Au milieu des préposés qui ramassaient les dernières caisses d’équipements et des techniciens qui roulaient les fils de leurs caméras et de leurs micros dans le corridor adjacent au vestiaire du Canadien, Carey Price avait les yeux rivés sur une télé accrochée au mur.

Encore en sous-vêtements détrempés alors que plusieurs de ses coéquipiers étaient déjà sortis de la douche presque prêts à mettre le cap sur Dallas, Price regardait défiler les derniers instants du match qu’il venait de perdre 4-3 aux mains des Blackhawks.

Un match qu’il aurait pu gagner si la rondelle tirée par Max Pacioretty entre les jambières du gardien Antti Raanta avait poursuivi sa course au fond du filet avec moins d’une minute à faire au dernier tiers.

Mais non!

Cette rondelle a glissé à la droite du filet des Hawks qui eux ont marqué sur la poussée qui a suivi.

Assis sur sa petite chaise de métal, Price revivait le cauchemar des derniers instants du match par le biais des reprises du jeu qui a miné sa soirée de travail et celle de son équipe.

Malchanceux à l’autre bout de la patinoire, Pacioretty l’a été aussi à son retour en zone défensive lorsqu’il a fait dévier la rondelle dans l’enclave. Pris à contrepied, Andrei Markov n’a pu intercepter la rondelle qui s’est retrouvée devant Brandon Saad qui a marqué avec 27 secondes à faire.

Debout à la droite de son coéquipier, Dustin Tokarski a alors posé sa main sur l’épaule droite de Carey Price en guise de soutien moral.

Après avoir vu une, cinq, dix reprises de ce jeu bizarre qui a privé le Canadien de pousser la rencontre en prolongation et de récolter au moins un point, Price a saisi sa serviette et un petit sac d’effet personnel avant de se lever et de rentrer au vestiaire arborant un visage sur lequel on pouvait lire un mélange de colère et de déception.

ContentId(3.1109159):Canadiens 3 - Blackhawks 4
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Même s’il a accordé quatre buts sur les 36 tirs des Hawks, Carey Price méritait au moins un point pour sa soirée de travail. Lorsque son équipe s’est retrouvée embourbée dans sa zone contre un adversaire plus fort qu’elle, Price a réalisé un, deux, trois arrêts importants pour garder son club dans le match.

Parlons-en de ce club.

Bien meilleur qu’il ne l’avait été mercredi au Minnesota, le Tricolore a quand même laissé les Hawks prendre les devants 2-0. C’était alors la fête dans le United Center qui vibrait au rythme de Chelsea Dagger qui résonne à tue-tête après chaque but des Hawks. Pour être bien franc, je croyais alors que le succès des Fratelli’s jouerait tellement souvent qu’on s’en lasserait.

Malgré le fait qu’il ait été victime du premier but de la rencontre pour une 19e fois en 29 parties, et qu’il ait retraité au vestiaire au premier entracte avec un recul pour la 16e fois cette saison, le Canadien méritait vraiment un point.

Pourquoi? Parce qu’il n’a pas lâché.

Non seulement a-t-il comblé le déficit de deux buts, mais il a ensuite pris les devants, semant un brin ou deux de doutes dans les gradins du United Center.

Aussi bons soient les Jonathan Toews, Patrick Kane et autres Marian Hossa, après quatre victoires de suite et dix gains à leurs 13 dernières rencontres, les Hawks étaient bien dû pour en perdre une à un moment donné.

Ce moment viendra plus tard…

Loin d’être parfait, surtout en défense où le Canadien en arrache bien trop souvent dans sa zone, le Tricolore a au moins le mérite de s’être dressé devant un adversaire bien plus fort que lui.

« On n’a pas de point pour récompenser l’effort déployé ce soir. Ça fait mal. Mais cette équipe ne se laisse pas éblouir ou décourager par le pointage des matchs. C’est l’effort, la qualité du jeu offert qui compte et ce soir, nous avons assez bien joué pour sortir d’ici la tête haute. C’est décevant, oui. Mais si on joue tous les soirs comme nous l’avons fait ce soir, les victoires reviendront et nous gagneront plus souvent qu’on va perdre », assurait Brendan Gallagher qui a marqué le premier but des siens en fin de première période.

