BUFFALO – Timothy Liljegren était un joueur attendu à Montréal l’hiver dernier, mais jamais il ne s’y est pointé le bout du nez. Pour l’énigmatique défenseur suédois, ce ne fut qu’une déception parmi tant d’autres au cours d’une saison qui devait pourtant être celle de la consécration.

Quelques mois avant la tenue du Championnat du monde de hockey junior, Liljegren était considéré par une majorité d’observateurs comme le deuxième plus bel espoir au monde en vue du repêchage 2017 de la Ligue nationale. Il y avait Nolan Patrick, puis il y avait lui.

Patrick a amorcé la saison sur la liste des blessés et il est rapidement devenu clair qu’il ne serait pas en mesure de guérir à temps pour joindre les rangs d’Équipe Canada. La patinoire du Centre Bell aurait donc pu être la tribune parfaite pour permettre à Liljegren d’accaparer l’attention et améliorer sa cote aux yeux des recruteurs.

C’était sans compter sur toutes les tuiles qui allaient tomber sur sa propre tête, à commencer par la mononucléose qui l’a fait tomber au neutre en septembre. Quand il a repris l’entraînement, un mois plus tard, l’entraîneur de la formation suédoise des moins de 20 ans, Tomas Monten, avait déjà donné sa place à quelqu’un d’autre.

« Je m’étais préparé à cette possibilité après avoir attrapé la mono, a dit Liljegren lors d’un récent passage à Buffalo pour participer au camp d’évaluation des meilleurs espoirs de la LNH. C’était difficile de prédire pendant combien de temps j’allais être malade. Je suis revenu plus tôt que prévu et ça m’a donné un peu d’espoir, mais je crois finalement que je suis revenu trop vite. Pendant un mois, je ne me sentais pas vraiment comme moi-même. Difficile de dire si j’aurais pu jouer. »

Comme un malheur n’arrive jamais seul, Liljegren a subi un autre pépin physique en février. Mais ce qui l’a vraiment empêché de jouer à son plein potentiel, affirme-t-il, ce sont les nombreux déménagements. Le prometteur défenseur a joué pour cinq équipes différentes lors de la dernière saison.

« Je ne pensais pas que j’avais le temps de glace dont j’avais besoin pour m’améliorer », répond-il quand on lui demande des explications.

Liljegren a joué 19 matchs avec la première équipe de Rögle, en ligue élite suédoise, en plus d’effectuer de brefs séjours avec les équipes des moins de 20 ans et de moins de 18 ans du club. Il a aussi été prêté à Timra, une équipe évoluant dans une ligue de calibre inférieur, et évolué pendant 17 matchs avec l’équipe nationale des moins de 18 ans.

« Je pense que ça m’a aidé à grandir en tant que personne, mais c’est évident que je veux jouer dans la même équipe et aussi au même niveau. Alors oui, parfois, ça a été frustrant... »

Liljegren est sous contrat avec Rögle pour une autre saison et c’est là qu’il entend jouer la saison prochaine. Un transfert transatlantique pour venir fourbir ses armes dans le circuit junior canadien ne l’intéresse pas.

« Le plan est de demeurer une année de plus en Suède, de m’y développer comme joueur et comme personne et ensuite, de tenter de faire ma place dans la LNH », dit-il avec ambition.

S’il est vraiment le défenseur qui faisait rêver les recruteurs il y a un an, l’objectif pourrait bien être réaliste. À l’instar de l’Albertain Cale Makar, un autre arrière admissible au repêchage de cette année, Liljegren est comparé à son compatriote Erik Karlsson. Son coup de patin et sa vision du jeu sont considérés comme ses plus beaux atouts.

« J’ai toujours été axé sur l’attaque. Ça s’explique peut-être par le fait que j’étais un attaquant quand j’ai commencé à jouer au hockey. J’ai toujours été un bon patineur et j’aime avoir la rondelle. Mon jeu comporte toutefois une grande part de risque et je crois que je peux gagner en maturité de ce côté-là. »

Il est difficile de prédire à quel point les déboires de LIljegren affecteront son rang de sélection vendredi soir à Chicago. La Centrale de recrutement de la LNH le place au sixième rang sur sa liste finale des meilleurs espoirs européens. Quelques publications spécialisées l’ont gardé dans leur top-10, mais d’autres l’ont relégué aussi loin que la fin de la première ronde. Pour l’heure, tout semble indiquer que Makar et le Finlandais Miro Heiskanen lui seront préférés par les équipes qui décideront d’opter pour un défenseur.

L’étrange saison de Timothy Liljegren cache peut-être d’autres vices qui inciteront les équipes du circuit Bettman à la prudence. Mais s’il ne devait s’agir que d’une erreur de parcours, le Suédois pourrait un jour être reconnu comme le vol du repêchage 2017.