Parce qu’il a été blanchi de la feuille de pointage en dépit de ses quatre tirs au but et qu’il n’a pas été en mesure de profiter des quatre attaques massives auxquelles il a participé; parce que Georges Parros était entouré de médecins et d’infirmières à l’hôpital général plutôt que par ses coéquipiers après la rencontre ; parce que le Canadien venait d’encaisser un revers de 4-3 aux mains des Maple Leafs de Toronto ; Daniel Brière pouvait difficilement savourer la fierté qu’il a vécue avant la rencontre lorsque Guy Lafleur lui a remis le flambeau que tous les joueurs du Tricolore se sont ensuite échangé au centre de la patinoire dans le cadre de la cérémonie qui a lancé la saison 2013-2014.

« Le résultat est décevant. Et parce qu’il n’y a que le score final qui compte, il me faudra certainement plus de temps pour vraiment apprécier ce que j’ai vécu avant la partie que si nous étions en train de célébrer une victoire », a reconnu Brière, croisé dans le vestiaire du Canadien après la défaite.

En dépit de la déception qui l’étouffait, Brière était malgré tout en mesure de reconnaître que sa rencontre avec Guy Lafleur l’avait marqué. « Ce n’est pas tous les jours que tu reçois la torche des mains d’un des meilleurs joueurs de hockey de tous les temps. »

Tous les partisans du CH et les simples amateurs de hockey seront d’accord avec Brière.

Parros blessé

Ils seront tout aussi d’accord avec le Gatinois sur le fait que lui et ses coéquipiers ont été assommés par la chute dangereuse de George Parros qui s’est écrasé le visage sur la patinoire au terme d’une bagarre l’opposant à Colton Orr. La deuxième du match entre les hommes forts du Canadien et les Leafs. Deux matamores qui s’étaient d’ailleurs déjà croisés au cours de leur carrière.

Parros s’est heurté le menton en tombant sur la glace. Parce qu’il était agrippé au chandail de son adversaire, il n’a jamais eu la chance d’amortir l’impact de sa chute.

Résultat : mis hors de combat, Parros a passé de longues minutes étendu sur la patinoire avant d’être installé sur une civière pour être ensuite transporté à l’hôpital général où il devait passer la nuit par mesure préventive.

Si les partisans du Canadien ont scandé des « Parros! Parros! Parros! » dans les secondes qui ont suivi sa chute, les cris d’encouragement ont cédé la place, toute la place, à des murmures timides lorsque les soigneurs sont accourus au secours du nouveau porte-couleurs du Tricolore avant de rapidement réclamer une civière.

« Disons qu’il a été difficile de retrouver notre concentration après cet incident », a convenu Brière.

Le Canadien tirait de l’arrière 3-2 lorsque l’incident Parros-Orr a interrompu le début du dernier tiers.

Mason Raymond a profité du manque de concentration généralisé dans le camp du Canadien pour doubler l’avance des Leafs tout juste après la cinquième minute de jeu en troisième.

L’équipe de Michel Therrien a ensuite été emboitée.

Parce qu’il semblait alors très peu probable que le Canadien revienne dans le match, plusieurs centaines – quelques milliers en fait – de partisans se sont alors mis à quitter l’enceinte.

Ce manque de confiance à l’endroit de leurs favoris a bien failli leur sauter au visage. Car avec deux minutes et demie à faire en troisième période, Lars Eller, le meilleur joueur du Canadien hier, a rétréci l’écart en enfilant son deuxième but de la rencontre. En récoltant son troisième point.

Avec Carey Price rappelé au banc à la faveur d’un sixième attaquant, le Canadien a frappé à la porte. Mais James Reimer et ses coéquipiers ont su la garder fermée.

« C’était difficile de voir les gens partir comme ils le faisaient en troisième période. Malgré ça, je suis fier des gars. On n’a pas lâché. On s’est bien battu jusqu’à la fin même si les fans quittaient », a conclu Brière en guise de consolation.

S’il retrouvait hier des anciens rivaux de l’époque où il endossait l’uniforme des Sabres de Buffalo, Daniel Brière sera animé par une source de motivation supplémentaire samedi encore.

Les Flyers de Philadelphie, que Brière avait favorisés aux dépens du Canadien lorsqu’il a obtenu son autonomie complète et signé un pacte de huit ans d’une valeur de 52 millions $, feront escale au Centre Bell.

