2014.

Changement de pays, changement de ligue

Vivant pour la première fois au Canada, Michael McCarron a dû s’ajuster à son pays d’adoption, mais aussi à un nouveau calibre de jeu.

« C’est vraiment différent. Il y avait beaucoup plus de mises en échec dans ma ligue l’an dernier (USHL) et pas autant de talent. Cette ligue m’aidera à avoir une transition plus facile vers la LNH. C’est la raison pourquoi j’ai décidé de venir jouer ici », a souligné celui qui a paraphé son contrat de recrue avec le Canadien le même jour où il a décidé de jouer à London.

Certes, il y a moins de mises en échec dans la LCH. Mais il y a beaucoup plus de bagarres et celui qu’on compare à Milan Lucic y a pris goût. Avant son match de vendredi soir, McCarron avait déjà sept combats cette saison.

Michael McCarron« Les combats n’étaient pas vraiment acceptés dans la USHL. J’aime provoquer une bagarre pour donner de l'énergie à mon équipe. Si j’atteins la LNH, ça fera évidemment partie de mon style. Alors, aussi mieux pratiquer maintenant pour être prêt lorsque je serai au prochain niveau », a-t-il mentionné.

McCarron, qui évolue sur la troisième unité des Knights en compagnie de Gemel Smith et Brett Welychka, a bénéficié des conseils de deux hommes qui ont été redoutés pendant leur carrière de hockeyeur.

Dale Hunter est l’entraîneur-chef de la formation de London, lui qui a participé à 142 bagarres en saison régulière selon Hockey Fights. L’autre ex-joueur qui l’a aidé est le père de son coéquipier Max, Tie Domi, qui compte 271 combats en 1020 matchs.

Hunter, qui est retourné diriger les Knights après un bref passage comme entraîneur-chef avec les Capitals, a aidé McCarron dans toutes les facettes du hockey.

« Lorsque je vivais des moments plus difficiles, nous avons eu plusieurs rencontres. Il m’expliquait ce que je devais faire pour performer à mon plein potentiel et pour faire partie intégrante de l’équipe. C’est un entraîneur qui est proche de ses joueurs », a-t-il révélé.

Surveillé de près par le CH

Le nouvel organigramme mis en place par Marc Bergevin met l’accent sur le développement des espoirs du Tricolore. Cette nouvelle structure semble porter ses fruits puisque McCarron attribue une partie de son adaptation aux dépisteurs du Canadien.

« Beaucoup de dépisteurs viennent me voir jouer. Après le match, ils me donnent de la rétroaction en me disant ce que je dois améliorer ou retirer de mon jeu et ce que je fais bien et que je dois garder. Ils ont été d’une grande aide jusqu’à maintenant », a raconté celui qui regarde les parties du Canadien avec beaucoup d’intérêt dès qu’il en a la chance.

Le cadet d’une famille de trois enfants est également en contact avec le directeur du développement des joueurs, Martin Lapointe.

« On se parle assez souvent. Il est comme un entraîneur et un mentor pour moi. Il me parle de ce que je dois faire pour devenir un joueur de la LNH et de continuer à travailler fort ici », a affirmé celui qui commence à avoir des frissons à l’idée de peut-être, un jour, porter l’uniforme de l’équipe qu’il considère comme la meilleure organisation du circuit Bettman.

Le Canadien de Montréal de London

McCarron adore la ville de London. Le jeune adulte se plaît dans sa pension alors qu’il vit avec une famille qui compte deux enfants.

Les Knights sont une référence dans le hockey junior canadien. La formation de Dale Hunter a remporté les deux derniers championnats de la Ligue de l’Ontario. L’Américain décrit son équipe comme « les petits Canadiens de Montréal ».

Roland McKeown et Michael McCarron« Nous avons une très bonne base de partisans. Peu importe où tu vas, il y a des gens qui demandent des autographes. Il y a aussi beaucoup d’attention médiatique. C’est un prélude pour ce que je vivrai à Montréal si je me rends à la LNH », a jovialement exprimé celui qui est flatté lorsqu’on le reconnaît dans la rue.

Les Knights participeront à la Coupe Memorial pour une troisième année consécutive alors que London sera le théâtre de ce prestigieux tournoi au printemps 2014. Les doubles champions ontariens en titre avaient subi une défaite crève-cœur contre les Cataractes lors de la finale de 2012. L’an dernier, leur parcours s’est arrêté en demi-finale.

« Je suis né aux États-Unis, alors je ne connaissais pas vraiment la Coupe Memorial avant de venir ici. Mais d’être à London et d’entendre tout le monde en parler, je vois que c’est vraiment spécial. Nous espérons que la troisième fois sera la bonne! », a-t-il conclu.