Arbitrage aléatoire 

Vous le savez, je déteste imputer le poids d’une victoire ou d’un revers sur les arbitres. Je déteste encore plus les doléances des fans qui voient des complots ourdis contre leurs favoris dès que deux décisions défavorisent leur équipe.

ContentId(3.1109165):Une défaite qui fait mal
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Les arbitres de faction vendredi à Chicago – Ghislain Hébert et Dennis LaRue – ont connu une soirée difficile.

P.K. Subban a donné les devants 3-2 au Canadien avec un tir foudroyant lors d’une attaque massive du Canadien. Une attaque massive qu’il n’aurait jamais dû obtenir si l’on considère que Brandon Prust, malgré les apparences, s’est barré les patins pour chuter le long de la bande au lieu d’avoir été fauché par Patrick Kane.

Mais bon! Subban ne méritait pas vraiment sa pénalité aux dépens de Marian Hossa en début de troisième période. Pénalité qui a permis à Jonathan Toews de niveler les chances.

Quelques autres décisions semblaient tirées par les cheveux, mais les deux équipes n’ont pas eu à en subir les conséquences.

Eller blessé, Andrighetto rappelé 

Victime d’une blessure au haut du corps – on peut miser sur l’épaule – Lars Eller a quitté la rencontre en fin de première période. Il n’est pas revenu au jeu.

Bien que Michel Therrien ne pouvait donner de détails sur la nature de la blessure et la durée potentielle de l’absence de son troisième joueur de centre, son patron Marc Bergevin n’a pas pris de chance.

Avec Drayson Bowman comme seul joueur de réserve, il a rappelé immédiatement après la rencontre l’attaquant Sven Andrighetto du club-école de Hamilton.

Pourquoi Andrighetto et non Michaël Bournival, voire Charles Hudon qui vire la Ligue américaine à l’envers depuis le début de la saison avec ses 7 buts et 23 points en 22 rencontres?

Le Canadien répondra à cette question samedi à Dallas.

Parce qu’il est à Hamilton pour y retrouver la forme, Bournival devra disputer quelques rencontres avant d’être rappelé. Andrighetto, le seul marqueur des Bulldogs dans un revers de 3-1 aux mains des Marlies de Toronto accuse peut-être un recul de quatre points derrière Hudon, le meilleur marqueur du club-école. Mais il a plus d’expérience dans les rangs professionnels et il est peut-être plus prêt à venir remplir un rôle de plombier à Montréal.

Ce n’est toutefois pas la décision de favoriser Andrighetto au jeune Hudon qui aura un impact sur la rencontre de samedi à Dallas, où le Canadien croisera les Stars dans le dernier match d’une série de quatre sur la route.

Price ou Tokarski? 

Débarqués au Texas en milieu de nuit, les joueurs du Canadien n’auront pas grand temps pour se remettre de la défaite amère aux mains des Hawks et reprendre des forces avant de croiser les Stars.

Une bien vilaine nouvelle quand on considère que le Canadien aura besoin de toute son énergie pour éviter de prolonger à trois sa nouvelle série de défaites. Pour éviter de gonfler à six son nombre de revers à ses sept derniers matchs (1-4-1, pour le moment).

C’est pour cette raison qu’il sera intéressant de voir si l’état-major décidera de faire faux bond à son habitude de séparer le travail de ses gardiens dans les séquences de deux matchs en deux soirs afin d’offrir à Carey Price la possibilité de venger son échec contre les Hawks dès le lendemain.

Ce qui est loin d’être acquis.

Petite note historique en terminant : la dernière fois que le Canadien a battu les Hawks à Chicago, Michel Therrien était l’entraîneur-chef.

Mais attention!

Stéphane Quintal distribuait des mises en échec dans l’uniforme tricolore au lieu de distribuer des suspensions de son bureau de la LNH à New York. Yanic Perreault avait terminé au premier rang des marqueurs et Joé Juneau n’avait pas amorcé sa croisade dans le Grand Nord pour inciter les jeunes à rester à l’école par le biais du hockey.

Tout ça pour dire que ça fait longtemps. Très longtemps même puisqu’il faut remonter au 27 février 2002 pour retracer cette dernière victoire.

Après une disette de 12 ans, le Canadien était dû. Mais il devra attendre encore au moins un an…