Il n'y a pas si longtemps, Keith Jones, l'ancien joueur de la LNH qui est maintenant analyste de hockey à la télévision, était celui qui amorçait les discussions à propos du prometteur attaquant Claude Giroux des Flyers de Philadelphie.

Maintenant, les conversations au sujet de Giroux se rendent aux oreilles de Jones. Il se fait souvent demander : «As-tu vu ce que Giroux fait maintenant?»

«Je vais te donner une chance pour identifier quel joueur sur lequel on se fait poser des questions à chaque soir sur la galerie de presse», a lancé Jones à ESPN.com cette semaine. «Et oui, c'est lui et je ne suis pas surpris. Voilà le joueur qu'il est en train de devenir.»

La saison de la LNH n'est vieille que d'un mois et Giroux a déjà prouvé qu'il mérite qu'on discute souvent de lui avec sa production de sept buts et 12 points en 12 rencontres. Il est aussi à égalité au sommet de la LNH avec trois buts gagnants et il mène le circuit avec trois buts en désavantage numérique. De plus, si une statistique existait pour les jeux spectaculaires, il serait sûrement l'un des meneurs à ce chapitre. Tous ces facteurs laissent croire que le jeune homme discret originaire de Hearst, en Ontario, pourrait émerger comme le plus talentueux du groupe très prometteur des joueurs développés par les Flyers.

Giroux tentera jeudi face aux Rangers de poursuivre une séquence de quatre matchs avec au moins un point. Durant cette série, il a amassé quatre buts et trois aides.

La progression de Giroux est intéressante, mais pas inattendue. Oui, l'image de l'ancien directeur général des Flyers Bobby Clarke oubliant momentanément son nom en le repêchant au 22e rang en 2006 ne quittera jamais notre mémoire. Mais ce n'est qu'une anecdote anodine comparativement à tout ce que Giroux a accompli la saison dernière.

Quand l'entraîneur Peter Laviolette a pris la relève de John Stevens derrière le banc des Flyers durant la dernière saison, Giroux était davantage un joueur complémentaire qui était dans l'ombre des Jeff Carter, Mike Richards, Daniel Brière, Chris Pronger et Kimmo Timonen.

«Il était comme un joueur de la deuxième vague offensive», avoue Laviolette à ESPN.com.

Mais cette réalité a changé en séries quand Simon Gagné et Carter ont subi des blessures. Giroux s'est avéré l'un des joueurs des Flyers à saisir l'occasion de remplacer ces gros morceaux. Il a terminé son parcours éliminatoire avec 10 buts et 11 aides pour aider les Flyers à surprendre avec une défaite en finale de la coupe Stanley.

Toutefois, au lieu de redevenir discret la saison suivante, comme c'est souvent le cas de plusieurs jeunes, Giroux est devenu le joueur clé quand les Flyers ont besoin d'un but important.

«Il a repris là où il avait laissé. Je crois qu'il deviendra meilleur et encore meilleur», prétend Laviolette. «Il est devenu l'un des jeunes qui ne sera plus rélégué à un rôle de deuxième ordre. Il voit le jeu aussi bien que n'importe qui dans notre formation.»

Voilà une autre preuve démontrant l'importance de Giroux pour les Flyers qui possèdent la plupart des éléments pour faire un autre long bout de chemin en séries. Quand tous les joueurs sont en santé, les Flyers misent sur une panoplie de centres talentueux et Laviolette préfère garder Giroux à cette position et déplacer Carter à l'aile. Ce n'est pas une façon de dire que Giroux ne peut pas évoluer comme ailier. Au contraire, Laviolette n'hésite pas à employer Giroux à l'aile sur l'unité de Richards quand son équipe a besoin d'une étincelle.

Mais la confiance de Laviolette en Giroux pour gagner une mise au jeu cruciale et jouer de façon intelligente défensivement afin d'accomplir le boulot à la position la plus importante en attaque démontre la maturité de ce joueur.

Jones ajoute d'ailleurs que Giroux est à l'origine de plusieurs buts primordiaux des Flyers cette saison grâce à son travail dans les cercles des mises au jeu en zone offensive.

«Ça démontre qu'il réfléchit toujours et il peut faire mal paraître n'importe quel adversaire», lance Jones.

Selon ce dernier, il a remarqué une grande hausse de confiance dans le jeu de Giroux vers la fin de la dernière saison. Il a observé que Giroux était prêt à prendre des risques offensifs sans craindre de perdre du temps d'utilisation. D'ailleurs, ces risques étaient plus souvent qu'autrement récompensés et cette confiance lui a permis de récolter en moyenne un point par match à ses 35 dernières parties (incluant les séries).

Avec sa grandeur et sa force trompeuses, c'est extrêmement difficile de lui enlever la rondelle. En fait - et c'est le point le plus intéressant - le jeu de Giroux cette saison lui fait penser à son ancien coéquipier Peter Forsberg!

L'idée que Giroux possède un tel potentiel n'est pas nouvelle. Les comparaisons ont commencé dès la saison 2008-09 quand il a amassé neuf buts en 42 matchs lorsque les Flyers l'ont rappelé de la Ligue américaine pour effectuer ses débuts dans la LNH. Si de telles comparaisons étaient prématurées à l'époque, Jones affirme que ce qu'il voit présentement semble confirmer les attentes.

«Ce n'est pas irréaliste de penser qu'il pourrait devenir aussi bon. Plusieurs comparaisons peuvent être établies et ça prouve l'énorme progrès qu'il a effectué dans une courte période de temps.

Laviolette comprend que le jeu des comparaisons est risqué. En approuvant certaines comparaisons, les attentes envers un joueur peuvent devenir trop grandes et en les refusant, un joueur peut se sentir brimer dans sa confiance.

Quand on lui suggère la comparaison avec Forsberg, l'entraîneur des Flyers remarque que Giroux est aussi intelligent défensivement et qu'il est employé dans toutes les situations.

«Tous les entraîneurs veulent un joueur comme Giroux parce qu'il remplit plusieurs fonctions», ajoute Laviolette.