BUFFALO – De Mike Babcock à Michel Therrien, en passant par André Tourigny, Martin Raymond, Gordie Dwyer et même Pierre Pagé. Ils étaient plus de 600 entraîneurs de hockey – de tous les niveaux et tous les horizons – à se partager certaines de leurs idées précieuses.

Ça semble étonnant à première vue, mais c’était bel et bien le portrait de l’intéressante tradition qui s’est poursuivie cette semaine à Buffalo dans le cadre du repêchage. En effet, la crème de la profession était réunie pour cet événement qui accueille aussi, à bras ouverts, les entraîneurs de la relève.  

« Tout ça démontre à quel point les entraîneurs dans le monde du hockey sont ouverts à partager leurs connaissances et aider la relève », a jugé Kirk Muller, qui a hâte de recommencer dans ses fonctions d’adjoint avec le Canadien.  

« C’est quand même fou de voir l’ouverture des intervenants, personne n’essaie de cacher des choses et ça éduque ceux qui gravissent les échelons. Dans le fond, ça permet d’améliorer la qualité de notre sport », a-t-il enchaîné.

À ne pas en douter, c’était rafraîchissant de voir ces rivaux se côtoyer dans un environnement très jovial et accueillant. En plus d’assister à de nombreuses conférences pour raffiner leur art, les entraîneurs ont pu en profiter pour bavarder avec des amis de longue date ou pour apprendre à connaître d’autres confrères.

« Il y a plusieurs bonnes raisons (pour assister à cet événement), tu passes du temps avec ton personnel, tu vois des gars que tu ne croises pas si souvent, mais tu apprends aussi quelques petits points à gauche et à droite que tu ajoutes à ton bagage », a relevé Guy Boucher, l’entraîneur des Sénateurs, qui se sentait comme un poisson dans l’eau à échanger avec des homologues d’un peu partout.  

« Bien sûr, c’est excellent pour le réseautage et tu peux partager des choses avec des entraîneurs juniors, universitaires, européens ou de la LNH. Les meilleures idées peuvent venir de partout », a indiqué Marc Crawford, le nouvel entraîneur associé de Boucher à Ottawa, qui se promenait autant dans les conférences pour les entraîneurs amateurs que celles pour les professionnels.  

Il aurait été facile de trouver des exemples d’entraîneurs qui ont bénéficié de ce colloque annuel aux quatre coins de l’immense salle de congrès. Alain Nasreddine, qui vient de conclure sa première saison comme adjoint dans la LNH avec les Devils du New Jersey, fait partie du lot. 

« Je viens chaque année pour chercher des informations, tous les entraîneurs désirent avoir un petit avantage sur les autres. Toutes les fois, je repars en retenant au moins une chose différente qui me sera utile », a décrit celui qui a joué 74 matchs dans la Ligue nationale, dont huit avec le Canadien en 1998-1999.

En ce qui concerne Boucher, il se revoyait en apercevant les jeunes entraîneurs avides d’informations et de conseils.

« Je me sentais comme eux quand j’étais entraîneur dans le midget, j’étais assis dans la même chaise à épier les gars de la LNH. Mais tu dois aussi oser aller poser des questions et certains sont venus le faire avec moi. C’est ce que je fais, ça fait 20 ans que je suis entraîneur et ça fait 20 ans que je pose des questions à tout le monde qui passe près de moi pour en apprendre davantage », a exposé Boucher en insistant sur ce message.

S’inspirer d’un mentor pour forger sa vision

L’entraîneur québécois l’a souvent mentionné, mais il a été privilégié de profiter de l’enseignement de « vieux sages » du domaine comme Jacques Lemaire, Jean Pronovost et Pat Quinn notamment. Ainsi, il se sent redevable envers la prochaine génération d’entraîneurs.   

« Oh oui, parce que j’ai eu tellement d’aide dans mon parcours et personne ne m’a dit non. C’est simplement que les gens sont gênés de faire les démarches. Aujourd’hui, je ne peux pas refuser d’aider les autres », a témoigné celui qui n’a pas hésité à s’expatrier en Suisse pour élargir ses connaissances.

Scotty BowmanÀ ce propos, la journée de jeudi a débuté par une allocution du vénérable Scotty Bowman qui a tenu un discours similaire. Pour lui, c’est essentiel que les entraîneurs se rapprochent d’un mentor pour apprendre les rudiments et les nuances du travail.

« Les entraîneurs doivent s’inspirer d’entraîneurs qui ont du succès et pas seulement au hockey. De plus, ils doivent beaucoup lire sur le sujet, j’ai consulté plusieurs livres axés sur les théories de notre profession. Ensuite, il faut se bâtir son identité et y demeurer fidèle », a résumé Bowman citant justement Boucher, Jon Cooper et Dave Hakstol parmi les entraîneurs émergents qui retiennent son attention.

Crawford, qui travaillera pour une sixième équipe dans la LNH après les Nordiques, l’Avalanche, les Canucks, les Kings et les Stars, était heureux de replonger dans ses souvenirs pour énumérer ses modèles.

« Ça débute avec mon père qui était un entraîneur si bien que ce n’était pas étonnant pour moi de parler de hockey en plein mois de juillet durant un BBQ. Ensuite, j’ai eu de très bons exemples comme Doug Carpenter qui m’a beaucoup appris sur l’éthique de travail. Je pense aussi à Ron Lapointe à mes débuts. Il m’expliquait les raisons derrière tout ce qu’il faisait. C’était très important et il a été excellent dans ce sens », a révélé l’homme de 55 ans.

Puisqu’il a évolué pour 15 équipes (selon les statistiques du site hockeydb), Nasreddine aurait pu énumérer plusieurs entraîneurs qui ont influencé son nouveau boulot. L’ancien défenseur a préféré se concentrer sur celui qui lui a ouvert les portes de la profession.

« Je suis chanceux, j’ai commencé en m’associant à John Hynes. J’ai presque tout appris de lui, c’est un entraîneur de carrière. Ça fait seulement six ans que je suis entraîneur donc j’en ai  beaucoup à apprendre », a humblement commenté Nasreddine qui a fait le saut derrière le banc tout de suite après la conclusion de sa carrière de joueur. 

Outre les noms énumérés d'entrée de jeu, on a pu croiser Bruce Boudreau, Dan Bylsma, Jean-Jacques Daigneault, Jeff Blashill, Éric Veilleux, Joël Bouchard, Mike Yeo, Dave Cameron, Benoit Groulx, Dan Lacroix et plusieurs autres.