(ESPN.com) - Si vous tentez de voir un peu plus loin que toute la rhétorique entourant le match crucial que s'apprêtent à se livrer le Canadien de Montréal et les Maple Leafs de Toronto, vous verrez qu'il y a un sujet de discussion qui n'a pas été abordé mais qui cache une avenue fort possible : Mats Sundin a peut-être disputé son dernier match avec une feuille d'érable sur son chandail.

Le désir du grand joueur de centre de terminer sa carrière à Toronto est bien connu et les Maple Leafs ont toujours agi et parlé comme si c'était leur intention de le garder. Mais si l'équipe offre une performance aussi désolante que jeudi contre les Islanders et ratent les séries pour une deuxième saison consécutive, le jour du Jugement dernier pourrait être venu pour plusieurs joueurs.

Et à moins que les Leafs se plaisent dans la médiocrité dans laquelle ils nagent, couper les ponts avec le Suédois est l'une des options qu'ils devraient envisager pour s'améliorer.

L'émotion sera à son comble, autant du côté des locaux que de celui des visiteurs, samedi. Les joueurs tenteront de ne pas trop s'emporter et Sundin tentera de mettre fin à sa longue léthargie. S'il échoue et que les Leafs perdent, ce sera à l'administration de l'équipe de mettre de côté les sentiments en ce qui concerne son capitaine.

Au cours des 19 derniers matchs, Sundin n'a marqué qu'une fois. C'est vrai, il a aussi 16 mentions d'aide, mais Sundin est avant tout un marqueur. Il n'a rien d'un Joe Thornton, un fabricant de jeu qui peut transporter son équipe en alimentant ses coéquipiers. Quand Sundin, qui a terminé 16 de ses 23 derniers matchs dans les moins, ne marque pas, les Leafs ne gagnent pas. Du moins, pas assez pour faire les séries.

Les journalistes ont demandé à Sundin s'il croyait que les attaquants des Leafs devraient élever leur jeu d'un cran samedi, une référence peu subtile à sa propre incapacité à trouver le fond du filet. "Nous devrons tous le faire, a-t-il dit. Je ne sais pas quoi vous dire. Nous devons tous faire notre part, autant en attaque que dans notre territoire."

"C'est un match de hockey. Dans le feu de l'action, nous n'avons pas toujours le temps de penser et de nous demander ce qui pourrait arriver si nous faisons ceci ou cela, a-t-il ajouté. Nous devrons simplement nous défoncer à chacune de nos présences. Ce sont des clichés, mais il faudra jouer une présence à la fois et se concentrer sur ce que nous avons à faire et ne pas s'en faire avec le reste."

Alors que les Leafs jouent leur saison, il serait à peu près temps que Sundin enlève un peu de pression aux Hal Gill (qui a plus de buts que Sundin depuis un mois) et John Pohl (lui aussi). Qui sait? Peut-être répondra-t-il avec un but important samedi. Ou peut-être que ce sera encore aux joueurs marginaux à permettre aux partisans de continuer de rêver. Si rien de tout ça n'arrive, le processus de reconstruction devra débuter aussitôt que la dernière sirène se fera entendre.

Mon intention n'est pas de blâmer une seule personne pour les malheurs des Leafs, ou d'insinuer que Sundin est une mauvaise personne ou un mauvais capitaine. Il s'agit de regarder froidement les options qui s'offriront au directeur général John Ferguson.

Premièrement, Ferguson s'est engagé à donner environ 15 M$ à trois défenseurs, Tomas Kaberle, Pavel Kubina et Bryan McCabe. Il n'y aurait pas de problèmes là-dedans si McCabe n'était pas devenu un cauchemar dans son territoire (voir le deuxième but des Islanders jeudi). Peut-être que Ferguson trouvera un autre directeur général qui a plus d'espace dans sa masse salariale que de jugeote et qui acceptera de prendre un tel joueur et son salaire de 5,75 M$. Un gros peut-être…

Donc, si vous savez qu'il sera impossible d'échanger McCabe ou Kubina, qui a été meilleur que ses dénigreurs veulent le faire croire mais qui commande tout de même un salaire de 5 M$, il faut trouver un autre moyen d'améliorer votre équipe. Ce qui nous ramène à Sundin.

Les Leafs n'exerceront pas l'option de 6.3 M$ rattachée au contrat de Sundin pour la prochaine saison, mais selon les rumeurs, les deux parties seraient prêtes à s'entendre sur un contrat de deux ans aux environs de 11 M$. Avec une équipe qualifiée pour les séries et un avenir florissant, un tel pacte serait justifiable. Mais quand un capitaine se permet des pannes sèches comme celle que Sundin connaît présentement, pourquoi assombrir l'avenir de l'équipe avec un joueur incapable de la faire avancer.

Cet argent ne serait-il pas mieux investi avec un Ryan Smyth? Ou Chris Drury? Ou Daniel Brière?

En passant près d'un quart de la saison sans marquer, Sundin se retrouve au 37e rang des marqueurs de la Ligue nationale et est toujours le meilleur pointeur de son équipe. Comment une équipe qui a une défensive poreuse et un gardien de but ordinaire peut-elle s'attendre à s'améliorer si Sundin demeure son meilleur attaquant?

À moins que Ferguson puisse trouver l'équivalent de Robert Redford dans "Le Meilleur" lors de son prochain voyage de pêche en Mongolie, ça n'arrivera pas. Et bien sûr, le problème ne sera pas réglé même si les Leafs parviennent à se tailler une place en séries en fin de semaine.

Un voyage en séries, particulièrement quand on ne s'y attend pas, à tendance à mettre un diachylon sur une coupure. Quand les victoires s'empilent, certains problèmes deviennent secondaires. Perdez et soyez prêts à faire face à la musique.