Nous avons connu les Penguins de Pittsburgh comme une équipe avec une destinée et nous avons vu ce qu'une telle équipe peut accomplir en remportant deux matchs ultimes le printemps dernier dont celui de la conquête de la coupe Stanley face aux Red Wings de Detroit.

Mais est-ce que la destinée qui accompagne une équipe possède une date d'expiration? Est-ce que la destinée peut prendre fin ou disparaître? Si c'est le cas, est-ce que nous avons déjà vu un tel scénario se produire devant nos yeux?

Qu'arrive-t-il quand les Penguins affrontent une autre équipe avec une destinée en tête dans un match ultime?

Nous sommes sur le point de le savoir à la suite de la victoire de 4-3 du Canadien dans le match numéro six lundi soir, un quatrième gain consécutif pour cette équipe face à l'élimination.

Une chose est certaine : il y a de la place pour seulement une seule équipe sur le train de la gloire de la conquête de la coupe Stanley. Et à un certain moment mercredi soir, toutes les discussions au sujet de la destinée et de la gloire prendront fin sur une note cruelle pour l'une des deux équipes.

«Quand on se souvient de la première série, nous étions en déficit 1-3 et la situation était semblable. Encore une fois, nous n'avons pas abandonné», a précisé le gardien Jaroslav Halak. «On s'en va à Pittsburgh et ce sera nous ou eux qui l'emporteront et je suis certain que ce sera un excellent match.»

Halak a raison.

Tous les ingrédients sont réunis pour que ce septième devienne un classique. Si les Penguins ne sont pas en mesure de mettre fin au parcours du Canadien, il s'agira du dernier match au Mellon Arena et ce serait une façon étrange de clore l'histoire de cet aréna.

«Évidemment, toutes les personnes présentes au Mellon Arena connaîtront l'enjeu», a noté l'entraîneur des Penguins Dan Bylsma. «Je crois que c'est l'un des grands défis en séries au hockey. Il faut retrouver sa concentration et c'est l'objectif des deux équipes. Nous devrons jouer notre meilleur match.»

Tout au long de la série, nous avons attendu l'explosion des Penguins en utilisant leur expérience et leur niveau supérieur d'habiletés pour dominer le Canadien. Mais même si le Canadien perdait des joueurs importants, il a semblé grandir dans ces épreuves.

Mon collègue Pierre LeBrun a demandé durant le sixième match à quel moment nous allons commencer à comparer cette équipe à celle de 1993; ce printemps magique durant lequel le Canadien a franchi tous les obstacles sans oublier la séquence extraordinaire en prolongation?

Pourquoi ne pas poser cette question à voix haute en prévision du match ultime? Quand le Canadien a appris qu'il serait privé de Hal Gill pour la sixième partie, le moment semblait opportun pour les Penguins de terminer le travail. Ils avaient d'ailleurs éliminé les Sénateurs d'Ottawa en première ronde lors du sixième match après avoir effacé un déficit de 3-0.

Mais c'est plutôt Michael Cammalleri qui a donné les devants au Canadien dès la 73e seconde en surprenant Marc-André Fleury avec un lancer dans le haut du filet. Cependant, les Penguins ont répliqué grâce à Sidney Crosby qui a mis un terme à sa léthargie de six matchs.

Quand Kristopher Letang a battu Halak avec un tir peu puissant tôt en deuxième période (le premier but faible accordé par Halak dans cette série) on se demandait si les Penguins allaient finalement s'imposer. Ils ont ensuite dominé en avantage numérique avant de frapper le poteau à trois reprises… Ils ont été incapables d'achever leur adversaire. Une équipe qui a son nom gravé sur la coupe Stanley n'a pas été en mesure de compléter le travail.

Les Penguins ont plutôt perdu le vent dans leurs voiles et le Canadien a accentué la pression. Après un revirement à la ligne bleue, Maxime Talbot a échappé Michael Cammalleri qui a capté une passe d'Andrei Kostitsyn avant de battre Fleury avec un tir du revers.

Seulement 2:30 plus tard, Jaroslav Spacek, qui jouait pour la première fois en 10 matchs en raison d'un virus aux oreilles, a procuré une avance de 3-2 à son équipe grâce à un lancer qui s'est faufilé dans le filet adverse.

À la suite du but de Cammalleri, la foule du Centre Bell n'a pas cessé d'applaudir à tout rompre pendant quelques minutes.

L'avantage de jouer à domicile ne semblait pas exister cette année en séries éliminatoires. Selon les statistiques, ce facteur n'existe pas en 2010. Mais essayez de dire cela aux partisans du Canadien…

«On entend souvent parler de cet aspect», a commenté Scott Gomez. «Plusieurs joueurs de notre équipe ont vécu des matchs cruciaux, ont joué dans de nombreux arénas, ont assisté à de nombreux événements, mais les gens ici… nous sommes définitivement fiers de nos partisans!»

Lapierre, qui a écopé de deux punitions pour plongeon dans un match plus tôt en séries, a offert une magnifique performance quand il s'est emparé d'une rondelle libre avant de couper vers l'enclave pour compter à 11 :03 de la troisième période ce qui donnait une avance de deux buts à son équipe.

Ce but s'est avéré celui de la victoire puisque Bill Guerin a réduit l'écart avec 1:14 à écouler.

Donc malgré le but de Crosby, un autre but sur le jeu de puissance et l'absence de Hal Gill dans la formation, le Canadien a trouvé une façon de pousser les Penguins à la limite.

Encore une fois, le Tricolore a gagné la bataille à cinq contre cinq en comptant ses quatre buts à égalité numérique. Le Canadien a trouvé un autre héros en Spacek qui a permis de garder le rêve vivant au moins pour un autre match.

«Je sais que je peux tenir mon bout contre ces joueurs», a déclaré Spacek. «C'était le sixième match de la deuxième ronde des séries de la coupe Stanley; ce n'est pas un scénario facile alors qu'on faisait face à l'élimination. Je voulais seulement offrir mon meilleur rendement et j'ai retrouvé le sourire! J'étais marabout depuis quelques semaines.»

Et donc, nous retournons à Pittsburgh pour une finale inattendue tout comme nous avions retourné à Washington il y a deux semaines pour un scénario similaire.

Pendant la plupart de cette aventure éliminatoire du Canadien, nous avons attendu que la réalité refasse surface comme le son d'un ballon qui dégonfle d'un seul coup. Peut-être que cette conclusion surviendra mercredi à Pittsburgh ou peut-être que c'est à quoi ressemble la destinée quand on la suit de près.

Mais personne dans le vestiaire du Canadien n'a besoin de se pincer présentement.

«Non, pas du tout. Pour nous, nous vivons la réalité», a dit Cammalleri. «Si nous devions nous pincer, nous serions battus. Je me souviens que tu arrives dans la LNH, tu ne peux pas contempler ceux qui t'entourent et les craindre parce que tu les respectes énormément.»

«Maintenant, nous méritons notre place dans ce match et nous allons nous amuser. Nous avons l'occasion d'éliminer cette équipe donc savourons ce moment.»