MONTRÉAL - Lorsque Samuel Blais s'est présenté à son casier après la séance d'entraînement optionnelle des Blues de St. Louis, mardi midi, au Centre Bell, tous les journalistes québécois ont mis fin à leur mêlée de presse avec Brayden Schenn, pourtant un joueur vedette, pour se diriger vers l'attaquant de Montmagny. C'est ce qui arrive quand on est l'unique francophone d'une équipe et que l'on s'apprête à disputer un premier match dans l'enceinte sportive de ses rêves.

Exactement dix jours après avoir réussi son premier but en carrière dans un gain de 6-3 contre le Wild du Minnesota, Blais s'attendait à vivre d'autres instants inoubliables en affrontant le Canadien de Montréal en soirée. Une trentaine de membres de sa famille et amis, au minimum, occuperont un siège pour être les témoins du huitième match de sa jeune carrière dans la LNH.

« Toute ma famille va venir. Ce sera un moment dont je vais me souvenir toute ma vie et j'ai vraiment hâte. Je vais peut-être avoir de la difficulté à dormir cet après-midi, mais je vais avoir hâte de sauter sur la glace ce soir, a avoué Blais, » rappelé pour la deuxième fois de la saison le 23 novembre après avoir amassé 13 points avec le Rampage de San Antonio en 11 parties.

« Je suis venu quelques fois à l'époque d'Alex Kovalev et de Saku Koivu. Carey Price et Max Pacioretty sont des joueurs que j'ai toujours regardés quand j'étais jeune. Ce soir (pendant l'échauffement), je vais sûrement jeter un coup d'oeil vers Price et Pacioretty de l'autre côté de la ligne rouge. Ça va faire un peu bizarre parce que je les voyais toujours à la télé », reconnaît celui qui a été rebaptisé Sammy dans les cercles de la LNH.

En plus de réaliser un rêve, Blais viendra couronner plusieurs années d'efforts, incluant la saison dernière dans la Ligue américaine. Avec les Wolves de Chicago, l'ailier gauche de 21 ans a amassé 26 buts et 43 points en 75 matchs. Ce rendement lui a valu de se retrouver auprès de Vladimir Tarasenko et Paul Stastny au premier jour du camp d'entraînement.

« Il a mérité cette occasion à cause de son jeu avec notre équipe des ligues mineures l'an dernier, a affirmé l'entraîneur-chef Mike Yeo. Il n'était pas le mieux classé parmi notre liste d'espoirs, mais l'amélioration dans son jeu lui a procuré cette opportunité. Je suis allé le voir jouer pendant les séries éliminatoires et il était le meilleur joueur sur la patinoire. Il y a des aspects qu'il doit améliorer, mais il s'implique et il est prêt à faire les efforts. Il représente une belle histoire. »

Les Blues, un important défi pour les Canadiens

La persévérance de Blais avait commencé bien avant, au niveau midget AAA. Deux fois, il a été retranché par les Commandeurs de Lévis. Les Estacades de Trois-Rivières lui ont donné une chance, puis les Tigres de Victoriaville l'ont sélectionné en huitième ronde du repêchage de 2013. Un an plus tard, contre toute attente, les Blues ont annoncé son nom en sixième ronde de la séance de sélection à Philadelphie.

En sautant sur la glace mardi soir, Blais admet qu'il aura une pensée pour tous ceux qui ont cru en lui.

« C'est sûr que je vais penser aux Estacades, qui m'ont invité. Je vais penser à Jérôme Mésonéro, qui m'a repêché à Victoriaville et m'a donné ma première chance dans la LHJMQ. Les plus importants seront mes parents, mon frère, ma soeur, qui ont toujours été là pour moi dans les moments les plus sombres et ceux où ça allaient bien. Ce sera une belle soirée pour eux aussi. »

Une section coriace

Les Blues se sont présentés à Montréal au coeur de leur premier véritable creux de vague de la saison, avec un dossier de 1-3-1 à leur cinq dernières sorties. Cette mini-séquence d'insuccès les a fait glisser au troisième rang de la section Centrale, malgré leurs 17 victoires et 36 points en 27 matchs.

Pour illustrer la qualité de cette section, le Wild du Minnesota et les Blackhawks de Chicago s'y partageaient le cinquième échelon avec 29 points, le même nombre que le Canadien qui se classe troisième dans l'Atlantique avec plus de matchs de joués.

« Nous avons connu un assez bon départ lors des cinq ou six premiers matchs, et les équipes derrière nous ne jouaient pas aussi bien, a déclaré Schenn. Soudainement, elles ont ouvert l'interrupteur et, maintenant, nous bataillons avec Winnipeg, Nashville, Dallas, Minnesota et Chicago. Il y a tellement de bonnes formations au sein de notre section et c'est difficile de ne pas regarder le classement. Mais l'important, c'est de se préoccuper de notre équipe et de nos performances chaque soir. »

Selon Yeo, la présence d'autant de bonnes formations au sein de la section ne peut servir que de source de motivation.

« C'est difficile et chaque match nous vivons une montagne russe d'émotions. Il n'y a aucun doute. Par ailleurs, nous aimons dire que c'est une bonne chose car ça nous force à être bons. L'objectif premier demeure une qualification aux séries éliminatoires, et une fois que vous y accédez, vous voulez accomplir quelque chose. Pour y arriver, vous devez améliorer votre jeu dans son ensemble et jouer avec efficacité. Ce n'est pas une pression qui nous dérange. »