Doublé au chapitre des tirs au but après deux périodes, le Canadien semblait, par moments, complètement dominé par les Capitals de Washington samedi après-midi au Centre Bell.

Plus gros, un brin plus talentueux et respectant à la lettre le plan concocté par Barry Trotz pour empêcher le Canadien de prendre de la vitesse dans sa zone pour attaquer la zone ennemie à plein régime, les Caps donnaient vraiment l’impression d’être un club capable de soulever la coupe Stanley. Remarquez que cela fait quelques saisons qu’ils nous donnent cette impression sans jamais réussir à la concrétiser.

Le Canadien? Malgré les tirs au but et l’apparente domination des Caps, il était encore dans le coup accusant un petit retard d’un but.

L’était-il vraiment?

Oui! Le dernier tiers l’a confirmé.

Je sais! Le Canadien a perdu. Les Caps ont su protéger une avance en fin de rencontre pour la 26e fois cette saison – 26-1-1 lorsqu’ils mènent après 40 minutes – et le Canadien n’a pu mousser à sept sa série de remontées gagnantes au dernier tiers cette saison (6-10-3), mais il n’a pas lâché. Il a frappé à la porte plusieurs fois. Alex Galchenyuk s’est fait voler deux fois coup sur coup par un Braden Holtby qui a été supérieur à Carey Price avant de tirer au-dessus de la cage. Le Canadien s’est approché à un but avec le 25e de la saison de Max Pacioretty – encore lui –, mais les Caps ont évité le pire.

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Si le Canadien a défendu sa place devant un adversaire plus fort, c’est indéniable, il était pas mal moins convaincant que ses adversaires de samedi dans sa quête de convaincre tous ceux qui suivaient la partie quant à ses chances de se rendre à la coupe Stanley.

Je vous demande ceci :

Est-ce qu’on doit se rassurer du fait que le Canadien a été dans le coup contre un des meilleurs clubs de la LNH samedi?

Ou est-ce qu’on doit davantage redouter le fait qu’en dépit ce très bon effort collectif du Tricolore, il a encaissé hier une 12e défaite en 16 matchs cette saison (4-11-1) contre des équipes du top 10 de la LNH?

Je vous laisse réfléchir.

Mais n’attendez pas trop, car dès dimanche, le Canadien croisera les Oilers d’Edmonton. Un autre club perché parmi le top-10 de la Ligue. Un club qui compte en plus sur le dauphin de Sidney Crosby en Connor McDavid. Un club qui était en congé samedi – remarquez que ce n’est pas nécessairement une bonne nouvelle – alors que l’excellent entraîneur-chef Todd McLellan était assis sur la galerie de presse afin d’épier le Tricolore et d’élaborer une stratégie pour mousser ses chances de réussite aux dépens de Carey Price tout en muselant, ou au moins en ralentissant, l’attaque du Canadien.

Battre Price et ralentir le Tricolore

Je l’ai écrit plus haut. Braden Holtby a été meilleur que Carey Price au Centre Bell samedi. Ce n’est pas une roche que je lance au gardien du Canadien. Loin de là. C’est plutôt une fleur que je fais à l’un des gardiens qui militent pour bousculer Price sur le trône du meilleur gardien de la Ligue.

Price n’a pas été faible.

Mais les Capitals ont suivi une tendance remarquée au fil des dernières semaines : ils ont convergé vers e devant du filet pour lui voiler la vue et compliquer son travail tout en visant les lucarnes. Price est grand et gros. Il joue la moyenne. Il tombe sur ses genoux et tente de couvrir le plus d’espace possible en défiant ses adversaires de le battre avec des tirs parfaits, ou déviés, ou qu’il ne voit pas partir en encore moins arriver.

Attendez-vous donc à ce que Zack Kassian, Milan Lucic, Leon Draisaitl viennent lui compliquer la vie pendant que les Eberle, RNH et McDavid viseront les lucarnes. Sans oublier Patrick Maroon qui se tiendra près du filet pour sauter sur les rondelles libres comme une mouette est prête à sauter sur une fritte échappée dans le stationnement du casse-croûte chez Micheline à Saint-Augustin-de-Desmaures, là où il faut se rendre pour la meilleure poutine au monde… ou à peu près!

Je sais : j’écris le nom de Carey Price alors que le Canadien n’a pas encore confirmé qui sera le gardien demain et que Carey Price ne joue pas – c’est arrivé 2/3 de fois seulement – deux matchs en deux jours.

