BROSSARD – Mikhaïl Sergachev sera en uniforme ce soir contre les Bruins de Boston et jeudi contre les Maple Leafs de Toronto. « Par la suite, on traversera le pont quand on sera rendu à la rivière », a dit Michel Therrien.

L’entraîneur du Canadien a probablement déjà une bonne idée de l’identité des 23 joueurs qui seront à bord le 13 octobre lorsque son équipe débutera sa saison à Buffalo, mais d’ici là, il entend donner à quelques joueurs toutes les chances de brouiller les cartes. Et son choix de première ronde au plus récent repêchage fait partie de ce groupe.

« Ce sont les performances qui vont dicter nos décisions et les réactions qu’on doit faire, a répété Therrien après l’entraînement de lundi. Dans le cas de Sergachev, il a déjà joué deux matchs et on va lui donner l’occasion de jouer les deux prochains. »

À un peu plus d’une semaine du début de sa saison, le Canadien compte neuf défenseurs dans ses rangs. Si la composition du top-6 semble plutôt claire, l’état des forces dans la profondeur de la brigade demeure nébuleux. Les jeunes vétérans Mark Barberio et Zach Redmond semblent se battre pour le poste de septième défenseur, mais Sergachev se tire bien d’affaire depuis le début de son audition, assez pour s’immiscer dans la conversation.

Quels sont exactement les plans du Canadien avec ce défenseur prometteur qui vient tout juste de fêter ses 18 ans? Therrien continue de bien cacher son jeu, se contentant de répondre par l’affirmative quand on lui demande s’il est ouvert à garder un jeune à la sortie de l’adolescence.

Lundi, le plus beau vote de confiance à l’endroit de Sergachev est venu de la bouche de Max Pacioretty. Le capitaine a beau être arrivé avec un peu de retard au camp, il a eu le temps de tomber en amour avec son jeune coéquipier.

« Avec lui, je crois que ça commence à l’extérieur de la patinoire, a statué le 67. Physiquement, il joue déjà dans un corps d’homme, il est naturellement très costaud. Mais il a aussi la bonne attitude. Il travaille très fort après les entraînements, il dit et fait toutes les bonnes choses. Je constate qu’il est très mature pour son âge et c’est de qui est le plus important pour moi. À mon avis, c’est surtout ce qui explique pourquoi il est toujours ici. »

Les charmes de Windsor – la ville de son club junior - ne se comparent pas à ceux de Montréal et Sergachev, le Russe le plus populaire en ville ces jours-ci, aurait toutes les raisons de s’enfler la tête avec tout ce qui se dit à son sujet. Mais Pacioretty a remarqué que la recrue de l’heure a gardé les deux pieds sur terre même si les compliments viennent de tous bords tous côtés.

« Souvent, les jeunes arrivent ici et découvrent la lumière des projecteurs, ils reçoivent beaucoup d’attention sur les réseaux sociaux et ça devient facile de se perdre dans les distractions. Mais ce gars-là à une bonne tête sur les épaules et il arrive ici chaque jour avec le travail en tête. Et je n’ai jamais vu un jeune de 18 ans avec de tels attributs physiques. Jusqu’ici, je ne crois pas qu’il y a quoique ce soit qu’il aurait pu faire pour connaître un meilleur camp. »

Barberio est impressionné, mais pas intimidé

D’une certaine façon, Mark Barberio se retrouve pris entre l’arbre et l’écorce. D’un côté, le Montréalais de 26 ans est en compétition avec Sergachev pour un poste au sein de la brigade défensive du CH. De l’autre, il doit en quelque sorte servir de mentor au petit nouveau. Les deux ont été jumelés lors du match préparatoire de jeudi dernier contre les Sénateurs d’Ottawa et ils formaient de nouveau une paire à l’entraînement de lundi.

« Il y a toujours de la compétition à chaque année, c’est normal et c’est juste bon pour les joueurs, ça nous pousse à être meilleurs, explique Barberio. Mais quand on joue et qu’on pratique, on est du même côté et on essaie d’aider l’équipe à gagner. C’est ça notre job numéro un. »

« [Sergachev] est un bon défenseur, tu le vois qu’il a tout un instinct offensif et un bon lancer de la pointe, évalue ensuite celui qui entame sa deuxième saison dans l’uniforme du Tricolore. C’est le fun de jouer avec lui, il ne se comporte pas comme un gars de 18 ans. »

« Traverser le pont rendu à la rivière »

À sa septième saison professionnelle, Barberio a vu neiger et ce n’est pas un peu de compétition qui va l’empêcher de dormir.

« J’ai vécu ça quand même souvent dans ma carrière, les dernières semaines d’un camp. Il y a des batailles pour des postes mais moi, je peux juste me concentrer sur ma constance. Le reste, c’est le travail des entraîneurs et du DG. On connaît les circonstances. Même en attaque et dans les buts, il y a des batailles. C’est un beau problème à avoir. »

Barberio a acquis une certaine sécurité d’emploi au cours de l’été en paraphant son premier pacte de deux ans – à volet unique – depuis l’expiration de son contrat de recrue. Mais l’ancien des Wildcats de Moncton jure que sa situation moins précaire ne l’incite pas, même inconsciemment, à lever le pied à l’entraînement.

« Tu ne peux pas, fait-il rapidement comprendre. Pas quand il y a autant de bons défenseurs ici. C’était le même cas l’année passée. Je sais que j’avais un contrat à deux volets, mais la mentalité est exactement la même. Je dois toujours faire mes preuves dans cette organisation. »

Barberio, qui passe ses saisons mortes dans la région de Québec depuis quelques années, ne sera pas en uniforme pour la visite du Canadien au Centre Vidéotron mardi.