Comme tous j’ai été choquée des images montrant la sévère mise en échec servie à Pacioretty. J’ai aussi été choquée, comme tous encore, du laxisme avec lequel la LNH a traité l’affaire. Invoquer la non-intention (j’espère bien qu’il n’avait pas l’intention de lui arracher la tête!) ne suffit pas à excuser le geste et encore moins à le banaliser. Qu’est-ce qu’il faut de plus pour enfin sévir comme il se doit et cesser de jouer à l’autruche?

Il y a deux semaines, Gennaro Gattuso de l’AC Milan a eu une altercation avec Joe Jordan, entraîneur adjoint de l’équipe anglaise de Tottenham en match aller de la ronde des 16 de la ligue des Champions. Il y a eu échange de mots et empoignade de la part de Gattuso pendant le match. Le pitbull du Milan ne s’est pas calmé en cours de rencontre, a ramassé un carton jaune, ce qui lui valait une suspension pour accumulation de carton pour le match suivant, et à la fin de la rencontre, il s’est à nouveau précipité sur l’entraîneur adjoint Jordan, ajoutant cette fois un coup de tête à l’engueulade. L’UEFA n’a pas été longue à annoncer la sanction : quatre matches supplémentaires de suspension. Jordan n’a pas été blessé, sauf peut-être dans son amour-propre, mais le geste a été condamné.

Chara a blessé sérieusement un joueur qui en gardera des séquelles pour un bon bout de temps. La sévère commotion subie peut lui occasionner des pertes de mémoire, d’équilibre, des nausées, des maux de tête pour une très longue période de temps. La vertèbre fracturée se ressoudera, mais il peut se compter chanceux que la moelle épinière n’ait pas été touchée. Il y a des conséquences au geste qui serait qualifié de voie de fait dans la rue, mais Chara s’en tire sans suspension ni amende, ce qui équivaut une tape dans le dos. Il y a un monde entre les quatre matchs de Gattuso et l’absolution de Chara. Vous me direz que dans un cas l’intention était nette et préméditée, et qu’il y a (peut-être) un facteur accidentel dans l’autre. Peu importe.

Avec un gabarit important viennent des responsabilités. On ne peut pas agir de la même façon si on est bâti comme un bœuf ou comme un chat. Chara a 7 pouces et soixante livres de plus que sa victime. Il doit connaître et surtout contrôler la portée de ses coups et de ses mises en échec. On n’est pas dans un combat extrême où le but est de démolir son adversaire!

Au rugby, sport costaud s’il en est un, il y a un certain code d’honneur et de respect entre les joueurs. L’équipement de protection est limité, voire minimal. Tous les joueurs le savent et vous ne verrez jamais un rugbyman en défoncer un autre sans retenue, avec une réelle possibilité de le blesser. Il y a peut-être des cas d’exception, mais dans la LNH, malheureusement, ça ne devient plus l’exception. Au football australien, il y a 18 joueurs de chaque équipe sur le terrain. Ça fait 36. C’est un sport rude, violent, extrêmement exigeant. Il y a parfois des bagarres…mais le jeu n’arrête pas pour autant. L’arbitre prend des notes cependant, et les joueurs impliqués auront immanquablement au moins un match de suspension après analyse de la commission de discipline. On ne se bat pas tant que ça au football australien… Il y a derrière, une ligue qui ne cautionne pas les bagarres et la violence, malgré que ce sport soit l’un des plus rudes qui existent.

La LNH a entre les mains tout ce qu’il lui faut pour sévir et imposer sur la glace un jeu propre où les meilleurs ne seront pas les victimes immolées des brutes en mal de gloire. Il faut qu’elle cesse de cautionner les comportements comme celui de Chara en traitant ça comme une banale affaire courante. Il faut que les joueurs se responsabilisent sur la glace entre eux et envers les autres. Avec le gabarit viennent les responsabilités, malheureusement pas toujours le cerveau…