LAS VEGAS - Si les gouverneurs des 30 équipes de la LNH entérinent, mercredi, la liste des propositions soumises par leurs directeurs généraux, on pourra dire adieux aux tirs de barrage dès la saison prochaine. Ou presque…

Car dans un vote unanime, les directeurs généraux ont convenu de fusiller les tirs de barrage en adoptant le principe d’une prolongation à trois contre trois.

Selon le plan voté mardi, plan qui recevra sans l’ombre d’un doute l’aval des proprios mercredi, la LNH maintiendra à cinq minutes la période de prolongation qui sera toutefois disputée à trois contre trois du début à la fin.

Lors de leur réunion du printemps dernier à Boca Raton en Floride, les directeurs généraux jonglaient avec l’idée de prolonger de cinq à sept minutes la période supplémentaire, de la débuter à quatre contre quatre pour ensuite la ramener à trois contre trois. Mise à l’essai dans la Ligue américaine, cette façon de faire a donné bien des maux de tête parce que la durée des séquences à trois contre trois variait d’un match à l’autre. Pis encore, certaines prolongations se déroulaient exclusivement à quatre contre quatre, car aucun arrêt de jeu ne permettait de procéder à un tel changement.

«L’idée de base était simple : nous voulions diminuer le nombre de matchs qui se décident dans un simple concours d’habileté. La manière d’y arriver m’importait peu. Mais en commençant à trois contre trois dès le début de la prolongation, je suis convaincu que nous diminuerons de beaucoup le nombre de fusillades», a indiqué David Poile le directeur général des Predators de Nashville.

Bergevin satisfait

Parce que le jeu sera très ouvert et que la très grande majorité des poussées offensives se déroulera dans le cadre de surnombres – il y aura abondance de descentes à deux contre un – je crois que David Poile n’est pas allé assez loin dans son analyse. Car les séances de tirs de barrage ne seront pas en baisse, elles seront anéanties selon moi tant les gardiens, aussi bons soient-ils, ne pourront résister à autant d’occasions en or de marquer à leurs dépens. Une mauvaise nouvelle pour ceux et celles qui, comme moi, avaient développé un appétit pour les séances de tirs de barrage et le spectacle qu’elles offraient.

Ne comptez pas Marc Bergevin dans le camp de ceux qui s’ennuieront des tirs de barrage. Que non ! Le directeur général du Canadien ne cachait pas le moindrement sa satisfaction à sa sortie de la salle de réunion à l’hôtel Bellagio où s’est tenue la troisième et dernière réunion des d.-g. de la saison.

«J’ai toujours détesté les fusillades et je suis très heureux de voir qu’on va enfin revenir à un jeu d’équipe pour décider l’issue des matchs ou au moins à le faire plus souvent qu’avec des tirs de barrage», a mentionné Marc Bergevin.

Lorsque je lui ai fait remarquer qu’il y a plus d’échappées dans un match qu’il y a d’affrontements à trois contre trois dans une saison complète, et que les partisans se levaient d’un trait dans les amphithéâtres de la LNH tant les tirs de barrage étaient enlevants, le directeur général du Canadien n’a pas bronché.

«Je ne crois pas qu’il y ait quelque chose de plus spectaculaire que le jeu à trois contre trois. Avec toutes les occasions qui seront créées pendant ces cinq minutes, les partisans seront maintenant debout pour la durée de la prolongation», a-t-il répliqué.

En passant, si jamais une équipe écope une pénalité en prolongation, elle ne se retrouvera pas à deux patineurs contre les trois du club adverse. C’est le club adverse qui enverra un quatrième joueur sur la patinoire, voire un cinquième dans le cas d’une double supériorité numérique.

Et s’il n’y a pas de but marqué en prolongation? On aura recours aux tirs de barrage selon le principe qu’on connaît depuis quelques années.   

Bien qu’il soit du camp des Poile, Bergevin et Kenny Holland – le directeur général des Red Wings est le père de ce projet qu’il a proposé il y a plus de trois ans – Brad Treliving ne croit pas que la proposition qui devrait être acceptée mercredi annonce vraiment la disparition des tirs des barrages. Quand je lui ai demandé s’il miserait – on est à Vegas après tout – sur le fait qu’il y aura plus que 20 fusillades l’an prochain dans la LNH alors qu’il y en a eu 170 la saison dernière, le directeur général des Flames de Calgary s’est offert une petite réflexion.

