BROSSARD, Qc - Si le Lightning de Tampa Bay était du genre à jeter l'éponge, il aurait eu plusieurs occasions de le faire depuis longtemps.

C'est cette logique qui incite Daniel Brière à croire que le Canadien, même s'il aura la chance d'éliminer la formation floridienne en quatre matchs ce soir, a encore fort à faire avant d'envoyer son adversaire en vacances.

« Le Lightning est une équipe très tenace, on l'a bien vu cette année, a fait remarquer Brière mardi matin au terme d'un entraînement optionnel auquel il a pris part avec une douzaine de coéquipiers. Avec la perte de Stamkos, tout le monde s'attendait à ce qu'elle s'effondre, mais au contraire, elle s'est resserrée et a terminé la saison en force. Je m'attends un peu à la même réaction ce soir. Ces gars-là sont habitués de faire face à l'adversité et ils ne vont pas lâcher facilement. »

Trente et une fois, au cours de sa longue histoire, le Canadien s'est donné une avance de 3-0 dans une série. Il a réussi le balayage en 21 occasions - le dernier remonte au printemps 1993 - et jamais il n'a subi l'affront d'une remontée fatale.

Mais Brière est bien placé pour savoir qu'aucune avance n'est insurmontable. En 2010, il s'alignait avec les Flyers de Philadelphie lorsque ceux-ci avaient signé quatre victoires de suite le dos au mur pour éliminer les Bruins de Boston en demi-finale de l'Association Est. Matt Carle, qui défend aujourd'hui la ligne bleue du Lightning, était son coéquipier à l'époque.

« Que ce soit 3-0 ou 3-3, on dirait que la quatrième victoire d'une série, c'est toujours la plus difficile à obtenir. Ce soir, l'adversaire va jouer avec l'énergie du désespoir, alors il va falloir être prêt. Ça va être difficile. »

Un renversement de situation demeure toutefois improbable. Les Flyers de 2010, qui avaient éventuellement écarté Montréal de leur chemin en finale de l'Est avant de s'arrêter à deux victoires d'une conquête de la coupe Stanley contre les Blackhawks de Chicago, sont seulement l'une des trois équipes à avoir comblé un retard de 0-3 dans une série 4-de-7 dans l'histoire de la LNH.

Tous ces scénarios n'occupent cependant pas les pensées de l'entraîneur du Canadien Michel Therrien.

« Notre concentration est toujours dirigée vers le moment présent, c'est là où il faut s'assurer d'être à notre mieux et c'est le message qu'on répète sans cesse à nos joueurs. Avec la mentalité qu'on a, durant la saison mais encore plus dans les séries, je ne vois pas le match de ce soir comme un piège », a commenté Therrien lors d'un bref point de presse.

« C'est important pour nous de rester concentrés sur ce que nous faisons de bien, de respecter notre plan de match et de continuer dans le chemin qui nous a menés au succès. Mais nous devons aussi comprendre que des rivaux coriaces nous attendent dans le détour. Il faudra trouver un moyen d'être aussi intenses et préparés qu'eux », nuançait Josh Gorges.

« Il faut affronter le Lightning comme si c'était le premier match de la série. On a tout à perdre ce soir », est allé jusqu'à dire Brière.

Conscients, pas obsédés

Pendant que le Canadien était dans ses quartiers de Brossard, le Lightning a tenu un entraînement plus complet au Centre Bell. Le gardien Ben Bishop, qui est tenu à l'écart par une blessure au haut du corps depuis le début de la série, a rejoint ses coéquipiers sur la glace pour la première fois.

« Nous jouons dans un environnement hostile »

Ébranlé par un coup de genou à la tête lors du match numéro 3, Steven Stamkos pratiquait quant à lui aux côtés des recrues Ondrej Palat et Tyler Johnson. Sa présence en uniforme est confirmée pour ce match sans lendemain.

« On ne peut pas s'attarder là-dessus, prévient Brière, qui a 111 matchs d'expérience en séries. On n'a aucune idée s'il va revenir, on ne sait pas quand il pourrait être prêt. On doit simplement continuer dans le même chemin qu'on suit depuis le début des séries. De toute façon, Anders Lindback a été solide lors du dernier match. Ça ne change pas grand-chose pour nous. »

« Quand on parle d'un gars comme Stamkos, évidemment qu'il faut l'avoir à l'oeil, savoir quand il est sur la glace et le surveiller étroitement. Mais notre plan de match et notre concentration ne changent pas selon la composition de l'alignement adverse », précisait Gorges.

« Stamkos est un joueur de concession. Il faut le surveiller, tu ne sais jamais à quel moment il peut décider de se mettre en marche. Mais en même temps, le Lightning compte sur un paquet de jeunes joueurs qui peuvent faire la différence. C'est pour ça qu'on ne peut s'arrêter sur les incertitudes qu'il y a de l'autre côté », a renchéri Brière.