BROSSARD, Qc - Jusqu’à la toute fin, le camp d’entraînement du Canadien a permis d’en apprendre beaucoup sur Jacob De La Rose.

La plus récente d’une longue liste de découvertes : le jeune sait garder un secret.

De La Rose est resté de marbre mardi matin lorsqu’on lui a demandé s’il s’attendait à demeurer dans l’entourage de l’équipe pour le lancement de la saison régulière à Toronto. Tout ce qu’il savait, a-t-il alors juré, c’est qu’il serait du voyage vers la Ville Reine.

Ce qu’il n’a pas dit, c’est qu’il poursuivrait ensuite sa route vers Hamilton pour rejoindre le club-école du Tricolore. Michel Therrien l’a confirmé peu de temps après : De La Rose était le joueur de trop, celui que la direction du club a décidé de retrancher pour atteindre la limite de 23 qu’elle devait respecter, comme toutes les autres formations de la Ligue nationale, avant 17 h mardi.

À 19 ans, le bel espoir suédois commencera donc son parcours professionnel nord-américain dans la Ligue américaine, mais pas sans avoir laissé une forte impression à ses patrons et coéquipiers.

« On est très content de son camp. J’ai adoré comment il s’est comporté sur la patinoire pour un jeune de son âge. Ce fut une belle expérience pour lui et on veut qu’il continue dans cette direction », a commenté Therrien, qui avait aussi couvert le jeune attaquant de louanges en fin de semaine, après avoir dévoilé ses cartes.

« Je ne m’attendais pas vraiment à rester aussi longtemps, alors je suis simplement très content d’être ici. Tout au long du camp, j’ai essayé de travailler fort et de faire de mon mieux », avait timidement exprimé De La Rose quelques minutes auparavant.

Max Pacioretty en est un qui s’est dit franchement épaté par la tenue du jeune prétendant.

« À mes yeux, il est un joueur de centre suédois typique, c’est-à-dire que même s’il n’a que 19 ans, il est très responsable dans son propre territoire. Ses tracés de patinage font en sorte qu’il se fait rarement prendre hors position. C’est ce qui m’a le plus impressionné dans son jeu », décrit le meilleur franc-tireur du CH la saison dernière.

« Quand tu le regardes aller sur la glace, il n’a pas l’air d’un jeune de 19 ans, enchaîne Pierre-Alexandre Parenteau. Il possède un flair qui me donne l’impression que ça fait longtemps qu’il joue pro. Ce n’est pas un gars très éclatant, mais il accomplit de bonnes choses sur la patinoire. Déjà en ce moment, il n’a rien à envier à bien des joueurs de la Ligue nationale. »

« Je me sentais bien dans les matchs préparatoires. Maintenant, j’ai l’impression que je peux jouer à ce niveau, avec et contre ces gars-là », a appris De La Rose, qui devrait être un rouage important des Bulldogs cet hiver. Entouré notamment de Sven Andrighetto et Christian Thomas, deux autres jeunes qui ont fait leur marque à Montréal au cours des dernières semaines, il entend poursuivre l’amélioration de son jeu offensif.

« C’est là-dessus que j’investis le plus d’efforts depuis un an et je crois que les résultats le démontrent. Je suis de plus en plus confortable avec la rondelle et je sais maintenant que j’ai la confiance d’exécuter des jeux. »

« Il a démontré beaucoup de maturité pendant les matchs et à l’extérieur de la patinoire. Avec une mentalité comme celle-là et des performances comme il a offertes, il n’y a généralement que du positif qui suit. Ça augure bien pour son avenir », prédit Pacioretty.

« Une belle profondeur »

C’est donc dire que Travis Moen et Michaël Bournival, qui ont accompagné De La Rose sur un « cinquième trio » pendant la majorité du camp d’entraînement, complèteront le groupe de 14 attaquants qui amorceront la saison avec le grand club.

Bournival, qui s’était taillé un poste à la surprise générale il y a un an, semble toutefois pour l’instant avoir perdu quelques galons au profit du Tchèque Jiri Sekac, bien installé sur le trio de Lars Eller et Rene Bourque. Mais Michel Therrien ne voit pas la situation du rapide attaquant d’un œil négatif.

« Il y a beaucoup de choses qui peuvent survenir au cours d’une saison. Je touche du bois, mais pour l’instant on est santé et on est très content de l’être. On est tous conscient que ça prend de la profondeur au sein de notre équipe. C’est certain que Michaël va avoir l’opportunité de jouer dans un avenir très rapproché, mais présentement on est un club en santé. C’est une très bonne nouvelle pour nous », a expliqué l’entraîneur, vantant au passage l’attitude et l’éthique de travail de Bournival.

« Nous avons présentement tellement de profondeur en attaque que si quelque chose ne devait pas fonctionner au cours d’une soirée, plusieurs combinaisons s’offriraient à nous pour apporter des modifications rapidement et trouver une solution, entrevoit Pacioretty. Je me sens bien avec Davy (Desharnais) et P.A. (Parenteau), mais je serais à l’aise de jouer avec n’importe qui dans l’équipe. »

Pour l’instant, il n’est pas trop difficile de deviner la formation que Therrien utilisera pour le premier match de la saison. Derrière le trio de Desharnais, Pacioretty et Parenteau, les combinaisons Galchenyuk-Plekanec-Gallagher, Bourque-Eller-Sekac et Prust-Malhotra-Weise semblent coulées dans le béton.

Les paires de défenseurs (Subban-Emelin, Markov-Gilbert, Weaver-Beaulieu, Tinordi) étaient aussi inchangées à l’entraînement mardi, séance au cours de laquelle Beaulieu et Gilbert formaient un duo sur la deuxième unité d’avantage numérique.

Au cours d’un long entraînement de 90 minutes, le deuxième du genre en autant de jours, Dustin Tokarski a occupé un filet pendant la première demi-heure d’exercices collectifs, alors que le travail était concentré sur les unités spéciales, pendant que Carey Price est resté sur une autre surface pour travailler en tête-à-tête avec l’entraîneur des gardiens Stéphane Waite.

Le Canadien commencera sa saison avec un séjour de quatre matchs à l’étranger. Après avoir brisé la glace à Toronto, il voyagera à Washington, Philadelphie et Tampa Bay pour rentrer au bercail à la mi-octobre. Il inaugurera sa saison locale le 16 contre les Bruins de Boston.