STANSTEAD - La conférence de presse au Centre Eric T. Webster était terminée depuis une quinzaine de minutes lorsque des journalistes ont demandé de parler à Michel Bergeron. L'ancien entraîneur en chef des Nordiques de Québec se trouvait à l'arrière-scène, en compagnie de Pat Burns, des membres de sa famille et d'autres dignitaires.

Lorsque Bergeron est apparu dans la salle principale, il était impossible de ne pas voir toute la tristesse qui l'affligeait.

"C'est dur", a-t-il reconnu, tout en relevant ses lunettes et essuyant les larmes qui coulaient de ses yeux.

"Ce qui m'impressionne le plus, c'est le courage avec lequel il affronte la période la plus difficile de sa vie. On l'a vu encore ce matin (vendredi), il est fait tout d'un bloc. Je sais qu'il va se battre jusqu'à la fin."

Bergeron, qui n'avait pas vu Burns depuis plusieurs mois, se souvenait encore très bien de sa première rencontre avec celui qui allait devenir l'un de ses meilleurs amis, il y a de cela une bonne vingtaine d'années.

"Je dirigeais les Nordiques, Pat était l'entraîneur des Olympiques de Hull, et on m'avait demandé d'être le président d'honneur du tournoi de hockey Ron-Racette. Pat est venu me voir pour me dire que j'étais son idole et qu'il voulait suivre mes traces. Lui et moi avons cliqué tout de suite", a relaté le "Tigre".

Selon Bergeron, cette complicité vient du fait que les deux hommes ont connu un cheminement presque identique. Aussi, les méthodes qu'ils employaient derrière le banc se ressemblaient beaucoup.

"Il y a un grand nombre de similitudes entre nous deux. Nous avons dirigé dans la Ligue nationale sans y avoir marqué un seul but, et parce qu'on a gagné dans le junior. Et nous utilisions les mêmes termes et le même langage. On n'était pas là pour être beau ou fin; ce n'était pas le temps."

Malgré un horaire très chargé ces dernières semaines, Bergeron tenait à être de la partie vendredi matin.

"Pat, c'est mon 'chum'. On a fait le même métier. Oui, c'était très important que je sois ici ce matin", a-t-il déclaré, en refoulant d'autres sanglots.

Un choc

Jacques Demers a lui aussi été secoué en revoyant Pat Burns. Les deux anciens rivaux dans la LNH ne s'étaient pas croisés depuis le retrait du chandail de Patrick Roy, le 22 novembre 2008 au Centre Bell.

"Ça été un choc. Quand on pense à Pat, on est habitué de voir un homme de forte stature. Pat, c'est un homme de 6'2" ou 6'3" et de 230 livres", a rappelé Demers, qui souhaite et prédit que Burns sera intronisé au Temple de la renommée du hockey, très bientôt.

Si l'aspect physique de Burns a inévitablement changé, Demers a revu chez son grand ami des traits de caractères qui lui ont toujours plu.

"Une chose n'a jamais changé chez Pat, c'est sa façon qu'il a de te regarder dans les yeux lorsqu'il te parle, a fait remarquer Demers. Aussi, il n'a jamais voulu être le centre d'attention ni cherché les applaudissements. Aujourd'hui (vendredi), il n'est pas venu ici pour obtenir la sympathie des autres. Il était ici pour un projet qui va venir en aide aux jeunes et qui lui tient à coeur", a ajouté le sénateur.

L'ancien gardien Félix Potvin a lui aussi noté que Burns véhiculait le même message que par le passé.

"Quand on sait à quoi il ressemblait, c'est certain que c'est dur de le voir dans cet état. Mais dans son discours, j'ai revu les mêmes valeurs qu'il a toujours prônées, et sa fierté de se retrouver devant une foule", a confié Potvin, selon lequel Burns a été le meilleur entraîneur à l'avoir dirigé.

Pour Lou Lamoriello, la présence de Stephen Harper à Stanstead témoignait de la valeur de Pat Burns.

"Le fait que le premier ministre se soit déplacé pour cet événement démontre à quel point Pat est un homme de grande qualité. Ça dit tout."