Mais après la pause du match des étoiles, avec 38 matchs seulement au calendrier régulier, sans voyage pour miner son repos, avec la semaine de congé qui se pointe le bout du nez (du 13 au 17 février) avec un duel l’opposant à McDavid devant ses partisans, il me semble qu’il serait grand temps de voir Price deux matchs de suite devant la cage.

Le tout soumis respectueusement bien sûr…

Attendez-vous aussi à ce que les Oilers tentent d’imiter les Flyers et les Capitals qui ont emprisonné le Canadien jeudi et encore hier. J’exagère un peu. Car le brillant Alexander Radulov, avec sa vitesse, sa hargne, sa bonne humeur, son talent et son travail, a réussi à échapper aux tentacules des Caps samedi. Mais ses coéquipiers n’ont pu l’égaler.

Radulov a encore disputé un match du tonnerre samedi. Pacioretty également. Sans oublier Danault avant qu’il ne retraite au vestiaire en troisième période avec un mal indéterminé au haut du corps.

Mais derrière le premier trop, c’était un brin mince. Trop pour battre des champions potentiels de la coupe Stanley au sommet de leur forme appuyés par un gardien au sommet de son art.

Desharnais : entre deux chaises

David Desharnais a été laissé de côté samedi. Il était en forme. Il était prêt à jouer. Michel Therrien l’a écarté au profit de Sven Andrighetto qui a disputé un bon match au sein du troisième trio.

Michel Therrien l’a indiqué après la partie. Il n’a pas chassé Desharnais de sa formation, il a ouvert la porte à Andrighetto.

La nuance est importante.

À mes yeux, David Desharnais ne peut se faire justice à l’aile. On ne demande pas à un gars dont les qualités premières sont la vision et les mains pour distribuer des rondelles d’aller se battre dans les coins pour sortir avec des rondelles dans des duels où il se présente battu d’avance. Ou presque.

« Andrighetto joue du bon hockey »

On est mieux d’avoir recours à un ailier dont c’est le travail quotidien.

Est-ce que Desharnais a plus de talent que Andrighetto, que Jacob De La Rose et tous les autres membres des troisième et quatrième trios?

Oui!

Mais ce talent est mal exploité au sein d’un de ces trios. Surtout à l’aile. D’où la décision du Canadien samedi.

Est-ce que le Canadien devrait soumettre Desharnais au ballottage pour autant? Le donner à qui en veut pour écouler la dernière année de son contrat?

Pas du tout.

Je ne sais pas quels sont les plans du Canadien. Je ne croyais pas qu’il oserait soumettre Barberio au ballottage et le perdre sans rien obtenir en retour comme c’est arrivé plus tôt cette semaine. Mais il l’a fait quand même.

Ce que je sais, c’est que dans le dernier droit de la saison, n’en déplaise à ses détracteurs, David Desharnais pourrait (pourra) certainement aider le Tricolore.

Tenez : on aime tout Phillip Danault. On l’adore même alors qu’il représente la plus belle surprise du Canadien cette saison.

Mais si Danault n’est pas en mesure de jouer dimanche, Desharnais saura le remplacer sans crainte.

Au sein du premier trio?

Non!

Je replacerais Alex Galchenyuk entre Radulov et Pacioretty.

Je donnerais le mandat à Tomas Plekanec – flanqué d’Artturi Lehkonen et Paul Byron – de composer avec Connor McDavid le plus souvent possible et de tenter de le contenir – le mot clef est tenté! – et je donnerais le troisième trio à Desharnais en compagnie d’Andrighetto et Shaw. Desharnais et Shaw ont développé un brin ou deux de complicité depuis le début de la saison et me semble que ça pourrait payer.

On verra.

En passant, je comprends que Galchenyuk devrait toujours être au sein du premier trio. Je ne sais pas pourquoi on le confine comme on le fait dans un rôle de second. En fait je crois savoir, on veut le fouetter pour qu’il affiche la vigueur du début de saison.

Mais même si on le confine derrière Danault à forces égales, il me semble qu’on devrait malgré tout miser le talent supérieur de Galchenyuk lorsque vient le temps d’évoluer en attaque massive.

Du moins il me semble…

N’oubliez pas : Oilers-Canadien c’est à 13 h dimanche. Et je vous mets au défi de comptabiliser le nombre de fois que mes collègues et moi dirons ou écrirons ce soir encore demain, avant, pendant et même après le match…

On va finir par comprendre.

Juste à temps pour le retour des matchs en soirée!