La mauvaise nouvelle pour le Canadien et ses partisans est que Carey Price a encaissé un revers de 3-2 aux mains des Blue Jackets de Columbus. La bonne nouvelle pour le Canadien et ses partisans est que Carey Price n’a accordé que trois buts sur les 40 tirs dirigés contre lui par les jeunes Jackets qui ont pris l’entier contrôle du Centre Bell jeudi.

Un bon signe à l’aube des séries. Du moins pour le gardien...

Quoi? Vous ne croyez soudainement plus aux chances du Canadien d’accéder aux séries. Il y a deux jours à peine, après la brillante victoire aux dépens de Patrick Roy et de l’Avalanche du Colorado, plusieurs se demandaient pourtant qui diable pourrait arrêter le Tricolore une fois en séries. Du moins dans l’Est…

Non! Je ne crois pas que le printemps qui est arrivé bien discrètement hier soulèvera une odeur de coupe Stanley lorsqu’il décidera de repousser l’hiver et de s’installer pour vrai.

Mais je crois encore que le Canadien sera des séries. Peut-être qu’il n’aura pas l’avantage de la patinoire en première ronde. Peut-être même qu’il sera relégué au rang de club repêché. Ce dont je doute. Mais si Carey Price garde les buts comme il l’a fait hier, je ne vois pas comment le Canadien pourrait rater les séries.

Oui! Price a perdu. Il a même perdu en temps réglementaire ce qui a privé le Canadien de la chance de voler une victoire en prolongation ou en tirs de barrage. Ou au moins de récolter un point prime en s’inclinant au-delà les 60 premières minutes de jeu.

Mais bien plus que les trois buts accordés, ses 37 arrêts ont prouvé qu’il était complètement remis de la blessure qui le tenaillait depuis son retour des Jeux olympiques et surtout qu’il a retrouvé tous ses moyens. Toute sa confiance.

Certains prétendront que Price ne s’est pas aidé en accordant un retour sur le premier but des Jackets. Pourtant, le simple fait d’avoir stoppé le tir décoché par Mark Letestu alors qu’il disputait la mise en jeu à David Desharnais tirait de l’exploit.

D’autres diront que Price n’a pas su se dresser devant la jeune sensation Ryan Johansen qui a donné la victoire à son équipe avec tout juste trois minutes à écouler au dernier tiers. Johansen s’est moqué de Jarred Tinordi à qui il a volé la rondelle après que le jeune défenseur eut tenté une vilaine passe en parallèle. Le meilleur joueur des Blue Jackets a ensuite effectué une feinte du tonnerre une fois en zone du Canadien. En freinant comme il l’a fait alors qu’il fonçait au filet, Johansen a attiré Tinordi et Mike Weaver qui revenait pour lui prêter main-forte et les deux joueurs lui ont servi d’écran lorsqu’il a décoché un tir précis pour marquer.

S’il est vrai que Tinordi a gaffé sur le but de la victoire en tentant une passe presque suicide, l’erreur la plus bête sur ce jeu a été commise quelques secondes plus tôt. Au lieu de s’assurer de placer la rondelle au fond du territoire ennemi, Lars Eller – encore lui – a bousillé son entrée de zone en « fafouinant » avec la rondelle. Cette mauvaise décision a placé son jeune défenseur dans l’embarras ensuite. Et c’est là que Tinordi a gaffé.

« Une bande de rats »

Bien que le score laisse croire que le match ait été serré, la vérité est toute autre. Et elle dépasse les commentaires négatifs reliés aux premier et troisième buts : car sans Carey Price, le Canadien n’aurait jamais été dans le coup.

Après avoir disputé une partie sensationnelle mardi contre l’Avalanche du Colorado, le Canadien qui filait vers sa quatrième victoire de suite s’est effondré contre les pourtant bien moins puissants Blue Jackets.

Du moins en apparence. Car les Blue Jackets forment une très bonne équipe de hockey. Une équipe jeune, pas vraiment spectaculaire bien qu’elle le deviendra avant longtemps, mais une très bonne équipe de hockey néanmoins. Une équipe qui patine, qui travaille, qui est constamment sur le dos de ses adversaires, une équipe qui frappe.

Une équipe qui pourrait causer bien des ennuis à l’un ou l’autre des clubs de tête (Boston ou Pittsburgh) si les Jackets réussissent à se maintenir en séries à titre de club repêché.

« Nous sommes comme des petits rats. Nous revenons constamment à la charge », a indiqué le tout jeune, mais déjà excellent Ryan Johansen qui a marqué son 27e but de la saison, son deuxiè,e but gagnant de l’année, en toute fin de rencontre.

En plus d’inscrire le but de la victoire, Johansen a obtenu sept tirs au but. Il aurait pu en obtenir un huitième et ajouter aussi un but à sa fiche s’il n’avait pas atteint le poteau sur un tir décoché du centre de la patinoire alors que le Canadien avait retiré Carey Price à la faveur d’un sixième attaquant en fin de rencontre.

Johansen a aussi volé deux rondelles, bloqué deux tirs et a asséné une mise en échec. Il a également remporté 18 des 22 mises en jeu qu’il a disputées pour une efficacité déconcertante de 82 %.