Brière aura donc l’occasion de se reprendre et de contribuer à une victoire qui aiderait à oublier la soirée gâchée par les Leafs hier.

Price solide, Reimer étoilé

Avec 34 arrêts et une première victoire à son actif cette année, le gardien qui devra protéger son poste de numéro un que tente de lui ravir le Québécois Jonathan Bernier a hérité de la première étoile.

Un titre généreux.

D’abord parce que Lars Eller, malgré la cause perdante, a été le meilleur joueur du Canadien lors de cette rencontre. Peut-être même le meilleur joueur des deux camps.

Mais aussi parce que Carey Price, bien qu’il ait réalisé le même nombre d’arrêts dans la défaite en plus de réaliser plus d’arrêts difficiles que son vis-à-vis, a été écarté du podium des étoiles.

Comme Daniel Brière et ses autres coéquipiers, Carey Price pourra se reprendre samedi contre les Flyers.

Un autre match qui ne sera pas facile puisque les Flyers, ragaillardis par l’embauche de Vincent Lecavalier, forment encore une équipe robuste qui doit racheter sa saison misérable de l’an dernier.

Bien qu’il soit trop tôt pour sauter aux conclusions quant à l’état de santé de George Parros, il semble très peu probable que le Canadien puisse compter sur ses services samedi.

On peut donc s’attendre à ce que Ryan White, laissé de côté hier soir en compagnie de Michaël Bournival, soit inséré au sein du quatrième trio.

On le saura jeudi alors que le Canadien mettra le cap sur Lac-Mégantic où il s’entraînera devant des résidents de cette ville soufflée par la tragédie que l’on connaît, ou le lendemain alors que le Tricolore sera de retour à Brossard pour compléter sa préparation en vue de la deuxième rencontre au calendrier.

Avant de faire le voyage attendu à Lac-Mégantic, les joueurs du Tricolore profiteront d’un congé aujourd’hui.

Entre les lignes

Max Pacioretty a retraité au vestiaire en fin de première période après qu’il eut été solidement mis en échec par Colton Orr dans un coin de patinoire. Ceux qui, comme moi, croyaient Pacioretty blessé sérieusement à une épaule ont été quittes pour une autre surprise de l’homme de caoutchouc du Canadien. Car contre toute attente, Pacioretty était de retour au banc au début de la période médiane. Il a repris sa place au sein du trio complété par David Desharnais et Daniel Brière après avoir raté quelques présences…

Il est très tôt pour paniquer, mais David Desharnais n’a pas connu un grand match hier...

Le trio de Tomas Plekanec n’ayant rien cassé non plus, on avait nettement l’impression hier que le trio de Lars Eller flanqué d’Alex Galchenyuk et Brendan Gallagher était le meilleur du Tricolore. De fait, c’était bien plus qu’une impression, mais bien la réalité...

À son premier vrai match, Andrei Markov n’a rien fait pour confondre les sceptiques qui le croient à la croisée des chemins. Non seulement le vétéran défenseur russe s’est fait contourner facilement par des attaquants des Leafs fonçant sur Carey Price, mais il s’est rendu coupable de quatre des dix pertes de rondelles du Canadien...

Le revirement le plus coûteux de Markov est survenu en fin de deuxième période alors que le Canadien profitait d’une attaque massive. Au lieu de profiter de cette supériorité pour se donner les devants 3-2, Markov a perdu la rondelle au profit de Tyler Bozak qui a filé seul jusqu’à Carey Price qu’il a déjoué dans la lucarne au-dessus du bouclier...

Une question comme ça : face à la vulnérabilité grandissante de Markov en zone défensive, ne faudrait-il pas offrir son temps d’utilisation en désavantage numérique à P.K. Subban plutôt que de garder celui qui l’a devancé à titre de meilleur défenseur du Canadien sur le banc?

Incapable de profiter de ses quatre attaques massives, le Canadien en a offert sept aux Leafs qui ont marqué à une reprise. Oui, les arbitres se sont montrés sévères à l’endroit du Tricolore par moment. Mais l’indiscipline du Tricolore, bien plus que les « erreurs » des arbitres, ont contribué à ces sept désavantages numériques…

Sur mon blogue mercredi matin : l’incident Parros-Orr incite-t-il davantage à promouvoir l’abolition des bagarres?