«Il y aura plus de 20 fusillades, j’en suis convaincu. Car si je suis tout en faveur du trois contre trois et que je crois que cela offrira beaucoup d’occasions de marquer et du jeu spectaculaire à nos partisans, je suis tout aussi convaincu que nos entraîneurs sont rendus tellement fort techniquement qu’ils trouveront bien une façon de diminuer les risques d’accorder des buts gagnants aux adversaires. Si ta projection est 20 séances de tirs de barrage, je crois que mon pari sera payant en y allant au-dessus de cette projection», a conclu Treliving.

Appels des entraîneurs

En plus de voter sur les nouvelles prolongations, Geoff Molson et les 29 autres gouverneurs de la LNH devraient entériner deux procédures d’appel que les entraîneurs pourront dorénavant loger en cours de partie.

Les entraîneurs pourront contester un but marqué aux dépens de leur club lorsqu’ils croient que les juges de lignes ont omis de signaler un hors-jeu sur la séquence qui a mené au but. Des erreurs qui sont rares, mais qui sont malgré tout plus fréquentes en raison de la vitesse accrue remarquée au fil des dernières années. Le Canadien a d’ailleurs été victime d’un tel but en deuxième ronde des séries contre le Lightning de Tampa Bay.

Les entraîneurs pourront aussi contester un but s’ils considèrent que leur gardien a été victime d’une obstruction l’empêchant d’effectuer l’arrêt. Une telle séquence s’est d’ailleurs produite en finale de la coupe Stanley lorsque Ben Bishop a été victime d’un but sur un tir de la pointe alors que Marian Hossa, avec la lame de son bâton, a empêché le gardien du Lightning d’étendre sa jambière gauche pour effectuer l’arrêt.

«Ces deux exemples sont parfaits pour comprendre. Tous ceux qui ont revu le jeu controversé en finale ont convenu qu’il y avait obstruction. Les arbitres l’ont réalisé dès qu’ils ont vu la reprise, mais dans le cours normal du jeu ce n’était pas évident. Ils se sont réunis. Ils en ont parlé, mais ils ont maintenu leur décision. Si la règle est adoptée, les coachs pourront loger un appel avant la reprise du jeu dès l’an prochain», a expliqué Colin Campbell, vice-président aux opérations hockey.

Pour effectuer une demande d’appel, les entraîneurs-chefs devront toutefois s’assurer d’avoir un temps d’arrêt à leur disposition. S’ils l’ont réclamé plus tôt dans la partie, ils auront les mains liées. Si leur demande d’appel est rejetée, ils perdront le temps d’arrêt utilisé pour réclamer la révision.

À noter toutefois que si l’appel est accordé, le temps d’arrêt sera maintenu. Il pourra donc être utilisé normalement ou donner l’occasion à l’entraîneur-chef de réclamer une autre révision plus tard au cours de la partie.

Si la nouvelle procédure est adoptée, les coachs qui n’ont plus de temps d’arrêt à leur disposition seront secourus par les responsables des opérations hockey qui interviendront lors de la dernière minute de jeu en troisième période et aussi en prolongation s’ils relèvent une erreur dans le jugement des arbitres.

«Le cas Hossa-Bishop était clair. Mais nous avons présenté un total de 190 jeux controversés aux directeurs généraux. Tous ceux jeux ont été relevés au cours de la dernière saison pour différentes obstructions à l’endroit des gardiens. Sur le lot, il y a de nombreux jeux qui ont obtenu des votes égaux de la part des d.-g. comme quoi ce n’est pas toujours facile. Sur une demande d’appel logée par les coachs ou une révision que nous signalerons de Toronto, les arbitres pourront se rendre au banc des pénalités pour consulter des reprises sur un écran-témoin», a expliqué Campbell.

Les arbitres suivront la même procédure dans le cas d’un but marqué à la suite d’un hors-jeu non signalé par les juges de lignes.

Mais attention, si la séquence suivant un hors-jeu raté ne donne pas de but et que l’équipe victime de l’erreur reprend le contrôle de la rondelle et orchestre une sortie de zone, l’erreur du juge de lignes sera effacée dès que la rondelle sera retournée en zone neutre. Un but marqué sur la séquence suivante serait donc accordé puisqu’il ne serait pas directement le fruit de l’erreur commise par l’officiel.

«Il fallait tracer une ligne sur la durée de la portée de l’erreur et c’est la solution que nous avons adoptée», a conclu Colin Campbell.

Dernier point à l’ordre du jour quant aux changements proposés aux gouverneurs, les joueurs de centre devront déposer les premiers leur bâton sur la patinoire lorsqu’ils seront en zone défensive. La règle actuelle stipule que ce sont les centres des équipes en visite qui doivent déposer les premiers leur bâton sur la glace, peu importe l’endroit sur la patinoire où la mise en jeu sera disputée.