(ESPN.com) - C'est peut-être le chant du cygne pour le hockey à Nashville.

Ce sera peut-être un très long dernier baiser d'adieu mais il n'y a pas d'erreur, la vente des Predators par Craig Leipold au milliardaire techno-magicien canadien Jim Balsillie signifie la mort du hockey à Nashville et signifie également un puissant échec au plan visionnaire du commissaire Gary Bettman qui rêvait d'étendre l'empreinte de la LNH à un niveau panaméricain.

Il y a deux questions qui vont alimenter les discussions dans la LNH au cours des prochains mois: où pourraient potentiellement se retrouver les Predators et à quoi ressemblera le circuit à long terme, une fois que la concession aura quitté Nashville?

Sans une intervention de dernière minute, les Predators vont quitter Music City.

Balsillie a été repoussé par la LNH quand il a tenté de mettre la main sur les Penguins de Pittsburgh. L'homme d'affaire canadien avait levé le ton quand il a constaté que Mario Lemieux n'était pas en mesure de conclure une entente avec les autorités locales concernant la construction d'un nouvel amphithéâtre pour garder l'équipe à Pittsburgh.

Bettman et son bras droit Bill Daly sont intervenus à la dernière minute pour que les Penguins demeurent à Pittsburgh mais il ne faut pas s'attendre au même type de vigueur pour sauver les Predators.

La dynamique dans la ville de musique est dramatiquement différente.

Le hockey n'a pas d'histoire à Nashville. Les Predators, après quelques bonnes saisons au début de la concession, ont baissé sous la ligne de Mendoza en terme d'assistances, de vente d'abonnements de saison et d'appui corporatif, qui est pratiquement inexistant.

Même lorsque Leipold a crié à l'aide auprès des gens d'affaires locaux, son appel n'a pas été entendu.

Balsillie est entré en scène comme un requin qui est attiré par du sang dans l'eau. L'inventeur du BlackBerry a présenté une offre au-dessus de la valeur du marché pour une équipe qui n'a clairement plus d'avenir à Nashville. On parle d'une offre de 220 millions, 45 millions de plus de ce qu'il avait offert pour les Penguins.

Pour un homme qui déborde d'argent et qui n'a jamais caché son désir profond de posséder sa propre équipe de la LNH, la stratégie de Balsillie en surpayant pour les Predators vise d'autres objectifs. D'abord, il vient d'éloigner d'autres potentiels acheteurs et deuxièment, cette offre l'aidera à faire monter la valeur de la franchise.
Imaginez que vous habitez une jolie maison qui se trouve sur une rue où trône une résidence délabrée. Si soudainement quelqu'un paie le gros prix pour cette maison délabrée, la valeur des autres résidences de la rue va monter et tout le monde la trouvera moins laide.

Balsillie espère que son attitude lors de sa tentative de prise de possession des Penguins ne jouera pas contre lui auprès des gouverneurs. Si son comportement ne sera pas oublié, il souhaite à tout le moins que l'impact soit mitigé. Obtenir l'assentiment des gouverneurs pour l'achat de l'équipe pourrait être le plus gros obstacle que devra affronter Balsillie.

Vers la fin du mois de juin, les propriétaires des Predators, que ce soit Leipold ou Balsillie, doivent faire savoir s'ils utiliseront leur option pour mettre fin au bail de l'équipe avec le Nashville Arena et amorcer des pourparlers pour trouver une nouvelle terre d'accueil.

La Ville de Nashville, qui a consenti un ridicule bail aux Predators à leur arrivée en 1998, pourrait forcer l'équipe à demeurer sur place en achetant massivement des billets pour faire grimper la moyenne d'assistance à 14 000 spectateurs.

La vente de l'équipe donnera davantage une indication de la direction que veut prendre la LNH en terme de structure de ligue et d'orientation.

Il n'y a pas beaucoup d'appétit chez les propriétaires pour voir se pointer une nouvelle concession canadienne. Il y a beaucoup de propriétaires, et Bettman lui-même, qui croient toujours que les États-Unis sont plus attrayants pour obtenir des gros revenus de télévision notamment.

L'échec des Predators de réussir dans un marché à peine plus gros qu'un petit marché amène la question suivante: Pourquoi est-ce que ça fonctionnerait dans une ville comme Kansas City, qui cherche désespérément un locataire pour son nouvel amphithéâtre, ou encore à Las Vegas ou Houston ou Portland, ou dans n'importe quelle autre ville dont les noms ont été mentionnés?

Quand ESPN.com s'est interrogé sur la viabilité financière d'une autre équipe dans le sud de l'Ontario, où Balsillie est basé, une poignée de directeurs généraux et de gouverneurs ont répondu que ce serait l'équivalent d'une machine à imprimer de l'argent.