Le seul aspect du match que Johansen n’a pas dominé face au Canadien, c’est le combat qu’il a livré à Max Pacioretty en fin de premier tiers. Johansen s’est retrouvé cul par-dessus tête après que le franc-tireur du Canadien eut prouvé qu’il cachait un poing de fer dans ses mains de marqueur.

Si je suis d’accord sur le fond du commentaire de Johansen quand il compare les membres de son équipe à des petits rats, je ne le suis pas sur la forme. Car les Jackets sont tout sauf petits.

Bien qu’ils aient contrôlé la rondelle beaucoup plus longtemps que le Canadien lors de la rencontre, bien qu’ils aient passé plus de 15 minutes en avantage numérique, les Jackets ont d’ailleurs distribué 36 mises en échec en 60 minutes. C’est plus du double (17) que le Canadien.

Une autre indication de leur domination.

Un rare mauvais match

Parce que son équipe venait d’être dominée dans toutes les facettes du jeu, Michel Therrien était de mauvais poil après la rencontre. Avec raison.

Lorsqu’on lui a demandé si la vraie nature de son club était à l’image de la victoire de mardi contre l’Avalanche ou de la défaite qu’il venait d’encaisser, l’entraîneur-chef du Canadien s’est rebiffé en qualifiant la question de frustrante: « Nous avons disputé un mauvais match ce soir. Ce n’est pas arrivé très souvent cette année, mais ce soir nous n’avons pas bien joué », a simplement convenu Therrien en gardant son calme. Une fois cette réponse complétée, l’entraîneur-chef a rapidement quitté la salle d’entrevue.

Les seuls commentaires élogieux sortis de la bouche du coach du Canadien sont allés à l’endroit de Carey Price et de la jeune équipe qui a passé la soirée à le canarder.

«C’est le meilleur match de Carey depuis son retour. Il nous a donné la chance d’aller au moins chercher un point. Nous ne l’avons pas saisie », a souligné Therrien.

Vrai que Price a gardé son club dans le match plusieurs fois lors de la rencontre. Une rencontre qu’il a d’ailleurs amorcée sur les chapeaux de roues réalisant un arrêt du tonnerre dès la septième seconde de la rencontre. Rejoint par James Wisniewski au centre de la patinoire, Cam Atkinson a filé entre Francis Bouillon et P.K. Subban pour se présenter fin seul devant Price qui l’a frustré.

Après avoir privé les Jackets de deux, voire de trois buts, Price a vu ses coéquipiers lui offrir une avance. Brendan Gallagher, encore en fonçant tête baissée au filet adverse, a complété le beau travail amorcé par Tomas Plekanec et poursuivi par Alex Galchenyuk.

En passant, outre Price, Galchenyuk mérite des commentaires positifs dans le revers. Car ce diable de jeune attaquant a généré la majorité des bonnes occasions de marquer son équipe.

Pour le reste, les exploits du Canadien sont difficiles à relever.

On lui accordera toutefois le mérite d’avoir blanchi les Jackets en huit désavantages numériques totalisant 15 min 10 dont 50 secondes à court de deux hommes. Mais comme Price a effectué huit arrêts lors de ces huit pénalités mineures, il a aussi grandement aidé la cause de son équipe et a donné l’impression que son club était vraiment dans le coup.

Price et le Canadien pourront se reprendre samedi à Toronto face aux Maple Leafs.

Doit-on écrire devront?

À vous de décider.

Chiffres du match

2 – Lars Eller a obtenu un tir de pénalité en troisième période lorsqu’il a été fauché sur une échappée qu’il a habilement créée alors que le Canadien se défendait à trois contre cinq. C’était son deuxième tir de pénalité en carrière. Et s’il avait déjoué Chris Mason (Winnipeg) à sa première tentative en janvier 2012, Eller s’est buté au gardien Sergei Bobrovski jeudi...

4- après avoir inscrit ses trois premiers buts avec le Canadien mardi, Thomas Vanek en a jouté un quatrième hier enfilant son 25e de la saison à l’aide d’un tir sur réception d’une passe de Max Pacioretty...

6- Bien qu’il ait connu quelques mauvais matchs au cours des dernières semaines, Alexei Emelin a aidé la cause de son équipe avec six tirs bloqués et trois mises en échec jeudi...

7- Blake Comeau a dominé les joueurs des deux équipes avec un total de sept mises en échec assénées...

18 – Ryan Johansen a remporté 18 des 22 mises en jeu qu’il a disputées face aux Canadien. Il s’est distingué neuf fois en 11 duels devant Tomas Plekanec...

30 – Ryan Johansen pourrait devenir le troisième joueur seulement de l’histoire des Jackets à marquer 30 buts au cours d’une même saison. Rick Nash (sept fois) et Geoff Sanderson (deux fois) sont les seuls autres Jackets à avoir réussi l’exploit...

83 – Outre les 40 tirs cadrés sur le filet de Carey Price, les Jackets ont ajouté 23 tirs bloqués par le Tricolore et 20 autres qui ont raté la cible. Ces 83 tirs tentés par les Jackets – 30 de plus que le Canadien qui en a décoché 53 (27-18-8) – témoignent du déséquilibre en matière de temps de possession lors du match...